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| Tome 3 : Elinya | |
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Auteur | Message |
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Folkvnir Farfadet
Nombre de messages : 55 Age : 38 Date d'inscription : 26/04/2007
| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Sam 12 Mai - 13:08 | |
| Il dut s’y reprendre à deux fois pour arriver à se relever, et il marcha, puis, quand ses jambes le lui permirent, il accoura vers sa dragonne encore allongée de tout son long sur l’herbe fraîchement réchauffée par le soleil. « Saphira, ma belle, je suis là maintenant, c’est fini. S’il te plaît réponds-moi, je t’en supplie. Reviens à moi, je suis de retour et je ne t’abandonnerai plus jamais ». Il mêlait à sa voix une teinte de douloureuse supplique que lui conféraient les quelques larmes qui coulaient sur ses joues. L’attente d’une réponse ressemblait à de la pure torture. « Merci ma belle pour ce que tu as fait, si ça n’avait pas été le cas… » « Oui je sais je sais, qu’est-ce que tu deviendrais sans moi hein ? » Gourmanda-t-elle son Dragonnier, une immense joie rayonnant dans son cœur. Le jeune homme lui agrippa alors le cou, trop heureux de la retrouver. Après une ou deux minutes ou personne n’osait interrompre ces retrouvailles, il la lâcha et lui notifia : « Tu aurais pu quand même me répondre avant, j’avais l’air de quoi moi ! » « Oui mais ça n’aurait pas été si drôle aussi ! » Enfin il se retrouvait, et ils seraient ensemble à jamais, prêt à affronter les épreuves en une seule et même entité. - Bonjour Saphira, je suis contente que tu ailles bien. Nous devons avancer, une autre étape nous attend avant d’atteindre ce que nous recherchons, et nous devrions y aller le plus vite possible. - Oui tu as raison Arya, allons-y. Il grimpa sur le dos de sa dragonne, et ensemble ils allaient découvrir les autres surprises que leur réservait Korgan. Saphira dut pousser légèrement la hache au fin fond du parterre de dalles de pierre pour s’immiscer au cœur d’Orgaramir. Ils pénétrèrent tous les quatre dans un tunnel ayant pour seule lumière l’éclat que projetaient les yeux des Géants qui parsemaient leur chemin. Tous comme les lanternes naines en alerte, elles procuraient une ambiance verte, surnaturelle, conférant une perspective des plus surprenantes. Le bas du corps des Géants était bercé par les ténèbres, tandis que le haut montrait fièrement les contours gracieux et majestueux de leur visage et celui des alentours. Le groupe admirait encore et encore la superbe architecture de ce lieu hors du commun, lorsqu’une deuxième statue de taille humaine, la même que la précédente, portant elle aussi un petit écriteau, apparut à l’extrémité du chemin. Elle était postée devant une étrange structure circulaire en créneau. Ce devait être le fameux Puits dont parlait la légende de Korgan. Ils s’approchèrent donc du parchemin de pierre, tous leurs sens mis en alerte vu ce qui s’était passé la dernière fois. Quatre vers étaient ainsi inscrits dans la pierre : Toi Elu qui est parvenu jusqu’au Puits Le plus grand pouvoir devra être réuni Pour ouvrir la voie des anges meurtris Et recevoir enfin ce qui t’a été promis La fine équipe se dispersa et chacun observa avec un profond sentiment de respect et d’humilité le Puits à proprement parler, mais aussi ce qui l’entourait. Le sommet de cet iceberg, dont on ne pouvait voir le fond, même pour la vue si aiguisée de l’elfe, ressemblait au chapeau d’une tour d’une château : tout en créneaux, son diamètre mesurant cinquante mètres à vue d’œil. L’intérieur de ce gigantesque boyau menant au cœur sombre d’Orgaramir ne semblait pas moins majestueux : les contours, tous polis avec une minutie d’orfèvres, étaient constitués d’une pierre sombre, froide, comme les remparts de Galfni la Recluse. En fait tout comme elle, elle mettait en garde quiconque ne possédant pas le droit d’y pénétrer et de réclamer ce qu’elle protégeait qu’elle serait implacable quant au sort qu’elle leur réserverait. Aucune prise, aucune irrégularité n’apparaissait. Mais plus étranges encore, des dalles de marbre blanc figuraient ça et là sur la paroi lisse, et vu de haut – ce que Saphira faisait d’ailleurs – on aurait cru que ces pierres de prime abord assez saugrenue dans ce lieu constituaient une sorte de spirale d’ivoire qui plongeait jusqu’aux abysses de la montagne, lieu qu’ils devraient sûrement atteindre. La dragonne détourna promptement le regard, car cette vue avait un effet hypnotique sur l’esprit, attirant inlassablement sa future victime. La caverne qui portait en son sein le Puits possédait une architecture non moins démesurée. La lumière émise par les Géants dans le couloir reliant la grotte au Jardin n’éclairait que le bas de la structure, de telle sorte que nul ne pouvait connaître avec certitude la hauteur du plafond de la cavité. « Garjzla » Arya avait concentré une infime partie de son énergie dans sa paume gauche pour révéler aux quatre compagnons les contours probablement titanesques de cette fresque vivante. Cependant elle ne s’attendait pas à un tel choc. A peine avait-elle émis cette boule vive couleur vert émeraude qu’un énorme flash de lumière aveuglant emprisonna chacun des quatre compères dans un espace sans vie. Les rayons d’une puissance inouïe s’étaient imprimés sur leur rétine, criant de douleur, les mettant tous à terre. Arya diminua au strict minimum la puissance de cette lumière, et ils purent après une bonne minute d’adaptation contempler les contours voluptueux du reste de cette immense cavité qui auparavant restait plongée dans les ténèbres. La surprise fut si violente et étonnante que le nain mais aussi les trois autres émirent un petit cri strident d’ahurissement, vite amplifié par cette structure grandiose. Le plafond ressemblait à un dôme constitué d’une multitude de facettes réfléchissantes, tels des diamants d’une pureté incomparable accolés les uns aux autres. Ils étaient tous bouche bée devant ce chef d’œuvre. Chaque pierre paraissait orientée différemment de telle sorte qu’un faible rayon de lumière pénétrant dans la salle se retrouvait réfléchi dans toutes les directions, éclairant de ce fait les moindres recoins de la grotte. Eragon pensa qu’Orik, son ami qui l’avait sauvé des eaux du lac Kostha-Merná, aurait apprécié ce spectacle tout simplement magique. Dans les quatre points cardinaux de l’espace ainsi révélé, se dressait quatre sublimissimes statues. Chacune représentait une des races présentes en Alagaësia : celle au nord portait les traits d’un magnifique dragon, un peu moins volumineux que Saphira, sa croupe acculée au sol. Il se tenait telle la posture d’un chat, ses pattes avant bien tendues. Ses ailes étaient légèrement entrouvertes, et on pouvait constater encore une fois le grand art de cette sculpture. Les veinules qui sillonnaient habituellement la fine membrane des ailes d’un dragon consistaient en des traits fins de marbre blanc, tandis que le reste, d’une pierre sombre, voluptueuse, suintait la puissance qui coulait dans les veines de chaque congénère de cette espèce. Son regard, dur, ne cillant jamais, observait le centre du Puits avec fermeté. Il était l’un des Gardiens séculaires de ce lieu sacré. Celle à l’est était à l’effigie d’un homme grand, musculeux, le regard fier et droit. Il ceignait un fourreau dans lequel logeait une imposante flamberge sur sa hanche gauche – les statues étant toutes de la taille normale d’un membre vivant de l’espèce considérée. Sa paume correspondante épousait parfaitement le pommeau finement ornementé de l’épée, tandis que le bras droit adoptait une position avancée, la paume face en l’air, comme pour réclamer un dû aux nouveaux visiteurs. D’ailleurs les deux autres statues empruntaient la même position de ce bras, comme exigeant une offrande à la hauteur de leur mission qui était de veiller sur le repos de ce lieu secret. De l’autre côté du dragon se tenait l’elfe, un arc fin et un carquois empli de flèches accrochés à son dos, tandis qu’une dague légèrement recourbée reposait dans son fourreau au niveau elle aussi de sa hanche gauche. Son bras gauche portait deux doigts à ses lèvres, comme les elfes ont coutume de le faire lors des courtoisies introductives. Ce soudain semblant de douce chaleur faisait nettement contraste avec les yeux de fer de l’elfe, dont les contours du visage, aussi parfait que ceux d’Arya, durcissaient son regard, porté vers le centre du Puits. Enfin à la dernière extrémité figurait un nain dans toute sa splendeur : son visage était perdu dans une barbe épaisse, brouillonne, qui tombait jusqu’au niveau de sa taille ; il portait une épaisse cotte de maille qui lui couvrait tout ou presque son fort poitrail jusqu’à quasiment les genoux ; des bottines d’apparence rustique agrémentaient ses pieds menus. Sa main gauche supportait une hache à double lame de telle sorte que l’un des deux rasoirs semblait trancher la peau de pierre qui la supportait. L’autre, évidemment, se tenait droite comme celle de l’elfe et de l’homme, attendant elle aussi un don des visiteurs. Durant dix bonnes minutes, chacun passa d’une statue à l’autre, contemplant tous les moindres détails, complètement absorbé par ces formidables sculptures. Eragon se replaça alors près de l’entrée de la grotte, observant le Puits, le regard fuyant. Il fallait rallier le bas au plus vite, et d’après les dires d’Ordarik, cette seconde épreuve nécessiterait d’être logique. Avec l’aide de ses trois partenaires, ils devraient sans mal pouvoir ouvrir la voie et en finir avec cet endroit si peu accueillant. Les autres rejoignirent alors le Dragonnier, et pour faciliter la communication entre eux quatre, ils décidèrent d’un commun accord de parler par télépathie – chose qu’Ordarik avait appris durant son voyage au dos de Saphira, et qu’il appréciait grandement dorénavant. Eragon commença alors leur réflexion : « Bon maintenant que nous sommes parvenus jusqu’ici, il nous faut résoudre cette énigme pour aller jusqu’au cœur d’Orgaramir. Il y a tout autour du Puits quatre statues, une pour chacun d’entre nous. Avez-vous une idée de ce qu’elles demandent comme offrande, vu la position de leur main droite ? » « Il nous faut réfléchir sur le sens des mots de Korgan, Eragon, tu as vu qu’ils renfermaient le secret de la réussite lors de la dernière épreuve » répondit Arya. « Oui tu as raison Arya. Alors, on devra réunir le plus grand pouvoir pour accéder au Puits. Qui dit réunir dit union de forces différentes. Je pense que chacun ici aura son rôle à jouer, car sinon le grand pouvoir qu’un Dragonnier et son dragon partage aurait suffi je pense » ajouta Saphira. « En effet ma belle. Mais alors qu’est-on sensé déverser comme pouvoir ? Je ne crois pas que nous puissions accomplir des merveilles en terme de magie aux vues des réserves en énergie qu’ils nous restent… ». Eragon se releva alors, et se dirigea vers la statue humaine. Après une infime seconde d’hésitation, il posa sa main sur la paume ouverte de la pierre, espérant qu’il se passe quelque chose. En vain. « Quoi ? Il faut bien essayer quelque chose non ? » Répondit-il en voyant l’œil moqueur de sa dragonne. « Korgan était le nain fondateur de Tronjheim, et donc aussi instigateur de la paix entre les différentes factions naines. Etant donné que mon peuple a toujours gardé sa neutralité envers la caste des Dragonniers, j’imagine que je devrais être le premier à agir » interrompit Ordarik. « J’en étais arrivée à la même conclusion maître nain. D’ailleurs la position de la statue naine est assez révélatrice : elle est en face du dragon, tandis que l’elfe et l’humain supportent ses côtés, symbole de leur liaison particulière. Si vous le permettez Ordarik, j’aimerais étudier avec vous la statue qui vous est dédiée afin de trouver des indices quant à son fonctionnement ». « Mais volontiers dame Arya ». Les deux amis – combinaison assez étrange d’ailleurs – s’installèrent autour de leur sujet d’étude, laissant Eragon vaquer à ses…occupations. Il se sentait vexé du comportement de l’elfe. A cause de son initiative, assez puérile certes, elle l’avait écartée de leur réflexion. « N’en sois pas blessé petit homme, tu sais bien comment elle peut parfois se comporter quand l’issue de ses actes est d’une importance capitale. N’en tiens pas rigueur, et va les aider ». Avec un bougonnement en signe d’acquiescement, il se dirigea vers les deux autres afin lui aussi de déceler le moindre signe leur indiquant la marche à suivre. Il mit de côté ce petit intermède, et sembla dorénavant pleinement dévoué dans la recherche de la solution. Arya et Ordarik partageaient des bribes d’informations, mais il ne se laissait pas distraire par leurs élucubrations. Son regard se portait sur les trois statues humanoïdes à la fois, constatant leurs points communs mais surtout leurs discordances, celle du dragon étant nettement à part. Une sombre pensée vint effleurer alors son esprit, et il entra aussitôt en contact avec sa moitié, se dirigeant vers elle : « Qu’y a-t-il ma douce ? Pourquoi es-tu si triste ? » « Oh ce n’est rien Eragon, ne fais pas attention… Reste concentré car… » « Ne dis pas de sottises Saphira, tu passeras avant toute chose et tu le sais bien ! » Coupa-t-il. Il renchérit alors, se faisant plus doux, attentionné : « Raconte-moi, s’il te plaît… » « C’est que…C’était tellement dur de te voir combattre sans que je ne puisse intervenir ! J’ai cru…J’ai cru… » « Calme toi ma belle, je suis toujours là, à tes côtés, et ça ne changera jamais ». Il lui caressait de sa main droite sa joue gauche – gigantesque par rapport à la taille de la paume d’Eragon – la délivrant de toutes les craintes qu’elle avait pues contenir jusqu’alors. | |
| | | Folkvnir Farfadet
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| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Sam 12 Mai - 13:10 | |
| « Si seulement j’avais pu détruire ces maudites haches lorsqu’elles nous ont séparés, je… » « Les haches… Mais oui bien sûr ! Tu es géniale Saphira ! » Il lui sauta au cou pour la remercier de l’éclair de lucidité qui venait de traverser son esprit. La dragonne, quelque peu surprise, paraissait totalement abasourdie, d’autant plus que c’était elle qui avait provoqué cela sans le savoir ! Elle le pressa donc de lui révéler sa découverte, mais elle allait vite le découvrir à mesure que le Dragonnier accourait vers la statue naine pour vérifier sa thèse. - Alors vous n’avez toujours pas trouvé la solution à vous deux ? Ironisa Eragon envers l’elfe et le nain, non sans une note de moquerie et une petite pointe de vengeance. - Non en effet. Mais peut-être nous apporteras-tu tes lumières ? Renchérit alors Arya, quelque peu agacée par le ton qu’empruntait son ami. - Evidemment ! Il se plaça alors face à la statue, prêt à débuter sa grande démonstration. - Vous voyez la hache du nain, elle est identique à celles qu’on a pues voir lors de la première épreuve. Ce sont elles qui ont enclenché son mécanisme, et c’est cette hache qui va donc nous montrer la voie vers le Puits. Elle semble couper la main du nain. Autrement dit, elle lui fait verser du sang, symbole de son courage. Qu’est-ce qui pourrait justifier de notre « pureté » mieux que notre propre sang ? On doit juste en verser un peu, c’est-à-dire se « meurtrir » comme le disait Korgan, sur les mains des statues, et un mécanisme apparaîtra sûrement. Arya, après quelques brefs instants de réflexion, esquissa un sourire à l’encontre du jeune homme. - Voyons cela, et si tu as visé juste alors on pourra te féliciter pour ta logique, et ( elle baissa d’un ton pour que lui seul ne l’entende ) je te présenterais, peut-être, mes excuses pour t’avoir quelque peu laissé de côté tout à l’heure… Eragon n’eut pas le temps de répondre qu’elle s’éloignait déjà vers la statue de l’elfe, tandis qu’Ordarik faisait de même avec son congénère de pierre. Il se posta devant l’homme inerte, et ensemble ils entaillèrent leur paume droite, faisant reluire un liquide chaud sur leur peau, et collèrent l’un après l’autre, le nain en premier comme convenu, leur main sur celle de pierre pour y verser un peu de ce liquide. A travers ce don ils offraient chacun un peu d’eux-mêmes, les mettant tous à l’épreuve pour connaître enfin la vérité sur leur droit d’accès au cœur de la montagne. Quelques gouttes de sang gisaient maintenant sur la main de pierre de chacune des statues, et tous retenaient leur souffle en attendant la sentence de la roche. Une…deux…Cinq secondes s’écoulèrent sans qu’aucun son ne vint troubler ce moment solennel. Dix…La tension qui régnait sous la voûte de diamants atteignait alors son paroxysme. Et la roche absorba le sang. Un intense rayonnement troubla alors le sommeil éternel des trois statues de pierre. Leurs yeux s’illuminèrent d’une couleur correspondante aux offrandes, vert émeraude pour l’elfe, noisette clair pour l’humain et marron foncé pour le nain, débordant de vitalité et de pouvoir. Le cœur des trois acolytes battait à tout rompre, sentant l’issue de cette quête arriver à son terme. C’est alors que Saphira entra dans une transe que nul autre ne pouvait contrer, pas même Eragon, malgré les suppliques reflétant tout d’abord toute l’inquiétude puis la détresse qu’il ressentait face à son impuissance. Il savait que le processus était en marche et que rien ne pourrait maintenant l’ébranler, mais il se devait de tenter de la contacter. La dragonne s’approcha de sa statue, en prit la même posture et commença à émettre un cri clair, pur, émettant toute la tristesse, le désespoir, l’amour et bien d’autres sentiments encore qui sommeillaient en elle. Elle faisait vriller tous les sens de ses camarades, se mettant complètement à nue, tandis que les globes de lumière des autres sculptures rayonnaient de plus belle. Comme précédemment, le dôme la réfléchissait dans tous les sens de sorte que leurs yeux soient aussi inertes que leur ouïe. Après une longue minute qui ressemblait à de l’agonie pour le Dragonnier, quelques perles cristallines s’échappèrent des yeux saphir de la dragonne, s’écoulant sur la tête de son homologue de pierre. Comme pour les autres, ses yeux se mirent alors à briller d’un bleu saphir comme ceux de Saphira, et l’intensité lumineuse de la pièce chuta instantanément. Tous purent constater que les quatre Gardiens semblaient regorger d’une vie nouvelle, observant un unique et même point : le Puits. Soudain, un liquide doré coula sur les statues depuis les yeux lumineux, empruntant des petites rainures, totalement symétriques, qui parcouraient délicatement le corps pour rejoindre le niveau du sol. Eragon put constater alors qu’une très fine tranchée linéaire, identique aux petites rainures parsemant leur corps, reliait chacun des pieds des statues au centre du Puits. Le liquide doré se déversa lentement sur le sol qui s’égayait maintenant d’une lueur joyeuse. Au bout d’une minute, il atteint enfin le bord du Puits, et se déversa jusque dans les abysses de celui-ci. Le spectacle dura environ cinq bonnes minutes, durant lesquelles personne n’osait troubler cet instant si étrange et si extraordinaire. Puis le flot cessa, et les yeux de pierre reprirent leur immuable dureté. Le Puits se mit alors à se vriller, faisant trembler les parois de la grotte. Les pierres blanches qui parsemaient l’intérieur du Puits se mouvaient en direction du centre, révélant peu à peu un immense escalier en colimaçon d’un blanc immaculé incomparable. - la voie des anges, souffla Eragon. - Oui la voie des anges, aussi blancs que ces pierres. Encore une fois tu avais raison… Lui dit subrepticement Arya. - Et… ? Commença à s’impatienter, avec un petit sourire narquois, le jeune homme devant l’hésitation de l’elfe. Celle-ci lui renvoya un franc sourire tout en rejoignant avec grâce le sommet du passage qui était apparu. « Pfff, tu es vraiment une mauvaise joueuse ! » « Redis-le encore une troisième fois et je t’étripe sur place ! » « Encore faudrait-il que tu arrives à me toucher… » C’est dans cet état d’esprit assez léger que tous descendirent les marches géantes, Arya en tête et Saphira terminant la procession. Au bout de trente minutes de marche, durant lesquelles l’excitation de leur future découverte avait laissé place à une frustration grandissante, mêlée à un étourdissement maladif, Saphira leur ordonna de s’arrêter, au grand plaisir du nain qui devait quasiment sauter une à une les marches laiteuses à causes de leur gigantisme. « Une barrière magique nous empêche d’atteindre le fond du Puits. Je pense que nous tournons autour d’un escalier sans fin ». « J’en ai bien peur, oui » ajouta Arya. « Nous avons dû oublier de faire quelque chose pour terminer notre tâche. D’ailleurs cela semble logique. Nous avons enclenché le mécanisme qui a fait apparaître le début de la voie des anges. Il en faut donc sûrement un autre pour matérialiser sa fin ». Chacun se laissait divaguer dans les méandres de son esprit dans une recherche effrénée de la réponse tant convoitée. « Attendez, vous vous rappelez qu’Eragon a trouvé la solution de la première énigme grâce à la hache du nain de pierre ? » Interrompit Ordarik avec un sursaut d’enthousiasme. « Oui bien sûr. Et à quoi cela nous avance-t-il ? » Répondit le Dragonnier d’une voix très calme. « La posture du dragon de pierre a permis à Saphira d’activer sa statue comme nous avons pu le faire. Il reste donc sûrement à étudier les positions de l’elfe et de l’homme pour comprendre la marche à suivre afin de pénétrer au cœur du Puits. » « Vous avez raison Ordarik, et je crois que je commence à percevoir la solution à notre problème » glissa délicatement Arya dans l’esprit de ses compagnons de sorte que tous l’écoutent attentivement. Alors elle reprit son raisonnement : « L’elfe porte deux doigts à ses lèvres, signe de courtoisie mais aussi de profond respect entre les membres de ma race. L’humain quant à lui tient fermement le pommeau de son épée. Rappelez-vous qu’il nous faut avoir le cœur pur et maintenant l’esprit droit pour pénétrer dans la chambre de Korgan. En signe de respect à ce lieu sacré, nous devons je pense déposer toutes nos armes au pied du Puits et s’élancer dans l’inconnu totalement désarmés, à nus ». L’idée de l’elfe ne fut pas très populaire – la mine déconfite du nain en était la preuve vivante en songeant à remonter la voie – aucun n’aimait partit à l’aveuglette sans aucune arme sinon ses poings. Cependant ils n’avaient pas vraiment le choix, et ils décidèrent alors de remonter la spirale blanche pour y déposer une dernière offrande. Il ne leur fallut que cinq petites minutes pour recouvrer la surface, preuve sans faille qu’un sortilège agrémentait le terrible escalier. Avec un pincement au cœur, ils n’épargnèrent aucun semblant d’arme : épées avec leur fourreau, hache, dagues soigneusement cachées dans les bottines, arc et flèches munies de leur carquois mais aussi les gants de fer d’Ordarik qu’Eragon rêvait autrefois de porter lorsqu’un compagnon nain les lui avait montrés lors de son transit sur l’Az-Ragni. Seule Saphira ne versa aucun tribut, ce qu’elle n’hésita pas à signaler à son Dragonnier. « Tu vois moi j’ai déjà mes propres armes à ma naissance… » « Ah ah, vas-y moque toi bien. Mais moi au moins j’arrive à me faufiler un peu partout, tandis que toi… » « Je te rappelle que tu es désarmé maintenant, alors ne me tente pas ! » Elle lui chatouillait le bas de sa nuque du bout d’une de ses griffes lorsqu’il se retourna pour lui faire face, lui valant dans sa précipitation une petite écorchure. « Et mais ça fait mal tu sais ! » Lui dit-il d’un air râleur, tout en apportant sa paume gauche sur le lieu du délit. La dragonne s’approcha alors encore de son compagnon et le regarda de ses grands yeux bleus tel un chat battu pour se faire pardonner. Eragon tentait de ne pas plier, en vain. « C’est bon tu as gagné, arrête de me regarder comme ça ! » La gourmanda-t-il de sa voix désormais câline. Il se dirigea alors vers les dalles de marbre blanc comme l’avait déjà fait Arya et Ordarik, et sentit sa moitié lui lécher délicatement la minuscule plaie qu’elle venait de lui faire. Son cœur s’emballa dans une folle frénésie sous cette délicate attention. Leur relation mûrissait à chaque seconde écoulée. Tous se mirent alors en route pour atteindre les profondeurs d’Orgaramir et obtenir le don de Korgan. Durant dix minutes, ils foulèrent les marches de la voie des anges d’une allure assez pressée, une violente excitation mêlée à une appréhension toujours croissante à mesure qu’ils s’enfonçaient. Tout en dévalant les marches, Eragon leur fit part d’une nouvelle compréhension du message de Korgan : « Vous vous rappelez que pour ouvrir cette voie il nous fallait réunir le plus grand pouvoir ? On a versé chacun notre sang, à part Saphira bien sûr, ce qui a prouvé notre valeur. Mais pas seulement… » « Comment cela ? » Interrompit le nain. « Vous avez trouvé maître nain qu’il fallait activer la statue de votre homologue en premier, et sur cette observation judicieuse, j’ai entrevu la suite de la solution, en versant un peu de notre sang sur les mains, avec un peu d’aide, même si involontaire, de Saphira. Celle-ci alors comprit comment activer le dragon de pierre, ce qui a fait apparaître la voie des anges. Et c’est Arya qui perça à jour le mystère de la fin de l’escalier ». « Et… ? » S’impatienta le nain, qui savait déjà fort bien tout cela. « Et c’est en s’entraidant tous que l’on a pu passer avec brio cette épreuve. Non seulement nous étions unis de corps via notre sang, ou nos larmes pour Saphira, mais aussi d’esprit dans notre collaboration. Et c’est en cela que résidait le plus puissant des pouvoirs dont nous disposions » termina l’elfe, regardant avec une fierté et un respect immenses le Dragonnier. Sur ce ils continuèrent leur avancée, tous muets, plongés dans leur propre réflexion, et la spirale prit alors fin.
Dernière édition par le Sam 12 Mai - 13:13, édité 1 fois | |
| | | Folkvnir Farfadet
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| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Sam 12 Mai - 13:11 | |
| Le sol de cornaline qu’ils foulaient résonnait de leur pas assuré. Le tunnel dans lequel ils pénétraient semblait immensément long, très froid, sommeillant depuis des millénaires dans les ténèbres d’Orgaramir. La boule de lumière d’Arya suffisait à envelopper l’équipée d’un halo chatoyant les guidant jusqu’à la chambre secrète de Korgan. Tous appréhendaient le moment fatidique qui s’annonçait, la gorge serrée. Ils avancèrent précautionneusement dans le long boyau cylindrique jusqu’à ce qu’une porte noire, massive, arrête leur progression. Un marteau et ses douze étoiles l’entourant étaient gravés au centre de celle-ci, mais aussi tous les symboles à l’effigie des douze autres clans qui gravitaient autour du centre. Ils savaient qu’ils touchaient enfin au but, et tel un seul homme, ils emboîtèrent le pas pour frôler la dernière gardienne du trésor tant convoité. A ce doux contact, la pierre s’ébranla, et très doucement, les deux battants pivotèrent pour laisser passer les quatre compagnons. Le spectacle qui les attendait à l’intérieur s’annonçait sublime. La grotte dans laquelle ils pénétraient ne semblait pas très importante, peut-être le quart de celle contenant les quatre statues qui veillaient sur le Puits. Son dôme ne réfléchissait pas la lumière, mais il offrait une vue non moins spectaculaire. Il représentait un ciel crépusculaire, peut-être celui vu depuis Tronjheim, avec toutes les étoiles scintillant parmi cette masse gris bleu qui conférait à ce ciel artificiel cette petite touche d’éternité. En dessous de cette fresque grandiose se tenait l’objet de toutes les convoitises : sur un piédestal tout de marbre blanc, situé pile à la verticale de l’étoile la plus brillante, Aiedail, lévitait un cristal imposant, dans lequel reposait une magnifique épée à la lame bleue. « Wyrdfelh » pensa instantanément Eragon en l’apercevant, son cœur palpitant vigoureusement sous sa cage thoracique. Le cristal, d’une transparence inégalable, prenait la forme d’une fleur de lotus, dont les pétales, disposés avec une minutie des plus spectaculaires, s’entrecroisaient sur des étages de plus en plus haut jusqu’au sommet, pour y finalement laisser un orifice d’environ dix centimètres de diamètre dans lequel venait se logeait le pommeau de l’épée. Le bas de ce diamant, qui lévitait à quelques pouces de son socle, formait une tige fine, pointue, qui se développait en montant un peu en une quinzaine de pétales formant la base de ce chef d’œuvre. L’épée, qui était bel et bien Wyrdfelh, semblait identique qu’au combat entre les deux « versions » d’Eragon, à la différence près qu’elle illuminait la pièce d’une lumière bleue, comme la robe soyeuse de Saphira, diffusée par la surface polie du cristal. Sur le pylône le soutenant le liquide doré qu’avaient émis les quatre gardiens du Puits empruntait les rainures parsemant la pierre blanche, comme les veines de Saphira peuvent agrémenter la fine membrane de ses ailes. Il semblait mu par une tierce volonté, échappant à l’attraction de la gravité, jusqu’à se réunir au centre du sommet du piédestal en une sphère d’or gonflant au fur et à mesure que liquide venait l’alimenter. La boule enflait de plus en plus, jusqu’à ce que la pointe du cristal effleure sa surface. A ce moment précis, elle implosa sous formes de filaments gazeux, étincelles dorées qui tourbillonnèrent à une vitesse ahurissante autour du cristal dans tous les sens avec une traînée de poussières d’or. Certaines de ces comètes se rencontraient, créant des jeux de lumière époustouflants, tandis que d’autres éclataient d’elles-mêmes, faisant pleuvoir des petites particules dorées dans la zone centrale de la cavité. Aucun d’entre eux ne semblait pouvoir bouger, complètement pétrifié par le total émerveillement qui s’emparait de leur cœur. Les étoiles microscopiques augmentèrent leur cadence, accomplissant des figures de plus en plus complexes dans l’espace qui se faisait toujours plus restreint tandis qu’ils retenaient tous leur souffle. Puis dans un bouquet final, le cœur de la sphère, qui fondait à vue d’œil, se volatilisa en un bon millier de trajectoires dorées qui toutes se croisèrent entre le groupe et le cristal, donnant vie à leur point d’impact à une forme tout d’abord étrange, puis qui ressembla peu à peu à un visage nain, joyeux, comme éclairé à jamais par la vie artificielle qui l’animait. Ordarik devint livide en reconnaissant cette figure, pliant le genou en signe de révérence : Korgan, le fondateur de la capitale naine et l’instigateur de l’harmonie entre les clans se tenait devant lui. Ou du moins une image de lui. Dans un vrombissement sonore durant lequel la forme éthérée semblait aspirer tout l’air environnant, le maître des nains de jadis parla d’une voix grave, solennelle : Aujourd’hui le destin semble être une nouvelle fois indéfiniment tracé En vous tenant devant moi, représentants des peuples libres d’Alagaësia. Ce temple, érigé dans le plus grand secret, porte en son cœur l’objet convoité Pour assurer paix et prospérité à l’union des peuples qui s’ébranla. Dans leur grande clairvoyance, la sagacité des Anciens eut une nouvelle fois raison En dressant ce monument pour vous guider jusqu’à moi Et ainsi entendre cet avertissement qui renferme mon ultime mission : Soyez toujours sur vos gardes, et méfiez vous d’elle, l’impitoyable Elinya. Fin du chapitre. | |
| | | Kawaii * Dragon
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| | | | Folkvnir Farfadet
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| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Sam 12 Mai - 17:24 | |
| C'est vrai que j'y songe depuis un certain temps, car t'es pas la première à me le faire remarquer. Mais bon il faut que je finisse d'abord cette fic avant de commencer quoi que ce soit, je n'aime pas ne pas finir les choses que j'ai commencé, et puis à vrai dire j'ai encore plein d'autres idées bien sadiques en réserve... Folkvnir
PS: merci pour m'avoir accepté dans le groupe des écrivains | |
| | | Folkvnir Farfadet
Nombre de messages : 55 Age : 38 Date d'inscription : 26/04/2007
| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Dim 13 Mai - 13:51 | |
| Bon voilà le tout dernier chapitre écrit... Chapitre 11 : Tel est pris qui croyait prendre Murtagh était totalement paralysé devant une Undora plus maléfique que jamais. Elle savourait chaque instant avec délectation, ne sachant que trop bien l’angoisse qui s’insinuait en lui. - Alors comme cela on fourre son nez dans des affaires qui ne te regardent pas, sale Dragonnier. Tu es si pathétique que je me demande bien pourquoi il t’a choisi pour… - OUI POURQUOI ? Pourquoi a-t-il besoin de moi ? Allez-y soyez franche pour une fois, ça vous changera ! Lui cracha-t-il, un goût amer de haine dans la bouche. Celle-ci ne répondit que par un sourire narquois, l’air hautain devant le jeune homme. Alors elle projeta violemment son esprit dans le sien, totalement désordonné, embrumé par la peur qui le tenaillait. Elle n’eut donc aucun mal à s’infiltrer dans l’une des nombreuses fissures qui parsemaient de part en part ses barrières mentales, et s’appliqua avec fureur et ferveur à incendier les moindres fibres nerveuses de signaux de douleur, à la limite d’agonie. Le Dragonnier appelait à l’aide son dragon, en vain. Son contact avec lui paraissait pour l’instant interrompu. Il était seul. Alors qu’il souffrait comme un martyr, elle cessa d’un seul coup son entreprise hostile, momentanément distraite par un fait extérieur, assez important pour pouvoir la perturber, elle, la terrible et puissante Undora. Il n’en fallait pas plus pour Murtagh. Il s’élança à corps perdu dans une contre-attaque malgré son évidente faiblesse, mais sa détermination était telle qu’il parvint à briser les défenses de l’Ombre dans une seconde éphémère, mais bien suffisante pour assouvir une vengeance vieille de nombreux jours désormais. Durant cette poussière d’éternité, il s’appliqua à engranger le maximum d’informations sur celle qui le dégoûtait à en vomir, mais surtout comme il venait de le découvrir sur la précieuse nouvelle à propos du traître au rang des Vardens. Cependant il sentait ses forces faiblir sous l’assaut de l’Ombre, il s’attacha donc dans un dernier effort à lui causer le plus de souffrances : il frappa de toute son énergie son cœur, seul endroit où pourrait subsister peut-être une once d’humanité, sentiments reniés par la femme, et donc torturable à souhait. La surprise de l’attaque valut à Undora un cri de pure horreur, vrillant sous l’impact fulgurant de la douleur. Elle ne s’attendait pas à ce genre de coup bas, et allait reprendre le dessus lorsque Murtagh s’évanouit tellement l’effort avait dû être phénoménal, emportant aux pays des songes un sourire moqueur qui en disait long sur ce sentiment de petite victoire, la seule depuis des lustres. Elle le laissa donc là, affalé sur le sol marbré des appartements privés du roi, tandis qu’elle s’empourprait dans une colère noire. « J’arrive monseigneur » grimaça-t-elle. Galbatorix semblait enfin de retour à son château d’Urû’baen, mais pas comme Undora s’y attendait. Après dix minutes de marche forcée dans ce dédale de marches et de couloirs sans fin, elle avait enfin atteint la salle du trône dans laquelle siégeait le suzerain autoproclamé d’Alagaësia. Son souffle paraissait saccadé, son rythme cardiaque s’emballant sous l’effort, mais ce n’était en rien comparable avec la vue qui l’attendait : le roi, le maître tout puissant de cette contrée, ressemblait à un vieillard rabougri, ayant perdu sa vigueur et sa gloire d’antan. Il avait certainement dû consommer une quantité folle d’énergie, en dépit de sa condition physique. - MMM…Maître, comment vous sentez-vous ? La voix du disciple tremblait sous ce spectacle qu’elle pensait tout bonnement inimaginable. - J’ai découvert leur emplacement mais je n’ai pas pu y pénétrer. Cette vieille bique est aussi forte qu’elle me l’avait laissé croire. D’ailleurs il faudra récompenser notre loyal sujet comme il se doit très chère. - Evidemment, cela sera fait selon vos désirs. Mais je pense qu’il sera difficile de l’approcher pour le moment… - Oui je le sais bien ! Le ton haineux du roi fit trembler l’ombre pourtant si fière à l’accoutumée. Avec une hésitation dans la voix, elle reprit : - Mon roi, êtes-vous sûr que l’on pourra porter votre projet à terme ? Je veux dire que…On sentait une appréhension et une peur dans sa voix, sentiment insoupçonné chez cet être si vil, …que vous paraissez si … faible… - MOI, FAIBLE ?! COMMENT OSES-TU ? Il empoigna sa suppléante et la porta en l’air par sa magie, l’Ombre ne cherchant même pas à résister face à l’assaut du roi. Mais il relâcha soudainement la pression, apparemment sans qu’il ne le veuille vraiment. Avec une voix trahissant sa frustration, sa haine et sa colère envers les autres autant que pour lui-même, il déglutit sèchement : - Il faut accélérer la procédure, même si cela impose de plus grands risques. Je ne peux pas me permettre d’attendre trop longtemps, sinon cet Eragon va nous opposer trop de difficultés… - Oui maître, il sera fait selon vos désirs. Après une longue minute où nul son ne venait troubler ce silence malsain, elle ajouta alors : - Mon roi, je voudrais vous soumettre une idée qui pourrait grandement nous avantager. - Et bien vas-y, parle, je t’écoute ! … … … Pendant quatre jours, Undora assouvissait sa vengeance sur le jeune Dragonnier de toutes les manières qu’ils soient d’imaginer, toutes plus cruelles les unes que les autres. Elle commença par une séance d’un après-midi de coup de fouet, durant laquelle elle prenait grand plaisir à épouser la forme de la cicatrice de Zar’roc que portait Murtagh. Mais il gardait néanmoins toujours ce même sourire que lorsqu’il avait réussi à ébranler cette forteresse de malfaisance. Il ne bronchait plus, ce châtiment lui paraissait bien trop doux dorénavant. Elle s’extasia bien évidemment à lancer des esprits en furie dévorer l’âme des deux compères, exercice de plus en plus difficile à mesure que leur nombre augmentait à chaque séance. De plus en même temps que ces formes éthérées elle attaquait le jeune homme et son dragon là où ils ne s’y attendaient pas : tandis que les deux compagnons s’opposaient à l’assaut des diables elle s’amusait à leur envoyer des petites boules d’huile de Seithr qu’elle avait cachées malicieusement dans la salle du trône, ce qui avait pour effet de les déconcentrer et donc de les jeter en pâture aux esprits malins. Le lendemain elle fit de même, sauf que cette fois-ci elle bloquait par magie un ou plusieurs membres de ses deux « disciples », ou quand cela l’ennuyait leur lançait des sorts tous plus sournois les uns que les autres – en invoquant des myriades de boules de feu, ou bien les englobant d’une eau sombre cherchée dans les entrailles de la terre de sorte qu’ils aient la sensation de se noyer. Rien ne semblait satisfaire l’insatiable cruauté de l’Ombre. Le dernier de ces quatre jours, tandis qu’elle allait débuter avec un certain enthousiasme les festivités, Murtagh et Thorn décidèrent de passer à l’acte, comme prévu la veille. **Flashback** Les deux compères s’étaient étendus sur leur couche respective, aussi exténués que la veille, mais aussi que de la veille de la veille, et ainsi de suite. Undora avait été encore une fois sans pitié avec eux, surtout depuis qu’il avait réussi à la faire gémir un tant soit peu lors de sa petite escapade nocturne. Le jeune homme s’était mis torse nu, le dos à même le sol tellement il rougeoyait de douleur. Sa peau à cet endroit ressemblait ni plus ni moins à du cuir tellement elle avait dû être modelée avec ténacité par les mouvements délicats de son fouet « préféré ». Le contact avec le froid de la pierre calmait légèrement ses nombreuses meurtrissures, causées pour la plupart par Thorn lorsqu’il était contrôlé par des esprits diaboliques. « Thorn, il nous faut trouver qui est ce traître, et ainsi prévenir Eragon, je lui dois au moins bien ça ! » « Parce que tu crois qu’il se préoccupe de nous, lui ! » Rugit le dragon écarlate, la colère sourde qu’il avait accumulée durant la journée ne s’étant pas totalement évacuée. « Excuse-moi jeune maître, je… » « Non ce n’est rien Thorn, je comprends ce que tu ressens. Mais vois-tu c’est peut-être la dernière chose de bien que nous pourrons accomplir, car il se prépare quelque chose, je le sens ». « Comment cela ? » « Nos entraînements se sont largement intensifiés ces derniers jours. En fait depuis le retour du roi au château. Et je doute que ce ne soit qu’une coïncidence. Il faut trouver le moyen de briser les défenses de cette chienne d’Undora pendant une fraction de seconde de sorte que je trouve ce que je veux savoir ». Rien que le fait de songer à elle le dégoûtait, chaque nuit il rêvait de mettre fin à ses jours en la torturant de la manière la plus terrible qui soit – il la voyait bien d’ailleurs écartelée entre quatre chevaux la tirant dans des sens opposés, lui faisant tomber des gouttes d’huile de Seithr de ci de là sur son corps. « Mais ce faisant ne saura-t-elle pas que tu auras pris connaissance de ce secret ? » Une tension apparente dans sa voix caverneuse. « Oui tu as raison, mon cher ami » Il lui était reconnaissant d’être là avec lui, à se supporter mutuellement dans cet enfer quotidien. « Il faut trouver une parade pour servir de diversion afin qu’elle ne puisse se rendre compte de notre manoeuvre » reprit sereinement le Dragonnier, bien que serrant les dents en effleurant le textile pourtant soyeux recouvrant son lit. « Ah oui, et tu comptes t’y prendre comment ? On a déjà du mal à résister face à ses assauts, alors la piéger c’est carrément mission impossible ! D’autant plus qu’elle est sûrement méfiante depuis cette fameuse nuit… Non Murtagh ce n’est que folie, Eragon devra faire face à cette menace seul ! ». « Mais je ne peux pas l’abandonner Thorn ! C’est mon frère et…c’est la seule famille qu’il me reste » souffla-t-il dans un dernier chuchotement, expiant la tristesse qui s’emparait de son cœur. Le dragon capta cette sensation, déchirant sa logique entre sa raison et son cœur. « Très bien Shur’tugal, allons-y ! Alors comment s’y prendre… » « Et pourquoi pas dès le début lorsqu’elle nous assénera les multiples sorts qu’elle adore nous faire subir ? » « Non Murtagh, car elle sera alors totalement concentrée sur nous, elle décèlera la moindre tentative et nous arrêtera facilement » objecta le dragon écarlate. « Mais comment alors… ». Le jeune homme se creusait la tête dans tous les sens pour trouver une solution à son problème. Au moins cela avait l’avantage de passer en second plan toutes les douleurs qui criaient dans tous ses membres. « Il faut qu’elle soit occupée à autre chose donc. Hummm… Alors ce ne sera que lors de l’invocation » conclua-t-il. « J’allais justement te le signifier ! » ajouta alors Thorn, content d’avoir eu le même raisonnement que son partenaire. « Ce sera très délicat, et d’autant plus dangereux Murtagh. Il faudra faire face à Undora et à ses esprits qu’elle affectionne tant en même temps ». Des volutes de fumées noires s’échappaient des narines volumineuses du dragon en signe de son dégoût pour ses êtres diaboliques. « Oui et on pourrait tirer avantage de cette situation ! » enchaîna le jeune homme, son cœur s’emballant sur sa récente trouvaille, une joie malsaine dans la voix comparable à la vengeance qui palpitait dans ses veines. Le dragon commençait à voir où il voulait en venir, ce qui lui valut un claquement de mâchoire en signe de ce contentement mauvais. « Oui, les esprits vont vouloir t’attaquer en premier, comme d’habitude. Et bien nous allons les satisfaire amplement cette fois-ci… » **Fin du flashback** | |
| | | Folkvnir Farfadet
Nombre de messages : 55 Age : 38 Date d'inscription : 26/04/2007
| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Dim 13 Mai - 13:53 | |
| Undora entama les festivités avec cette fois-ci une magistrale déstabilisation sensorielle : elle satura tous leurs capteurs sensitifs de signaux douloureux, de sorte qu’ils soient tous deux désorientés à souhait. Aucun des deux partenaires ne pouvait placer un pied – ou patte – devant l’autre, s’écroulant à chaque mouvement. Leurs rétines explosaient devant une lumière aveuglante, tandis qu’un son de cor, bas et puissant résonnait dans leurs tympans. Une odeur âcre, pestilentielle s’infiltrait dans les moindres recoins de leurs parois nasales, leur faisant remonter de la bile dans la bouche. Il semblait brûler de l’intérieur. Undora s’attachait dorénavant à compléter ce tableau. Des boules de flammes fusaient de toute part, rejoignant la position des deux « élèves » avec célérité. Ils s’évertuaient, malgré la douleur affligeante qui les martyrisait, à invoquer un bouclier protecteur entre eux et les missiles flamboyants, bien que cela ne suffise pas toujours. Des brûlures clairsemaient de ci de là leurs corps lorsqu’ils réussirent enfin à lever cette malédiction, repoussant les assauts de l’Ombre. Elle ne répondit que par un petit pincement des lèvres mauvais, ne sachant que trop bien ce qui les attendait. Une nouvelle fois, la pièce s’assombrit soudainement, les yeux presque noirs d’Undora virant au rouge sang à mesure qu’elle invitât l’enfer à venir les rejoindre. « Pas encore, Murtagh » souffla le dragon en pressentant – ce qu’il fut ravi de pouvoir faire après leur toute dernière épreuve – l’impatience de son Dragonnier. « Encore quelques secondes… On y est presque, tiens toi prêt ! » Alors une bonne dizaine d’esprits émergèrent des abysses de la terre, tandis qu’Undora s’attachait à tenir en respect ces êtres abjects et à leur intimer l’ordre de harceler Murtagh. « Maintenant » crièrent de concert les deux comparses. Ils déversèrent alors leur magie dans une unique direction, dans une unique pensée, dans une unique voix en ancien langage: - Par mon pouvoir de Dragonnier, que notre apparence soit inversée et qu’ainsi la confusion domine ces esprits châtiés. Aussitôt un flux considérable d’énergie s’échappa de leurs corps, piégeant dans une immobilité totale celui des cibles de ce sort, c’est-à-dire ceux d’Undora et de Murtagh. Le Dragonnier croyait mourir sous l’atroce souffrance due à sa transformation : les cellules de sa peau semblaient bouillir à cause de leur mutation, un pigment noir s’affichant de plus en plus pour prendre la teinte sombre de la peau de l’Ombre. Il ne pouvait empêcher un cri atroce s’échapper, reflet de la douleur immense qui hurlait sur les plus infimes parcelles de sa peau mêlée au dégoût répugnant à l’idée de prendre l’apparence de celle à qui il vouait une haine sans nom. Undora semblait quant à elle totalement éberluée par leur initiative, à la fois admirative et paniquée par la situation. Elle ne paraissait que pouvoir subir sa mutation, empruntant peu à peu les traits de Murtagh. Les esprits quant à eux demeuraient totalement perdus, hésitant à attaquer l’un ou l’autre des deux parties. Alors les visages se crispèrent, et prirent enfin un air totalement figé : ils avaient réussi leur entreprise. Aussitôt les esprits malins s’acharnèrent sur Undora – avec l’apparence de Murtagh – hurlant de douleur dans un cri à glacer le sang face à l’attaque de ceux qui s’étaient retournés contre elle. Ils assaillirent sa partie la plus sensible : son cœur. Elle vacilla légèrement, posant un genou à terre, tandis que des épines fleurissaient de toute part dans cette contrée pourtant si protégée en temps normal. Le Dragonnier, dans un dernier effort, s’infiltra alors subrepticement dans cette zone de guerre intense, évitant parfois de justesse la trajectoire d’un esprit diabolique. Il ne fallait pas qu’ils comprennent le subterfuge ! C’est ainsi qu’il fouilla une fraction de seconde cette zone dont l’écorce était complètement dévastée, et obtint enfin l’information si ardemment désirée en pénétrant plus profondément, un sentiment de triomphe rayonnant dans tout son être, vite substitué par la surprise puis la colère qui l’envahissait. Le sceau qui ressemblait à un oiseau noir, déchirant l’espace de ses serres d’acier, appartenait à Jormundur, le chef en second des Vardens.
Soudain une autre présence se fit sentir dans ce tumulte désordonné, où se côtoyaient les esprits diaboliques, celui de Murtagh, ainsi que celui d’Undora qui tentait désespérément de reprendre le contrôle de son corps. En un instant, ce nouvel inconnu éjecta toute cette population agressive. Il détruisit en un seul et même coup les êtres provenant des abysses de la terre en les renvoyant pour un aller simple en enfer. Murtagh s’était pressé de recouvrer son enveloppe charnelle au plus vite, de peur que non seulement l’Ombre mais aussi cet étrange visiteur qui paraissait extrêmement puissant ne décelât sa présence. « Mais comment a-t-il fait pour les abattre tous en un unique sort, qui d’ailleurs était complètement incompréhensible ! » S’interrogea le jeune homme en même temps que son dragon, légèrement vexés par la semble-t-il facilité qu’il avait eue pour les éliminer. La réponse ne se fit pas attendre très longtemps : ils ne connaissaient qu’un seul être susceptible d’accomplir un tel exploit. Le roi se tenait au seuil de la lourde porte protégeant fièrement l’accès à la salle du trône, un sourire mauvais aux lèvres. Murtagh aurait donné cher pour avoir accès à ne serait-ce qu’une infime partie de ses pensées en cet instant. - Et bien, et bien, qu’avons-nous là ? Les petits, et fidèles – le roi avait accentué sur ce mot, une immense défiance envers les deux acolytes – compagnons ont joué des tours à leur précepte ! Moi qui vous en pensais incapables, il faut avouer que je suis assez agréablement surpris. Peut-être arriverons-nous à tirer quelque chose de ces têtes brûlées que vous êtes ! Il fit une pause pour mieux délecter cette scène qui semblait l’amuser grandement : Undora s’était, après son intervention, écroulée sur le sol nacré dans un petit choc sourd correspondant à son crâne effleurant cette surface glacée. Elle était totalement inconsciente, et avec un peu de chance pour les deux disciples serait-elle même morte ! D’ailleurs Murtagh ne tenait debout que parce que Zar’roc le soutenait de tout son poids, des gouttes de sueur parsemant tout son visage dues en partie par la mutation inverse qui faisait son office. Le dragon restait quant à lui impassible malgré l’éprouvante bataille qu’ils venaient semble-t-il de remporter haut la main. - Allez, la fête est finie, retournez à votre couche respective ! Leur intima le suzerain sans aucune possibilité de réplique. D’ailleurs les deux amis ne pouvaient qu’en être satisfaits, il n’auraient sûrement pas supporté une autre épreuve, et encore moins si cela avait été le roi en personne qui leur avait enseigné, ou plutôt infligé, la leçon. Le dragon s’apprêta à pousser sur ses pattes puissantes lorsqu’il arrêta le jeune Dragonnier : - Au fait mon cher ami, n’essaye même pas de retenter une petite escapade pour une quelconque raison comme la dernière fois. Tiens t’en pour averti : si par malheur je le découvrais, le châtiment que vous a réservé Undora serait une douce caresse comparé à ce que je vous préparerais. - Bien sûr monseigneur, il en sera selon vos ordres, répondit Murtagh, le teint livide. Apparemment le message du roi avait été totalement compris. Ils disparurent alors de la vue de Galbatorix, celui-ci se retournant alors vers son bras droit. - Ma foi le sort qu’ils t’ont finalement réservé fut très futé, bien qu’aussi dangereux pour eux. Quels inconscients ! Le roi balbutiait des paroles inaudibles pour lui-même en observant calmement le corps inerte de l’Ombre. Alors les phalanges de la main droite d’Undora tressaillirent, se pliant légèrement comme pour apprivoiser le sol dur et froid tout de marbre blanc. Elle n’était pas morte, juste un peu sonnée. Son esprit naviguait entre le monde réel et le pays des rêves siégeant dans son inconscient. Alors le roi dégaina son épée qui sommeillait tranquillement dans son fourreau, révélant ses traits fins qui resplendissaient à la lumière du soleil, alors à son plein zénith. Folkvnir émettait comme à son accoutumée une lueur blanchâtre mêlée audacieusement à des volutes noires, savant mélange qui s’était incrusté dans le fer de la lame elle-même. Son diamant noir, aussi implacable que les intentions du roi, semblait dégager une haine intense, attendant impatiemment que son détenteur exécute sa sentence. Alors d’un mouvement vif et précis, il porta le bout de sa lame sous la gorge d’une Undora qui avait à peine relevé le menton dans son grand état de faiblesse. Jamais elle n’était apparue si faible, à la merci de tout un chacun. Le roi se concentra sur sa tâche, et puisa dans le cristal de Folkvnir l’énergie qu’il s’apprêtait à transférer à Undora. Cet échange paraissait si effroyable que l’Ombre crut de prime abord que le roi allait la punir de la sentence suprême. Mais il n’en fut rien. Il puisait cette énergie avec un plaisir malsain, tandis que la bénéficiaire reprit peu à peu son aplomb naturel, et même plus, débordant dorénavant de vitalité. Il rompit alors ce flux. Ils se tenaient là, debout, au centre de l’immense salle du trône d’où le souverain dirigeait d’une main de fer son empire, là où il faisait germer les idées les plus folles pour les répandre par la suite dans ses contrées. Chacun se faisait face fixant sans interruption le regard noir de leur adversaire éphémère. Et après quelques instants d’immobilité totale, le vice et la sournoiserie qui emplissait l’air environnant furent aspirés par les deux complices, transformés en un sourire tiré, mauvais, jouissif.
Murtagh et Thorn s’étaient envolés en passant par le dôme ouvert de la salle, glissant dans le dédale de tours qui parsemaient le château du roi, en direction du repaire des dragons, où les attendait sûrement Shruikan. Cette perspective ne les enchantait guère, le dragon noir paraissant de moins en moins libre de ses mouvements et pensées depuis son retour de ses péripéties à Tarnag. Cependant ils ne pouvaient freiner un sentiment de tristesse en songeant au calvaire qu’il devait supporter en restant aux côtés de cet usurpateur. Ainsi après deux bonnes minutes de vol, rare moment de complicité et de liberté dans ce monde oppressif, le jeune Dragonnier mit pied à terre dans la couche de son partenaire et s’apprêta à quitter cette immense partie du château. Il désirait ardemment discuter de leur nouvelle information avec son dragon, et aussi de la marche à suivre afin de prévenir son frère de cette menace, mais il préférait se savoir en « sécurité » dans ses appartements pour en parler. Il prit la poignée en forme d’anneau de fer dans la main droite et tira dessus pour faire apparaître un interstice dans lequel il pourrait se faufiler, lorsque l’immense dragon noir commença à s’agiter dans tous les sens, semblant livrer un combat. Comme la dernière fois qu’il l’avait vu ainsi, Thorn pensa qu’il tentait de se libérer de l’emprise du roi, et communiqua ce renseignement à son partenaire, stoppant nette son avancée. « Shruikan, est-ce que tout va bien ? » Balbutia prudemment le jeune homme, très méfiant vu ce contexte très particulier. « Tu y es presque, bats-toi encore un peu, tu vas y arriver » renchérit-il. Le dragon noir claqua alors violemment sa mâchoire devant un Murtagh qui devint blême sous le coup de la peur et de la surprise. Le grand prédateur s’immobilisa alors, paraissant éreinté par son dernier effort. « Je sens que je peux t’aider jeune Dragonnier, alors vas-y parle, nous avons peu de temps » souffla-t-il, l’haleine encore haletante. « Tu peux lui faire confiance mon ami, il semble être redevenu lui-même et peut peut-être nous aider à accomplir la tâche que tu tiens tant à accomplir » lui glissa son dragon à l’orée de son esprit. « Shruikan, je viens d’apprendre une nouvelle importante et très inquiétante qu’il faudrait communiquer aux Vardens. Jormundur, leur chef en second, est un traître à la botte du roi, et il faut que je prévienne mon frère, Eragon, de ce danger qui peut non seulement faire exploser cette confrérie à tout moment, mais aussi lui nuire ». « Oui je sais tout cela jeune maître, et je suis heureux que tu l’aies enfin appris. Cependant je ne connais pas la réponse à ta question ». « Mais vous avez peut-être une idée de comment atteindre mon frère ? » Lança le jeune homme plus sous la forme d’une supplique qu’autre chose, le désespoir envahissant toutes ses pensées. « Il faudrait pour ce faire que tu saches où Eragon décidera de se rendre, et y poser alors un message approprié qu’il verrait à coup sûr » dicta d’un ton monocorde, sombre, le dragon noir. « Oui en effet, mais cela ne nous avance pas à grand-chose ». Tout espoir semblait perdu, et il n’entendit presque pas la suggestion de son interlocuteur. « Que…Comment ? » « Je te proposais de m’infiltrer dans ta mémoire, tes pensées pour essayer d’y déceler des indices quant aux probables projets que pourrait entreprendre ton frère. Mais cela n’est pas sans risque : si le roi venait à l’apprendre, il aurait aussi accès à ce que j’aurais vu. A toi de choisir jeune maître, mais dépêche-toi, cet état de fait ne sera pas éternel ». Le jeune homme retournait la proposition dans tous les sens, parfois penchant pour une solution pour mieux balancer de l’autre. Son dragon et lui semblaient en pleine réflexion, car par le lien qu’ils partageaient ensemble Shruikan pourrait scruter l’ensemble de leurs connaissances à tous les deux. Cependant le dragon écarlate ressentait l’importance qu’avait cette « mission » pour son Dragonnier, et ainsi il supporta, contre toute attente, la proposition de Shruikan. | |
| | | Folkvnir Farfadet
Nombre de messages : 55 Age : 38 Date d'inscription : 26/04/2007
| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Dim 13 Mai - 13:54 | |
| « Si tu tiens vraiment à permettre à Eragon d’avoir une chance de sauver les siens, alors il faut le faire. Et d’ailleurs il n’est pas du tout certain que le roi ait accès à nos informations s’il ne vient pas à être au courant de cette « transaction ». Et je crois sincèrement que notre allié éphémère est sincère ». Cette dernière phrase avait achevé les derniers doutes qui subsistaient dans son esprit, et après une longue minute de réflexion il donna son accord pour cette intrusion forcée mais nécessaire. « Je risque de vous blesser un peu, car je n’ai pas beaucoup de temps pour accomplir ce que je m’apprête à faire. Êtes-vous toujours d’accord ? » Interrogea dans une dernière demande de confirmation le dragon noir. « Oui allez-y » répondirent en chœur les deux compères. Ils ouvrirent donc leur esprit pour que cet étranger puisse s’y faufiler, et ainsi connaître les moindres secrets qui reposaient en ce lieu si protégé d’habitude. Le dragon noir s’y projeta, et tentait de ne pas blesser les deux amis, ou du moins physiquement, car il savait très bien que violer leur intimité demeurait quelque chose assimilable à de l’outrage. Cependant Shruikan semblait n’observer que les morceaux de souvenirs à partir du moment où le jeune homme avait rencontré Eragon. D’ailleurs cela paraissait logique, il ne pourrait trouver un indice sur les futurs projets de son frère que dans cette partie de sa mémoire, et Murtagh lui en était reconnaissant. La rencontre avant la mort de Brom, le sauvetage de Gil’ead, les joutes et les longues discussions lors de leur voyage vers la capitale naine, la bataille de Farthen Dûr, puis sa capture et enfin tous les moments passés ici à Urû’baen. L’œil du dragon noir ne laissait échapper aucune bribe d’information, de sorte qu’en deux minutes seulement, il avait enfin accompli sa besogne ingrate, un air serein dans l’expression de son visage. « J’ai découvert une petite chose qui t’a peut-être parue insignifiante mais qui pourrait vous aider dans la quête que vous désirez tant accomplir, même si ce n’est que folie que de défier le roi ». « Oui allez-y, dites-nous, et nous en assumerons les conséquences » renchérit de suite le jeune homme, son cœur palpitant sauvagement à mesure que son excitation, mêlée à une anxiété due au fait de transgresser encore une fois les règles, augmentait à chaque seconde de cet interminable silence. « Eragon t’a parlé de l’éclosion de Saphira, sa dragonne, et des événements qui se sont déroulés à Carvahall et qui l’ont obligé à quitter son village comme un voleur ». « Oui je sais tout cela. Les Ra’zaks sont allés quérir des informations sur une éventuelle apparition d’une pierre bleue dans toutes les contrées du nord, ayant perdu l’œuf de la dragonne en capturant l’elfe Arya. Ils ont appris qu’un dénommé Eragon vivant chez son oncle Garrow en avait trouvée une. Ils ont alors tué son oncle en le brûlant à l’huile de Seithr, obligeant de ce fait Eragon à partir en hâte du village afin de rejoindre un certain Jeod il me semble ». Murtagh sentait la colère couler dans ses veines à mesure que le souvenir de ces êtres si vils, qui avaient tué Brom le Dragonnier se faisait plus persistant. « En effet jeune maître. Et penses-tu qu’Eragon voudra assouvir sa vengeance envers les Ra’zacs ? » Le jeune homme réfléchit alors à cette nouvelle interrogation, comme si un éclair de lucidité transperçait le voile opaque qui enveloppait son esprit et qui l’aveuglait. « Il est puissant dorénavant. Très puissant. Je pense que oui Shruikan ». Le dragon noir allait répondre quand soudain il reprit. « D’ailleurs je ne serais pas étonné que ces êtres abjects aient mis d’autres bâtons dans les roues d’Eragon. Après tout c’était leur mission de récupérer l’œuf de Saphira, puis de ramener la dragonne et son Dragonnier au château du roi ». « Nous sommes donc d’accord ». La mine de Murtagh s’assombrit alors en comprenant un nouveau volet de cette réflexion. « Mais il me faudrait connaître le repaire de ces maudits Ra’zacs pour que je puisse l’atteindre et espérer qu’Eragon s’y rende et trouve enfin mon message ! ». Le désespoir commençait à envahir le cœur du jeune homme, ne voyant aucune issue favorable à son épineux problème. « Jeune maître, je connais la position de leur repaire » glissa le dragon noir lentement à l’oreille du Dragonnier de sorte qu’il apprécie la profondeur de chacun des mots. « Elle se situe sur les hauteurs de Helgrind, près de… » « Dras-Leona ! » finit Murtagh, presque en criant. « Il me faut donc préparer mon message pour Eragon. Mais je dois l’inscrire sur quelque chose qui attire l’attention de mon frère pour qu’il le repère, sinon nous aurons pris tous ces risques pour rien. Hummmm… » Le jeune homme réfléchissait intensément. Comme depuis son retour des Plaines Brûlantes, il portait sa main à son cou, comme si la toucher lui conférait une sorte de clairvoyance extérieure. « Jeune maître, tu tiens là une chose rare et puissante. Je pense que cela ferait très bien office de support à ton message ». Le regard du Dragonnier se portait alternativement entre le dragon du roi et l’objet qu’il tenait fermement dans sa main droite. Cela semblait être quelque chose d’une grande valeur pour que Murtagh hésitât tant à s’en séparer. Seulement il ne voyait aucune autre alternative, et il dut bien se résoudre à l’utiliser pour mener à bien son plan. « Très bien, je l’utiliserai » répondit tout simplement le jeune homme, en faisant une petite moue, dernière marque de contestation. « Murtagh, comment allons-nous pouvoir rallier Helgrind avec cette vipère qui reste collée à nos basques ! » rugit Thorn en évoquant cette femme, origine de tous leurs maux ces derniers temps. « Mais oui pourquoi n’y ai-je pas pensé avant ! Et maintenant le roi est rentré, donc si on veut sortir d’ici il va nous falloir les duper tous les deux ! C’est carrément mission impossible ! » Le jeune homme appuyait frénétiquement sur le bas de son cou pour extérioriser un temps soit peu la colère qui foudroyait toutes ses pensées. « Shruikan, peux-tu nous venir en aide ? On ne peut pas aller à Dras-Leona sans l’accord du roi ! » Dit le Dragonnier quasiment en suppliant le dragon noir. « Je vais essayer de l’influencer, mais c’est encore plus dangereux que tout ce que nous avons pu faire jusqu’à présent. Il y a de grands risques qu’il repère ma tentative, et alors il ne mettra pas très longtemps à comprendre ma manœuvre. Vous pourrez donc dire au revoir à vos petits secrets. Mais si vous décidez malgré tout de tenter le coup, il faut que j’agisse maintenant. D’ailleurs le roi parlait récemment de problèmes à Dras-Leona avec son dirigeant, Marcus Tábor. Peut-être pourrais-je intervenir en ce point précis… ». « Très bien Shruikan, allez-y. De toute façon nous n’avons pas d’autres choix ». Le dragon noir allait diriger son esprit vers celui de son Dragonnier lorsque Murtagh l’interrompit : « Merci beaucoup. Je sais que nous vous demandons beaucoup, et que vous prenez énormément de risques, peut-être plus que nous. Je tenais sincèrement à vous en remercier ». Le dragon noir ne lança qu’un faible bougonnement rauque en signe de satisfaction, avant de se lancer dans son entreprise périlleuse. Le temps semblait se dilater indéfiniment tandis qu’un silence implacable régnait dans ce repaire pourtant assez bruyant en temps normal. Les deux amis n’osaient bouger un membre, la peur au ventre. Tout dépendait de ce moment présent, leur réussite éclatante comme leur échec retentissant. Cinq secondes s’écoulèrent, puis cinq autres, et encore une fois cinq. Et alors le dragon commença à s’agiter. « Murtagh, j’ai fait ce que j’ai pu et ça a peut-être marché, mais il veut reprendre mon contrôle, je ne pourrais pas lutter bien longtemps. Murtagh ! » Le dragon prenait une voix alarmante, très étrange de sa part. « Murtagh ! N’oublie pas ce que tu as vu la première fois dans l’esprit d’Undora. Sers t’en pour aider ton frère, car… » Sa voix se perdit en même temps que son corps s’immobilisa dans un bruit sourd. Aussitôt le jeune homme prit congé de son dragon écarlate, de peur d’éveiller les soupçons de Shruikan de part sa présence prolongée dans l’antre qu’il partageait avec Thorn. Il arpenta les longs couloirs et les escaliers escarpés à une allure forcée, impatient de se retrouver dans son « habitat » afin de débuter son travail sur le message pour Eragon. Il arriva enfin devant la porte de sa chambre qui dorénavant ne supportait plus le sort qu’Undora avait placé pour l’y cloîtrer, et pénétra dans un immense soulagement dans cette atmosphère si étrange et pourtant maintenant si familière, synonyme de calme et sérénité, même éphémères. Dans un mouvement vif il tira sur la petite chaîne qu’il portait au cou, la brisant, et libérant de ce fait l’objet auquel il tenait tant. « Thorn, que mettrais-tu comme message ? » « Tu n’as pas beaucoup de place pour inscrire tout un texte. Il faut y graver quelque mot de sorte que ton frère comprenne le message ». « Oui tu as raison. Alors…que penses-tu de « Jormundur est un traître » ? » « Mouais, pas mal… Moi je pencherais pour « Jormundur traître » tout simplement, Eragon sera assez malin pour comprendre ». « D’accord Thorn ». « Maintenant il va nous falloir penser à ce que l’on va faire à Dras-Leona, à supposer qu’on en ait la possibilité… » « Comment ça ? C’est simple pourtant ! On le dépose en haut des Portes Noires de sorte qu’il soit bien caché et en même temps que mon frère puisse le localiser assez facilement en ouvrant son esprit ». « Tu oublies un petit détail Murtagh ! Les Ra’zacs seront aussi sûrement là-bas, ainsi que leurs montures volantes, et tu penses bien que je ne passe pas très inaperçu ! » « Oui c’est vrai tu as raison. Ecoute on agira en temps voulu, on sera déjà assez chanceux si on arrive à duper ces deux ordures ! » « Très bien alors applique-toi bien car ce sera d’un enjeu crucial pour Eragon, et peut-être pour nous qui sait… » « Je ferai de mon mieux. Merci Thorn pour être à mes côtés ». Le dragon ne répondit pas mais c’était tout comme pour le jeune homme. Murtagh mit à peine cinq minutes pour achever son œuvre, s’allongea dans un léger souffle de contentement sur son lit et contempla son travail durant des heures, le tourna dans tous les sens entre les paumes de ses mains. Peu à peu son esprit s’enveloppa d’un voile de brume de plus en plus épais, jusqu’à le tirer dans le domaine des songes, pour un voyage très agité. « N’OUBLIE PAS CE QUE TU AS VU LA PREMIERE FOIS DANS L’ESPRIT D’UNDORA ! MUUUURTAGH ! » Le jeune Dragonnier se réveilla en sursaut, totalement en sueur. Son cœur battait la chamade sous le coup de ces récentes émotions, la voix de Shruikan résonnant encore dans sa tête. La dernière phrase du dragon noir ne l’avait pas marqué outre mesure lorsqu’il se trouvait dans le repaire des dragons. Alors pourquoi le hantait-elle avec tant de fureur dans ses rêves ? Il n’eut malheureusement pas le loisir d’y réfléchir plus de temps, trois petits coups réguliers ayant ébranlé la porte de ses appartements. La servante « personnelle » du roi, si on peut le dire ainsi, se tenait droite sur le seuil dans l’attente d’une permission d’entrer. Murtagh avait déjà rencontré Fatia lorsqu’il était revenu des Plaines Brûlantes. C’était elle qui avait apporté le fouet et la gourde d’huile de Seithr pour ne pas avoir ramené Eragon à son roi et ainsi anéantir le mince espoir des rebelles de devenir libres. Et cette fois-ci elle lui dicta un message urgent du suzerain : - Monseigneur, le roi Galbatorix vous fait mander immédiatement devant lui pour une audience de la plus haute importance. Veillez à être accompagné de votre dragon lors de votre entretien. Il vous attendra dans quinze minutes exactement. - Très bien, vous pouvez disposer, dit-il d’une voix neutre, dénuée de tout sentiment. Celle-ci ne se le fit pas dire deux fois, et tourna les talons à une vitesse hallucinante. En quelques secondes elle avait échappé au regard du jeune homme, ce qui l’amusa légèrement. « Elle doit avoir l’habitude avec Galbatorix, il vaut mieux qu’elle sache disparaître instantanément si elle veut rester en vie assez longtemps ici ! » se dit-il. | |
| | | Folkvnir Farfadet
Nombre de messages : 55 Age : 38 Date d'inscription : 26/04/2007
| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Dim 13 Mai - 13:55 | |
| Il prévint alors son dragon écarlate, s’affaira à paraître le plus présentable possible durant le court laps de temps qui lui était imparti, puis, Zar’roc reposant dans le fourreau accroché sur son flanc gauche, grimpa l’escalier en colimaçon qui lui donnait accès aux espaces vastes, à l’air libre, depuis lesquels ils pouvaient rallier bientôt la salle du trône. Il voyait l’heure tourner à mesure que ses pas frénétiques retentissaient sur le sol de marbre, et après cette course effrénée dans laquelle il avait usé par deux fois des passages inconnus de tous, peut-être même du roi, pour tenir coûte que coûte l’horaire imposé de leur entrevue. Il n’allait tout de même pas lui donner cette satisfaction s’il arrivait en retard ! Devant la gigantesque porte noire et blanche protégeant l’accès à la salle du trône il semblait hors d’haleine, mais surtout pétrifié par la gravité de cet instant. « Où es-tu Thorn ? » Réprimanda le jeune Dragonnier, mécontent du retard apparent de son dragon. « Mais derrière toi, tu aurais remarqué mon arrivée si tu n’étais pas si tendu ! » « Tendu ? Non mais rends-toi compte Thorn, derrière cette porte on saura enfin si notre plan a excellé ou lamentablement échoué. Si Shruikan n’est pas parvenu à le duper, alors je ne préfère même pas imaginer ce qu’il adviendra de nous ». « Alors n’y pense pas, restons droits et avançons fièrement vers le roi, la réponse ne viendra que bien assez rapidement » conclut le dragon d’une manière définitive ce petit débat. Dans un mouvement vigoureux, Murtagh lança ses bras en avant de manière à ébranler cette gardienne, laissant croître rapidement un interstice entre ses deux battants. Après un soufflement d’appréhension, le Dragonnier reprit son air impassible qu’il avait hérité de son père pour affronter son tyran. Il se tenait sur son trône, éclatant de par les nombreuses pierres précieuses qui étaient incrustées sur son siège, le regard froid et dur, peut-être un peu plus qu’à l’accoutumée. Le jeune homme pensa immédiatement que cela n’était pas de bon augure. A la droite du roi se tenait Undora, qui elle aussi arborait un air impassible de circonstance. A plus ou moins un mètre de leur suzerain, les deux compères s’arrêtèrent, attendant patiemment qu’il ouvre les festivités, ne laissant pas entrevoir la crispation qui s’emparait de leur cœur. Le roi se leva alors de son siège moelleux et déclara enfin : - Et bien vous voici enfin devant moi, j’ai bien cru un instant que vous oseriez me faire attendre. Les deux partenaires ne répondirent pas, préférant laisser continuer ce qui apparaissait plutôt comme un monologue qu’une discussion ouverte. - Vous ne devinerez jamais mais j’ai pris connaissance de certaines informations ces derniers temps… Murtagh semblait sentir son cœur saigner sous le coup de ces dernières paroles. Le roi avait compris leur manigance, et ils allaient le payer très cher. Il ne leur restait plus qu’à subir leur futur châtiment la tête haute. - Voyez-vous, Nasuada, dirigeant ces chiens de rebelles, projette en ce moment même de retourner les villes de mon royaume proches du Surda pour les rallier à sa cause. Les bourgades éloignées de Kuasta ou encore de Mélian ne sont pas très importantes à mes yeux, ainsi qu’ils aillent au diable ! Il fit une pause pour que sa colère s’imprègne bien dans ses deux serviteurs, mais en vain. Ils savaient dès à présent qu’ils avaient réussi. - Cependant la grande cité de Dras-Leona m’inquiète. Comme vous le savez, c’est le carrefour principal des marchandises de l’empire, c’est pourquoi je ne peux pas me permettre de la perdre. Et cette fripouille de Tábor est aisément influençable du moment qu’on fait carillonner assez d’or à ses oreilles. C’est pourquoi je vous ai convoqués pour que vous vous rendiez au cœur de ce problème. J’attends de vous de résoudre cette situation. C’est-à-dire obtenir la certitude que le « maire » se rappelle de ses anciens engagements envers moi et qu’il s’y tienne. La méthode m’importe peu, mais j’exige des résultats. Soyez créatifs ! - Utilisez par exemple ce que vous avez acquis ici depuis votre dernier échec, ajouta subrepticement Undora avec un ton acide. - Vous partirez d’ici une heure, compléta alors le roi. - Fatia ! Hurla le roi d’une voix qui glaçait le sang de la servante avant même qu’elle ne pénètre dans cette salle. - Oui mon roi ? Dit-elle d’une voix légèrement tremblotante. - Veuillez préparer le voyage du Dragonnier Murtagh vers Dras-Leona. Que tout soit prêt dans une heure. - Très bien, il sera fait selon vos ordres. Le roi la congédia d’un signe de main, et elle disparut comme elle l’avait fait avec Murtagh. - Très bien, vous avez vos directives, vous pouvez donc d’ors et déjà vous préparer. Cependant une dernière chose Shur’tugal : je ne souffrirai plus aucun échec de ta part, tiens t’en comme prévenu. Le menace du roi semblait faire pâlir la salle blanche tellement elle tonnait dans sa voix, mais aussi dans les esprits des destinataires. Le message était parfaitement clair, sans équivoque. Alors les deux amis, soulagés de sortir quelque peu victorieux de cette joute, firent demi-tour dignement, et calmement ils avancèrent vers la sortie, prêts à en découdre avec Marcus Tábor, mais surtout excités de partir à l’aventure sans avoir sur le dos quotidiennement ni Undora ni Galbatorix. Thorn se posta donc au niveau du jardin pavé de l’aile ouest, se faisant harnacher de temps en temps des sacs de provisions que Fatia s’évertuait à fournir avec la plus grande célérité. Murtagh quant à lui se rendit dans ses appartements afin de préparer, à l’aide de Malara, une autre servante, les effets personnels qu’il allait emporter pour leur future escapade. Evidemment il touchait avec insistance le bas de son cou, s’assurant presque maladivement à chaque seconde que cet objet si précieux l’accompagnerait bien. Durant une petite heure, il s’occupait des préparatifs, discutait avec son dragon du plaisir prochain qu’ils allaient partager prochainement, et bien d’autres choses qui encombraient son esprit en totale ébullition, sous le joug d’une excitation extraordinaire.
Pendant ce temps, une autre discussion battait son plein non loin de là…
- Quelle tristesse de voir ce petit Dragonnier se pavaner comme cela comme s’il avait terrassé un dragon à lui tout seul ! Quelle naïveté ! Undora se terrait dans un air de dégoût extrême, en même temps que dans une colère froide. - Le principal est que ton plan ait fonctionné à la perfection. Je dois dire que tu as fait preuve d’une ingéniosité telle que j’en fus très surpris, et plus encore lorsqu’il est devenu réalité. Je te félicite ma chère pour cette éclatante réussite ! Le roi, en observant la moue que se complaisait à faire l’Ombre, reprit alors, d’une voix plus calme, douce, comme pour reposer l’âme de son « amie » si l’on peut dire ainsi. Cependant ce mélange semblait étrange dans la voix caverneuse du souverain. - Allons Undora, mets pour une fois ton orgueil de côté. Tu sais bien que ceci était nécessaire pour la totale application de ce projet. Te faire battre par ces deux vaniteux a du être très éprouvant. Te laisser faire ainsi était d’un courage admirable, et tu en seras remerciée grandement. - Merci monseigneur, ajouta-t-elle d’une voix assez terne.
**Flashback** Quatre jours plus tôt, au même endroit…
- Et bien vas-y, je t’écoute ! - Juste avant de vous rejoindre je me trouvais à l’entrée de vos appartements privés, et à l’intérieur s’y était subrepticement glissé Murtagh. - QUOI !?! VA ME LE CHERCHER IMMEDIATEMENT !!!! - Monseigneur, j’ai quelques réticences sur ce que vous vous apprêtez à faire. Voyez-vous il existe un autre moyen d’assouvir votre vengeance. - … ? - Comme vous vous en doutez, il a découvert l’existence d’un traître au sein des Vardens, jouant le rôle d’espion. Je parie que, curieux comme il peut l’être, la connaissance de cette information est son vœu le plus cher en ce moment. - Undora il ne faut pas qu’il sache, s’il parvient à prévenir par on ne sait quel moyen son frère je perdrais un avantage certain, même si elle pourra rattraper la chose. - Et bien voyez-vous, je pense qu’il faut au contraire le lui dire, mais d’une manière que nous contrôlerions parfaitement. - C’est-à-dire ? Vas-tu enfin me dire le fin mot de tout ceci ? Le roi commençait à perdre patience à mesure que sa colère envers les deux compères croissait. - Si nous parvenons à lui faire croire qu’il obtienne de nous cette information, il voudras accourir auprès de son frère pour le prévenir, l’envoyant directement dans la gueule du loup, auprès de vos fidèles serviteurs que sont les Ra’zacs. Ils seront probablement ravis de devoir momentanément se priver pour assouvir leur soif de vengeance. - Hummm, je commence à voir où tu veux en venir. Cela me parait fort excellent. Cependant comment comptes-tu t’y prendre pour qu’il acquière cette information tout en pensant que nous ne l’avons pas remarqué ? - Et bien, Murtagh doit d’ors et déjà fomenté un petit complot afin de percer mes défenses et m’arracher ce petit aveu. La difficulté au sujet de ce transfert qui ne doit pas être perçu par la partie adverse est une subtilité qui ne leur sera probablement pas étrangère, à lui et à son dragon. Faisons donc confiance en leur ingéniosité pour croire briser mes défenses ! - C’est une très bonne idée en effet. J’imagine que tu comprends ce qu’il t’en coûtera. Tu devras te laisser faire souffrir physiquement mais aussi psychiquement, et jouer parfaitement la comédie malgré la très certaine envie de vengeance qui vibrera dans tes veines à ce moment-là. - Oui maître. Si vous permettez donc cette entreprise, je serais fière d’accomplir mon devoir envers vous, et ainsi démontrer une fois de plus ma loyauté. - Evidemment que je la permets ! - Alors tout cela est clair dorénavant. J’ai hâte que le moment soit venu de voir son apparente victoire briller dans ses petits yeux arrogants ! - Undora, que se passera-t-il par la suite ? - Comment cela ? - Et bien il lui faudra un moyen pour communiquer avec son frère, ce qui lui paraîtra sûrement insurmontable vu notre présence au château. Il faut trouver un moyen de l’envoyer à Dras-Leona. - Il y a Tábor monseigneur. Envoyez Murtagh et Thorn là-bas soit disant pour raffermir votre autorité sur ce chien galleux. Vous savez bien que les Vardens cherchent à apprivoiser les villes voisines de l’empire. - Oui c’est une idée. Mais ne sous-estimons pas nos adversaires. Ils comprendront notre manœuvre si on les expédie là-bas sans aucune « vraie » raison. Cela serait bien trop grossier et réduirait notre travail à néant. Il faut agir avec doigté et finesse, nos intentions doivent être cachées de leurs yeux aveuglés par cette croyance de « bonté » qu’ils pensent subsister en eux. - Monseigneur, je sais que vous n’appréciez pas d’en parler, mais il serait peut-être bon d’utiliser Shruikan… - QUOI ! Ah non, il est hors de question qu’il soit dans le coup, il leur déballerait toute la vérité s’il en avait l’occasion, bien trop content de pouvoir aider sans briser ses serments ! - Justement sire, pourquoi ne pas leur faire croire que Shruikan se serait momentanément libéré de votre emprise et ainsi qu’il leur donne un coup de main plus que bienvenu dans leur situation qui sera alors certainement désespérée. Le roi réfléchissait intensément à la proposition de l’Ombre, pesant le pour et le contre de ses arguments. - Très bien, il est clair que cela serait un coup de maître. Il n’aura qu’à lui dire où devraient se trouver les Ra’zacs, son frère Eragon devant mûrir de plus en plus sa haine envers eux depuis la mort de son oncle et l’enlèvement de sa future belle-sœur. Je verrai bien pour les détails au moment venu. Cela m’amusera beaucoup de jouer la comédie devant ces deux niais ! Il ne reste plus qu’à attendre que ce fichu Murtagh passe à l’action et alors nous vérifierons si notre plan était assez audacieux… - Comme vous le désirez monseigneur. - Encore merci Undora pour cette délicieuse discussion, tu seras récompensée à la hauteur de tes capacités lorsque le moment viendra… - Vous êtes trop bon mon roi. Alors Galbatorix congédia délicatement sa partenaire malfaisante, un sourire sournois et une lueur de démence dans les yeux complètement figés sur son visage.
***Fin du flashback**
- Je vois que tu n’es pas décidée à fêter notre victoire ! - Je ne pensais seulement pas qu’ils oseraient tenter un tel sort. Heureusement que j’ai pu très vite rétablir la situation et prendre le contrôle des esprits noirs afin qu’ils n’interviennent pas dans la recherche effrénée de Murtagh. Cependant je n’aurais pas pensé user d’une telle quantité d’énergie lors de cette épreuve. - N’en sois pas atteinte Undora, j’étais là pour couvrir nos arrières, et c’est tout ce qu’il compte. Les deux idiots paraissaient bien frêles après leur soi-disant exploit ! Et puis j’ai appris des choses que nous n’espérions pas obtenir. Ton idée a porté ses fruits au-delà de nos espérances ! - Comment cela ? Répondit-elle, maintenant piquée par cette curiosité nouvelle née. - Et bien lorsque je contrôlais l’esprit de Shruikan sans qu’ils ne s’en rendent compte, Murtagh m’a laissé fouiller le moindre de ses secrets depuis sa rencontre avec Eragon, mais aussi bien plus… J’ai donc appris beaucoup de choses intéressantes. Mais il me fallait être bref, le subterfuge se devait d’être plausible, car ce satané dragon voulait me résister. Il a bien failli à la fin. D’ailleurs j’ai eu l’impression qu’il a réussi à dire une phrase par lui-même finalement, mais je n’en suis pas très sûr, et cela n’a pas d’importance, vu la réaction de ces deux benêts ce matin lorsqu’ils ont cru que Shruikan était parvenu à m’influencer un peu ! - Oui tout a fonctionné selon vos plans monseigneur, il ne reste plus qu’à attendre que le poisson morde à l’hameçon. - C’est exact. Il éleva alors la voix, une vérité implacable semblant sortir de sa bouche : - J’ai frappé les clans nains dans un premier temps. C’est maintenant au tour des rebelles de vriller sous ma puissance, en détruisant leur confiance mutuelle en dévoilant le secret de Jormundur, mais surtout en abattant leur icône, ce petit Dragonnier de pacotille ! Je ne crains que cette chère Nasuada ne supportera pas cette nouvelle épreuve très longtemps, n’est-ce pas ? A nouveau ravie d’elle-même, elle acheva la discussion avec toute la folie et la cruauté qui transparaissaient dans sa voix : - Oui ce sera le coup fatal qui l’achèvera. Notre fille est bien trop faible pour nous résister…
Fin du chapitre. | |
| | | Folkvnir Farfadet
Nombre de messages : 55 Age : 38 Date d'inscription : 26/04/2007
| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Dim 13 Mai - 13:58 | |
| Bon voilà j'ai épuisé toutes mes réserves, dorénavant la suite viendra beaucoup moins rapidement, et j'espère que ça vous laissera le temps pour poster pleins de coms sur mon histoire qui je l'espère vous plais beaucoup, voire même plus qui sait... Folkvnir | |
| | | gegeli Farfadet
Nombre de messages : 43 Age : 34 LiTTERATURE : partout et nul part a la fois CiNEMA : sa peu toujours aller mieux mais on fait avec Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: aaaahhhhhhhhh Ven 18 Mai - 13:02 | |
| Mais c'est trop bien :cyclops: tout ce que tu fais est basé sur les 2 tomes précedent et le mystère est super bien cacher. Mais pourquoi t'as parlé de Murtagh je voulais savoir ce que les 4 aller faire de l'épée et tu fais durer le mystère, c'est pas bien, moi j'en peus plus d'attendre :tristounet: je vais pleurer .En plus si c'est pour savoir que murtagh ce fais berner mais fo pas faire des truc comme sa ouinnnnnnn. Sinon tu es tros fort ou forte en se qu'il s'agit de l'ecriture bravo sabuleux | |
| | | Folkvnir Farfadet
Nombre de messages : 55 Age : 38 Date d'inscription : 26/04/2007
| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Ven 18 Mai - 21:31 | |
| En ce qui me concerne ce sera trop fort et non forte...lol Merci pour ces gentils compliments, je travaille dur pour réaliser une fic de qualité, et suis très heureux lorsqu'en retour mes lecteurs me montre leurs pensées, bonnes ou mauvaises. ainsi pour te(vous) récompenser voilà la suite, qui est du côté d'Eragon cette fois-ci... Et j'attends bien évidemment vos coms là-dessus... Chapitre 12 : La croisée des chemins - QUI EST ELINYA ? Eragon criait à pleins poumons pour parvenir à se faire entendre, luttant contre le vent surnaturel qui s’évertuait à étouffer le moindre petit son qu’il émettait. - QUI EST ELINYA ? REPONDEZ KORGAN ! La figure dorée restait stoïque, et commençait à se désagréger petit à petit, les particules le composant s’échappant en de multiples tourbillons. Dans une dernière tentative de désespoir, le Dragonnier s’apprêtait à renouveler sa requête lorsqu’Arya lui prit le bras droit. - Il ne te répondra pas Eragon, ce n’est apparemment qu’une image du nain de jadis qui devait délivrer son message. Et la réponse à ta question ne faisait sûrement pas parti du texte qu’il s’était engagé à nous faire part. D’ailleurs il ne la connaissait peut-être pas. Eragon, la mine rabougrie, se résigna devant la logique implacable de son amie. Il avait semblé si absorbé par le message délivré par le nain irréel qu’il en avait oublié ce qui l’entourait, se concentrant uniquement sur cette dernière information qui l’effrayait. Qui pouvait bien être cette Elinya ? Comme s’il n’avait pas assez d’ennemis comme cela ! La simple idée, inéluctable, d’affronter Galbatorix lui glaçait le sang, alors la révélation qu’une autre figure se dresserait probablement sur son chemin déjà bien assez semé d’embûches à son goût empoisonnait son esprit, se muant en une colère sourde mêlée à une peur grandissante. - Eragon il faut que l’on sorte vite d’ici, les nains ont besoin de nous à Tronjheim ! Intervint Ordarik devant l’air pétrifié du jeune Dragonnier. « Arya, sais-tu quelque chose ? Un détail, le moindre petit indice ? » « Je suis désolée Eragon, je suis aussi surprise que toi. Il va nous falloir s’armer de patience avant de découvrir le visage de ce nouvel individu. Pour le moment il faut que tu te reprennes. Prends le cristal ainsi que l’épée. Ton épée, Eragon ! » Les dernières paroles le sortirent de sa rêverie et reprit contact avec la réalité. Devant lui se tenait le don de Korgan, ainsi que son épée, Wyrdfehl. Ainsi, luttant contre les vents violents qui semblaient stopper son avancée, Eragon posta une première jambe devant l’autre, puis dans un pénible effort la seconde, et ainsi de suite. Chaque nouveau pas exigeait de lui une énergie considérable. Les vents dorés, qui aveuglaient totalement la vue des quatre personnages, tourbillonnaient autour du piédestal et repoussaient le jeune homme qui tendait au maximum son bras, désirant à ce moment précis qu’il soit extensible à souhait. Quelques centimètres plus loin, franchis avec ardeur et douleur, le visage du jeune homme figurait des éraflures horizontales, faisant couler quelques lignes de sang sur ses pommettes qui prenaient la couleur du liquide chaud. Il voulait hurler, mais il fallait déverser tout son potentiel dans cette dernière tâche. Sa main droite était totalement raide, et après dix minutes de lutte effrénée, son majeur toucha délicatement le pommeau froid de Wyrdfehl qui dépassait de l’orifice du cristal. Instantanément les poussières dorées s’immobilisèrent, tombant à terre dans un ballet léger et fluide. Ce soudain arrêt propulsa le jeune homme vers le piédestal, lui qui imposait à son corps une marche en avant forcée. Il toucha alors l’épée bleue qui miroitait devant lui, et prit de sa main gauche le cristal de Korgan. Ainsi il enferma l’espace argenté de la gaine de la lame, et tira de toutes ses forces pour dégager ce sublime cadeau qu’il venait d’acquérir. Il se retourna vers ses amis, une fierté brillant ardemment dans ses yeux, la lame bleue dans sa main gauche et le cristal dans l’autre. - On a réussi mes amis ! Leur cria-t-il. Alors une douleur vive s’empara de la paume supportant sa nouvelle arme, de telle sorte qu’il lâcha malencontreusement le cristal de Korgan sous le coup de la colère. Le nain, la bouche grande ouverte sous le coup de la surprise, le teint blême devant ce spectacle d’horreur, plongea de toutes ses forces vers la position du Dragonnier, pour rattraper in extremis ce joyau qui leur permettrait d’apaiser tous les nains d’Alagaësia. Il s’était cogné férocement la tête sur le piédestal, mais sa joie quant à ce sauvetage héroïque supprimait toutes les vives revendications des zones meurtries de son crâne. Puis vint la peur. Eragon était plié en deux. Il s’était écroulé par terre sous le coup de l’insupportable douleur qui s’imprégnait dans sa paume droite, dans laquelle se logeait Wyrdfehl qui semblait ne pas en vouloir partir. Il aurait dit que le fer était en train de fusionner avec sa peau, cette intrusion flamboyant sa chair. Il sentait tous les détails du pommeau de cette épée, recelant tous les contours et symboles qui l’agrémentaient. Il paraissait à l’agonie, son bras étant dorénavant pris de convulsions. La dragonne n’arrivait pas à se contenir, mais elle fut arrêtée par l’elfe, car elle ne pouvait pas supprimer cette nouvelle menace sans blesser gravement le membre de son compagnon. Ils attendirent ainsi deux bonnes minutes qui parurent une éternité pour Saphira qui ressentait l’ignoble souffrance qui parcourait la main de sa moitié. Puis tout à coup elle s’atténua brutalement, s’annulant finalement lorsque l’épée bleue échappa enfin à l’étreinte involontaire d’Eragon. Le jeune homme haletait, il respirait difficilement, et avec une hésitation palpable, il tourna sa main pour voir les dégâts qu’avait causés cette maudite lame. Il aperçut alors de nouveaux traits qui parsemaient maintenant sa paume, lignes qui semblaient appartenir au pommeau de Wyrdfehl. Il referma légèrement sa main afin de simuler la prise d’une épée, et comprit alors que durant cette opération sa main s’était adaptée avec une parfaite précision aux contours gracieux de l’épée, comme si elle devenait dès à présent le prolongement naturel de son bras. Arya observait aussi cet étrange phénomène, et paraissait complètement stupéfaite par le travail de cette magie totalement inconnue. Elle se dirigea alors vers l’épée, et s’apprêta à la prendre lorsqu’Ordarik intervint, complètement estomaqué : - Attention Arya, ne la touchez pas, c’est une lame maudite ! - Je ne crois pas maître nain. Durant cette épreuve elle a reconnu et accepté Eragon en tant que maître incontestable. Elle se tourna alors vers le Dragonnier. - Prends-la Eragon, ceints-la avec fierté car elle sera l’une de tes meilleurs alliés dans les épreuves futures que tu devras affronter. L’elfe prit alors le fourreau qui reposait derrière le piédestal, y installa l’épée et l’offrit au Dragonnier, attendant patiemment qu’il daigne la prendre. Celui-ci hésita quelques instants, mais devant la confiance et la sérénité de son amie, il soutint finalement cette merveilleuse offrande, et tira la lame, sa lame, la faisant luire de toute sa puissance bleutée. Il la faisait tourner délicatement, totalement subjugué par les reliefs parfaits de sa nouvelle compagne. Elle valait bien Zar’roc, voire même sûrement beaucoup mieux. Au premier regard il avait aimé cette épée, il était donc très fier de pouvoir la ceindre sur son côté. « Bon ça y est tu as fini de l’observer sur toutes les coutures ? Monsieur accepterait-il que l’on puisse remonter enfin à la surface ? » Lui envoya Saphira pour le sortir de cet état de torpeur admirative. Il ne répondit pas, mais lança juste un regard mauvais à sa dragonne, vite oubliée par un nouveau phénomène. Depuis quelques secondes des grains de poussière tombaient ça et là dans la chambre secrète, et cela s’amplifiait à vue d’œil. Dorénavant c’était des petits cailloux mêlés à une atmosphère ocre, épaisse qui se déversait de plus en plus sur les quatre compères. - REMONTEZ !! VITE, LA GROTTE EST EN TRAIN DE S’EFFONDRER ! Hurla le jeune homme, toute l’angoisse qui l’assaillait résonnant dans la voix. Le nain n’avait pas attendu ce signal pour s’apercevoir du danger qui les menaçait, et s’aventurait déjà dans le long couloir qui reliait la grotte de Korgan au pied de la voie des anges. Chacun s’aventurait dès à présent dans cet infinissable cylindre, qui semblait s’écrouler sur lui-même au fur et à mesure que le temps s’écoulait. Eragon, Arya et Saphira ne voyaient quasiment plus rien, leurs yeux criant de douleur, les petites particules de roches s’accrochant à leurs yeux fragiles. Ils ne virent pas que le nain avait atteint les premières marches, mais s’aperçurent de la catastrophe qu’il encourait. Les marches blanches se mouvaient en réponse à l’affolement de la pierre alentours. Elles faisaient marche arrière, reprenant leur position initiale. Le nain ne savait plus quoi faire, il ne pourrait certainement pas atteindre le sommet du Puits avant que les dalles de marbre ne réhabilitent leur place d’antan. - ORDARIK ! REVENEZ, VOUS NE POURREZ PAS GRIMPER JUSQUE LÀ-HAUT, VOUS ALLEZ VOUS TUER ! Eragon criait pour que son ami l’entende, en vain. La chute des éboulis ainsi que le glissement des marches dans les contours du Puits semblaient étouffer le message d’alerte du Dragonnier. Chacun des trois ne pouvait tenter l’ascension, il n’y avait pas assez de temps, il fallait rebrousser chemin et se réfugier dans la petite grotte en espérant trouver un moyen d’échapper à une mort atroce et certaine. Cependant Eragon ne voulait pas abandonner son ami, il ordonna donc aux deux autres de rebrousser chemin, ce qu’elles firent malgré leurs vives contestations. Une poignée de secondes s’écoula, durant laquelle le jeune homme espérait qu’ils pussent tous s’en sortir, mais sa confiance fondait avec les marches qui raccourcissaient à vue d’œil. Puis il entendit un son étrange, leva la tête et aperçut une énorme masse se diriger vers lui. Au dernier moment il la reconnut comme étant le corps du nain, et le rattrapa de justesse sans se rompre le cou sous l’impact. Ordarik paraissait bien frêle, son rythme cardiaque s’emballant sous l’intense effort qu’il avait dû accomplir pour redescendre le plus de marches qu’il avait franchies auparavant. Sans attendre un moment de plus, Eragon le supporta de son mieux pour rejoindre leurs deux amis, toutes deux folles d’inquiétude en ne les revoyant pas revenir. Le Dragonnier dut à la fin rompre par magie les important blocs de pierre qui se dressaient désormais devant eux en créant un bouclier magique, chose difficile à établir aux vues des faibles réserves du jeune homme. Il se sentait faiblir de plus en plus, et dans un dernier effort ils se jetèrent vers leurs deux partenaires, évitant in extremis la lourde roche qui vint obstruer totalement le passage vers l’extérieur. Eragon semblait tétanisé, jamais ils n’auraient pensé arriver dans une telle position. Il regardait la pierre, pétrifié de peur, qui avait condamné la grotte de Korgan à devenir leur cercueil à tous. Ils étaient coincés. | |
| | | Folkvnir Farfadet
Nombre de messages : 55 Age : 38 Date d'inscription : 26/04/2007
| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Ven 18 Mai - 21:35 | |
| - Hum hum hum ! Le nain commençait à étouffer dans cette atmosphère lourde et opaque qui s’emplissait de cendres rocheuses tenaces. Eragon, lui, restait acculé au sol, complètement pétrifié par la sordide fin qui les attendait. Il restait là, le regard vide d’un sublime effroi planté dans l’amas de pierre qui venait de les couper de la sortie de ce cauchemar. - Garjzla ! Arya tentait de transpercer cet air oppressant de rayons de lumière afin de dénicher une voie d’urgence pour sortir de ce trou à rats. Seulement dès que la boule prenait forme dans sa paume elle fut complètement aspirée, explosant dans un retentissement sourd. L’elfe semblait totalement affolée. - Eragon, réveille-toi, il faut nous aider ! On ne peut pas utiliser la magie ici, je ne sais pas… Elle s’arrêta devant le visage toujours stoïque de son compagnon. - Si tu ne te bouges pas les fesses tout de suite je te promets que plus jamais je ne t’autoriserais à m’adresser la parole, un serment en ancien langage soit-il nécessaire ! La menace, aussi effrayante que la colère et la peur qui dominaient Arya, parvint enfin au cerveau du Dragonnier, et celui-ci reçut toutes les requêtes de sa dragonne, de plus en plus enflammée. « Allez lève-toi tête de mule, ce n’est pas le moment de flâner ! Si tu continues je… » « Toi aussi tu vas me menacer maintenant ? » Lui rétorqua-t-il sèchement, mettant fin aux rudes jérémiades de sa partenaire. Il n’arrivait pas à y croire. Ils pourraient tous mourir dans cette grotte inconnue de tous qui semblait devenir peu à peu leur caveau, et la seule chose qu’elle trouve intelligent de dire c’est cette menace ! Non il ne laisserait pas passer cela s’ils arrivaient à s’en sortir. Mais un nouveau phénomène le sortit de sa stupeur actuelle. Une lumière bleutée rayonnait doucement depuis le fourreau de son épée, pour devenir assez aveuglant, tout en émettant dès à présent un son strident à faire hurler leurs tympans. Elle semblait ordonner à son nouveau propriétaire de sortir de son étui pour dominer à elle seule la situation. Eragon empoigna alors son manche argenté, et à peine eut-il fourni le moindre effort à son bras que la lame maintenant vibrante d’énergie s’imposa dans son environnement. Le jeune homme la tenait fermement, mais Wyrdfehl prit une direction incontrôlable, pointant sans ciller un recoin de la grotte alors baignée dans une pluie de poussières. Sans comprendre alors vraiment pourquoi, Eragon suivit l’entreprise de sa nouvelle partenaire, et comme s’il tendait son bras comme un aveugle, il se dirigea vers la position qu’elle indiquait. Au passage il crut avoir poussé légèrement l’elfe qui avait dû se tenir sur sa trajectoire, mais il était tellement concentré sur cette tâche qui pouvait être vitale à tous qu’il ne s’en soucia guère. De toute façon même si cela avait été bel et bien réel cela ferait office de petite vengeance personnelle. Puis soudain il s’arrêta, car son épée maintenant miroitante d’un bleu le plus pur, telles les écailles de Saphira, illuminait cette sombre cavité comme le seul espoir qui vacillait dans le cœur du jeune homme, telle une bougie et sa flamme peureuse. Dorénavant il pouvait voir les reliefs du mur qu’il frôlait, et là il aperçut ce petit interstice qui lui avait totalement échappé auparavant. Un petit trou, de la taille exacte de la lame qu’il tenait fièrement, et qui s’était mue avec un semblant de volonté propre, lui faisait face. Ce ne pouvait être une coïncidence. Wyrdfehl l’avait guidé jusqu’ici pour une bonne raison. Alors, sans vraiment comprendre pourquoi, il accompagna son épée jusque dans cet orifice qui avala avec une perfection admirable l’épée lumineuse. Aussitôt la roche cessa de s’ébranler, provoquant un état d’immobilité ahurissante. Les poussières dorées qui s’étaient éparpillées après que Korgan eut délivré son message rayonnèrent de nouveau, s’élevant dans les airs afin de former un agrégat métallique enflant de plus en plus, jusqu’à reformer la sphère d’or liquide qu’ils avaient déjà vue auparavant. Lorsque la toute dernière poussière s’y fut incrustée, la boule fonça à toute vitesse vers la position du Dragonnier, qui l’évita de justesse à l’aide de ses sens aiguisés. La surface rocheuse prit ainsi une teinte jaunâtre, merveilleusement vive, puis par on ne sait quel moyen, devint peu à peu flasque, visqueuse, de telle manière que Wyrdfehl manqua de frapper le sol si Eragon ne l’avait pas rattrapée on ne sait comment, comme si sa main avait été attirée tel un aimant par la gaine argentée de son arme. Les autres s’approchèrent alors, observant avec méfiance ce nouveau maléfice, mais aussi cette épée qui leur paraissait de plus en plus étrange, comme possédant une propre logique dominant celle de son « maître », à croire que leur rôle était inversé. Sans attendre l’avis des autres, pas même celui de sa dragonne, Eragon se lança à corps perdu dans ce miroir de fines vagues, disparaissant de leur vue à tous. Arya accoura au bord de ce qui semblait être un passage. Mais tout le problème résidait dans la destination de cet étrange moyen de communication. Ne voyant pas revenir son ami, elle décida avec ses deux derniers compagnons de tenter l’expérience. De toute façon il valait mieux cela que rester coincés dans les tréfonds morbides d’Orgaramir. L’un après l’autre, cinq bonnes minutes après Eragon, ils franchirent enfin ce portail et pénétrèrent dans l’immense grotte en haut du Puits. L’autre bout du portail était en fait la statue du dragon, qui avait alors étendu ses ailes et levé ses pattes pour montrer son ventre fragile à tous, surface lisse remplissant maintenant parfaitement son office de portail. - Et bien je croyais que vous alliez vous terrer encore des heures en bas ! Proclama le jeune homme d’un ton acerbe, empli de reproches. L’elfe, ainsi que la dragonne, allaient répliquer lorsqu’il les prit de court. - Nous devons partir immédiatement, reprenez vos armes et hâtons-nous, nous n’avons que trop tarder. Pendant que vous dormiez dans les sous-sols de la montagne, j’ai pu constater les dégâts de l’ébranlement de la roche. Le passage des airs que nous avons pratiqué a été fermé. Apparemment un seul portail ne peut être activé en même temps. Alors… - Il va nous falloir engager la voie terrestre, et traverser l’antre des Ormars, finit le nain dans une voix basse, sonnant le glas de son espoir de survie. - Oui en effet Ordarik. Soyez prudents, et nous arriverons à gagner Galfni, et ainsi nous pourrons atteindre Farthen Dûr. Nous devons y arriver. Une détermination sans faille luisait dans les yeux du Dragonnier. Il semblait confiant, sûr de son entreprise, et cela rassurait en partie ses coéquipiers. Cependant il semblait avoir changé, et sa dragonne ainsi qu’Arya suspectait que Wyrdfehl n’était pas étrangère à cette soudaine prise d’autorité. Ainsi l’elfe ouvrit la bouche pour soumettre cette remarque au jeune homme, une certaine appréhension dans l’esprit. A juste titre. - Ne t’inquiète pas Arya, je ne vais pas comme tu me l’a fais remarquer t’adresser la parole plus que nécessaire. La réplique cinglante la frappa de plein fouet, et malgré les sentiments outrés de sa dragonne que ressentait à travers son lien avec elle, Eragon tourna les talons et entama la marche vers le fond du Jardin des Géants. Leurs fidèles lames et autres flèches à nouveau à leurs côtés, tous se frayèrent un chemin dans l’air glacial de la montagne, à l’image de l’ambiance qui régnait entre eux. Leur pas résonnaient sur les dalles de pierre du Jardin, annonçant subrepticement leur arrivée devant ce passage sinistre. Le nain, l’elfe et la dragonne observèrent du coin de l’œil la voie menant au repaire des Fanghurs, et constatèrent presque avec tristesse ce que leur avait annoncé Eragon, qui continuait sa marche, inflexible. Ils se postèrent donc devant le trou noir du passage terrestre, un vent morbide leur sifflant dans les oreilles. Le Dragonnier se tourna alors vers ses amis, et leur proclama un « Allons-y » un peu plus chaleureux qu’il y avait quelques minutes, bien qu’il ne fut pas très difficile de faire mieux. Malgré cela il glissa très fugacement un petit sourire amical à sa dragonne, chose qu’elle apprécia à sa juste valeur. Ils s’engouffrèrent donc dans les ténèbres qui leur tendait avec avidité ses bras malsains. L’atmosphère dans la caverne aux multiples chemins, tous plus tortueux et pervers que jamais, paraissait quasiment irrespirable. On sentait l’odeur de la mort, celle qui frappait sans prévenir avec férocité et cruauté. Dès leur entrée, Arya et le jeune homme ouvrirent leur esprit pour détecter la position des ours-tigres qui entraveraient leur progression, si ce n’est plus. Mais quelle ne fut pas leur surprise lorsqu’ils s’aperçurent que nulle trace visible de présence de ces animaux ne se dévoilait à leurs esprits pourtant si aiguisés. Arya en sembla très inquiète. De même pour Eragon. L’air grave qu’ils empruntaient n’échappa à personne et sans le vouloir, ils proclamèrent en chœur dans un chuchotement mental : « On ne peut les repérer ». L’air gêné par l’union de leur voix, il laissa continuer son amie. Elle le regarda un instant, légèrement reconnaissante, intérieurement contente qu’il daigne enfin lui adresser la parole, et courtoisement de surcroît. « Soit ils sont absents, ce que je…nous doutons fort – regard vers le Dragonnier en attente d’un hochement de confirmation qui ne tarda pas à venir – soit ils sont capables de nous empêcher de les percevoir, rendant encore plus périlleuse notre traversée ». « Alors nous devons être plus vigilants que jamais, s’ils nous tombent dessus, j’ai bien peur que l’on n’en réchappe pas cette fois-ci » renchérit le nain, la mine extrêmement soucieuse. Eragon emboîta le pas, se mouvant avec une extrême attention pour ne pas révéler à leurs ennemis potentiels leur position à travers ce dédale de corridors fins et longs, parsemés de pics les ralentissant grandement. Le passage devenait de plus en plus étroit, jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus que circuler qu’en file indienne. Cependant les ténèbres environnantes entravaient les sens du nain, parfois déconcentrant ses camarades par ses manœuvres souvent bien trop imprécises et abruptes. Arya, Ordarik et Saphira voguaient maintenant dans une immense grotte, parsemée de stalactites de toutes sortes, ne remarquant pas qu’Eragon s’était arrêté quelques mètres avant, en pleine réflexion sur une nouvelle information. Sur le mur en face de lui était gravé une peinture très étrange, difficile à percevoir dans ce noir si oppressant. Des monstres aberrants s’y affrontaient dans une cruauté sans pareille, déchirant leurs ennemis pris au piège, condamnés à une mort certaine. Eragon semblait complètement absorbé, envoûté par cette petite fresque qui semblait vivante, comme se déroulant sous ses yeux. Il s’attardait sur le recoin gauche qui contenait un élément assez étrange, une sorte de bâton aiguisé élevé dans les airs, lorsque… « ERAGON !!! » Ses trois amis s’étaient engagés dans un combat carnassier contre cinq redoutables Ormars, mesurant au moins trois bons mètres chacun. Les griffes pointues de leurs pattes épaisses s’entrechoquaient avec les armes des trois compères, des gouttes de sang pleuvant de tous côtés. Saphira avait alarmé son Dragonnier, la situation virant dangereusement au dramatique. Elle couvrait le nain qui avait subi une grave blessure à la cuisse gauche, le contraignant à battre en retraite, derrière Saphira qui se faisait attaquer de toute part. Eragon ne se contenait plus, et utilisait la magie qui coulait encore dans ses veines pour les faire fuir, car il ne savait que trop bien qu’ils ne pourraient pas les tuer tous. Cependant leurs ennemis semblaient trop intelligents pour être trompés par sa ruse, ce qui en détériora rapidement l’état du jeune homme. En quelques instants il sentit sa tête vaciller, son état seulement maintenu par sa dragonne, mais cela ne durerait pas éternellement. Saphira ne pourrait pas résister très longtemps malgré ses capacités gigantesques et la folie furieuse que dégageait l’elfe dans son combat. Alors, une nouvelle fois, un tintement sonore fit son apparition, en même temps qu’un halo bleu s’échappant du fourreau renfermant la lame du jeune homme. Eragon la prit encore une nouvelle fois, épousant avec une perfection extrême ce pommeau d’argent, son saphir côtoyant sa gedweÿ ignasia, et leva en l’air une Wyrdfehl qui maintenant aveuglait toute la population alentours. Dès son apparition le combat opposant ses deux amies avec les Ormars avait cessé, au plus grand soulagement d’Arya et Saphira qui vacillèrent sous les multiples blessures qui parsemaient leur corps. Soudain, plusieurs consciences inconnues entrèrent en contact avec celle du Dragonnier, lien plus qu’étrange. Il aurait dit que c’était Wyrdfehl qui lui permettait d’entendre ce message sans équivoque. « Maître, nous sommes à votre service ».
A SUIVRE...
Et maintenant bons coms... :D Folkvnir | |
| | | gegeli Farfadet
Nombre de messages : 43 Age : 34 LiTTERATURE : partout et nul part a la fois CiNEMA : sa peu toujours aller mieux mais on fait avec Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: reAAAAAHHHHH Sam 19 Mai - 0:28 | |
| je te dit merci d'avoir mis la suite des evenement pour eragon mais c trop court sa ce lis trop vite et je veux connaitre la suite c fabuleux tu es tout simplement génial (et non pas géniale)fo que tu mette la suite sinon je reve de pouvoir la lire. ipe ipe ipe HOURRA pour FOLKVNIR :lol!: | |
| | | Folkvnir Farfadet
Nombre de messages : 55 Age : 38 Date d'inscription : 26/04/2007
| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Sam 19 Mai - 18:37 | |
| Non non ce n'est pas la suite *hi hi ririe sadique* Je suis vraiment ému par cette vive acclamation, ça fait extrêmement plaisir de voir que mon travail peut plaire autant. Par contre là je n'ai plus aucune réserve , il va falloir attendre que j'écrive la suite ( mais avant tout que je l'imagine, même si j'ai le fil conducteur de tout ma fic je me laisse assez de libertés pour pouvoir implanter les trouvailles que j'imagine au fur et à mesure ), et vu que les exams c'est dans deux semaines, et bah je ne pense vraiment pas posté avant l'échéance du 1er juin, date de fin de mes exams. je pense donc que la suite devrait venir le week-end du 2et 3 juin. Sinon en spoil, on verra dans ce chapitre la suite de la conversation entre nasuada et angela qu'avait interrompue Vanir, au sujet des urgals... Alors qu'est-ce qu'il va se passer avec eux? Et puis pourquoi Vanir et Angela se détestent-ils? Folkvnir | |
| | | gegeli Farfadet
Nombre de messages : 43 Age : 34 LiTTERATURE : partout et nul part a la fois CiNEMA : sa peu toujours aller mieux mais on fait avec Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Sam 19 Mai - 21:38 | |
| et bien je te souhaite bonne chance pour tes exams. Vo mieux que tu reussisse tes exams plutot que ta fic | |
| | | Folkvnir Farfadet
Nombre de messages : 55 Age : 38 Date d'inscription : 26/04/2007
| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Dim 20 Mai - 0:42 | |
| Merci, mais j'espère réussir les deux tant qu'à faire! Lol. Mais bon je pense que je suis sur la bonne voie au moins pour la fic...:D | |
| | | Folkvnir Farfadet
Nombre de messages : 55 Age : 38 Date d'inscription : 26/04/2007
| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Jeu 24 Mai - 0:05 | |
| bon vu que je ne vais pas poster tout de suite ( pas avant la fin de la semaine prochaine, date de fin de mes exams ), je vais vous donner un petit spoiler sur la suite: Lors du voyage vers Helgrind, les deux cousins risquent d'être étonnés par ce qu'ils y trouveront... Sinon un petit détail qui n'a pas l'air de t'avoir choqué Gegeli: relis bien la dernière phrase sur le dernier chapitre avec Murtagh... | |
| | | gegeli Farfadet
Nombre de messages : 43 Age : 34 LiTTERATURE : partout et nul part a la fois CiNEMA : sa peu toujours aller mieux mais on fait avec Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Jeu 24 Mai - 20:06 | |
| oui j'avais remarqué si j'ai bien compris Masuada serait la fille de Galbatorix WAAAAAAAAAHOUUUUU quel nouvelle sa saute de rebondissement en rebondissement avec toi :lol!: et c'est t'en mieux | |
| | | gegeli Farfadet
Nombre de messages : 43 Age : 34 LiTTERATURE : partout et nul part a la fois CiNEMA : sa peu toujours aller mieux mais on fait avec Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Jeu 24 Mai - 20:08 | |
| sinon j'attend la fin de la semaine prochaine avec grande hate afin de pouvoir lire la suite de ton histoire car elle est vraiment trop bien faite | |
| | | Folkvnir Farfadet
Nombre de messages : 55 Age : 38 Date d'inscription : 26/04/2007
| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Ven 1 Juin - 19:35 | |
| ça y est j'ai fini mes exams!! Je vais donc pouvoir me remettre à l'écriture. La suite ne devrait donc pas beaucoup tarder... Folkvnir | |
| | | gegeli Farfadet
Nombre de messages : 43 Age : 34 LiTTERATURE : partout et nul part a la fois CiNEMA : sa peu toujours aller mieux mais on fait avec Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Ven 1 Juin - 19:37 | |
| alors va y j'attend la suite aussi bien sur ce forum que sur le GALSP | |
| | | Folkvnir Farfadet
Nombre de messages : 55 Age : 38 Date d'inscription : 26/04/2007
| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Sam 2 Juin - 22:29 | |
| Bon voilà un petit bout de la suite en avant-première, j'ai pas énormément avancé aujourd'hui... Bonne lecture
Eragon n’en revenait pas, cela semblait irréel. Avait-il bien entendu ce message ou était-ce son imagination qui lui avait joué des tours ? Non comment des bêtes aussi dangereuses pourraient être à ses ordres à lui. Cependant force était de constater que les Ormars ne bougeaient plus d’un pouce, fixant avec intensité le Dragonnier. L’immense grotte dans laquelle ils se tenaient tous s’emplissait de nouveaux arrivants, des nuées d’Ormars se postant dans toutes les directions apparentes. Wyrdfehl paraissait plus lumineuse que jamais. Eragon sentait un lien très étrange avec elle, et avait le sentiment qu’elle dirigeait la scène de toute sa hauteur. Au fur et à mesure du remplissage des alentours, la lame vibrait de plus en plus, le Dragonnier s’évertuant à la soutenir, à deux mains maintenant, tellement cette entreprise était délicate. Et à cette vibration un son mélodieux résonna dans la caverne, puis dans toutes les cavités creusées dans la montagne maudite. Elle était envoûtante, enivrante, et le jeune homme se laissait avec plaisir soustraire aux soucis actuels pour s’emporter dans cette douce rêverie. Il finit par lâcher prise, et contre toute attente son épée s’éleva encore plus, baignant les alentours d’une lumière bleue chaleureuse, émettant de plus belle ces notes hautes. Eragon permit à son esprit de vagabonder avec les ondes sonores, et la magie qui le transportait s’arrêta au moment où il s’aperçut avec effroi du nombre de leurs congénères qui furent attirer près de leur position, leur bloquant tout issue de secours. Un bon millier d’Ormars s’étaient réunis autour d’eux, tous acculés au sol, attendant patiemment la suite des événements. Une note alors bien plus haute fit souffrir les tympans des quatre compagnons, hurlant de douleur, soumis à une peur effroyable. Eragon avait la certitude maintenant que Wyrdfehl était la cause de cet attroupement, et que lorsqu’elle cessera de « chanter », le charme retenant ces ignobles bêtes s’interrompra et alors arrivera vite la fin. Il regarda cet objet maudit, et souhaita ne jamais l’avoir obtenu. Ordarik semblait avoir raison finalement, elle n’apporte que le mal autour de son porteur. Mais pourquoi reposait-elle ici ? Pourquoi Korgan l’avait-il insérée dans son cristal qui était supposé sauver les siens, mission qui devenait impossible avec elle ? Cela n’avait pas de sens. Et ce qui devait arriver arriva. L’épée s’arrêta soudainement de briller, tel un phare dans une nuit noire, et retomba lourdement au sol, apparemment sans aucune égratignure. Le jeune homme ferma les yeux, ne sachant que trop bien ce qui allait se passer dans les quelques instants à venir. Une…Deux…Cinq secondes s’écoulèrent, et toujours rien. Dix…Ils devaient sûrement s’extasier et les laissant sombrer dans la peur de leur mort certaine. Une minute s’écoula, et le Dragonnier ouvrit très lentement sa paupière droite. Il s’aperçut alors que plus qu’un seul Ormar ce tenait devant eux, observant avec une sorte de sourire, si on peut dire ainsi, le groupe des quatre. Il se remit alors sur ses pattes, et Eragon comprit qu’il devait s’agir du chef de la meute, constatant sa taille gigantesque d’au moins six ou sept mètres. Il s’arrêta juste devant lui. Le jeune homme pouvait sentir son haleine, qui contre toute attente semblait assez fraîche pour un tel animal. « Tu as bien entendu jeune maître, nous sommes à ton service, nouveau détenteur de Wyrdfehl. Il est tant que vous partiez, votre tâche n’est pas close ». « Que…Comment me connaissez-vous ? Et qui êtes vous ? » Il paraissait horrifié de pouvoir communiquer avec un tel être. « Ce que je suis importe peu. Seul ce que tu es compte. Sache seulement que nul autre que toi n’aurais pu nous sortir de notre torpeur millénaire. Maintenant va, la sortie est proche, devant toi ». « Attendez, com… » « Il suffit. Accepte ceci. Assem Ungorat ». Il ne comprit pas les dernières paroles de son interlocuteur, mais ne put prendre le temps d’y songer plus longtemps. Il sentait à travers les fibres de son corps un flux d’énergie l’emplir d’une force nouvelle. Il sut alors que l’Ormar partageait son pouvoir avec lui, finalisant le lien qui les unissait désormais. « Eniat Mane se valia » Le jeune homme ne sut comment il put prononcer ces paroles inconnues, mais cette surprise n’en fut que plus grande en observant le résultat : tandis que Wyrdfehl avait repris sa place dans sa paume droite, au contact de sa gedwey ignasia, une douce chaleur, rassurante, s’empara de ses trois amis, et en quelques secondes ils se relevèrent, toutes leurs blessures causées par les innombrables attaques des Ormars ayant disparues. Arya paraissait estomaqué, observant Eragon de ses yeux ébahis, jusqu’à s’apercevoir de la défaillance de son compagnon. Le sort avait consumé toute l’énergie qu’il avait obtenue de son nouvel ami, et ses jambes commençaient à vaciller sous son poids. L’elfe vint rapidement le soutenir, puis le transporta en hâte sur le dos de sa dragonne, revigorée par le puissant sort de son Dragonnier, mais toujours en alerte avec ces bêtes qu’elle n’apprécient que très peu, malgré l’aide qu’ils ont offerte à son partenaire. Arya s’appliqua donc à diriger le petit groupe vers la sortie, qui ne mit pas très longtemps à apparaître. Ordarik fermait la marche, la hache bien haute, prêt à agir si les Ormars retournaient leur veste et décidaient de les attaquer par surprise. Soudain ses yeux s’aveuglèrent légèrement. La lumière du crépuscule s’infiltrait doucement dans les replis de la caverne, au grand soulagement du nain. Ils avaient enfin vaincu Orgaramir.
A SUIVRE... | |
| | | Folkvnir Farfadet
Nombre de messages : 55 Age : 38 Date d'inscription : 26/04/2007
| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Lun 4 Juin - 22:00 | |
| Bon, pas de réponse, tant pis je poste quandmême la suite.
Saphira glissa son long cou à travers la fente de la sortie, ses pupilles se rétractant au contact de cette soudaine luminosité qui lui avait tant manqué. Elle était heureuse de pouvoir se mettre à l’abri de ce mont ô combien dangereux, mais surtout elle pouvait désormais prendre soin de son Dragonnier et le protéger, chose qu’elle n’avait pu faire lors du duel entre son partenaire et sa version future, mais aussi contre les Fanghurs ou bien dans la grotte des Ormars. Non, cette impuissance ne lui plaisait guère, et elle se promit intérieurement de ne plus laisser quiconque se dresser entre sa moitié et elle-même. Sa méfiance se porta donc naturellement sur cette épée, Wyrdfelh, qui paraissait si étrange. Son nom, « renouveau », pouvait porter bien des sens, bons mais surtout, comme le redoutait Saphira, mauvais. Le petit groupe traversa ainsi le profond sillon creusé aux abords d’Orgaramir, formant la queue du gigantesque Ormar que représentait la ville naine de Galfni. Ordarik, heureux d’être à l’air libre, conduisait la procession avec un léger sourire aux lèvres, observant tous les petits recoins de la montagne qu’ils avaient empruntés ou même aperçus lors de la recherche de l’entrée de la voie aérienne, comme par exemple le petit à-pic sur lequel se tenaient Eragon et Arya le matin même. Dans son regard marron luisait cette petite touche de triomphe qui l’enhardissait au plus haut point. Alors ils arrivèrent devant l’endroit où se tenait il y avait quelques heures de cela la tente qui leur servit d’abri la nuit précédente. Il constata donc avec une pointe de mécontentement qu’Ârgan avait fait le nécessaire pour effacer toute trace de leur passage dans sa cité. - Saleté de clan ! Je suis sûr que cet Ârgan a fait exprès de bien refermer l’accès à sa cité, il ne voulait pas que l’on puisse vaincre sa chère montagne et rapporter notre trésor, cela se voyait dans ses petits yeux sournois ! Ordarik enchaînait maintenant de nombreux jurons nains à l’encontre du Durgrimst Ormar, mais aussi envers tous les autres clans qui avaient provoqué ce cataclysme dans l’histoire des nains. Il frappait du pied la gigantesque porte noire, qui ne s’ébranlait pas d’un pouce, se tenant fière et droite, se moquant ainsi de ses tentatives vouées à l’échec. « Ordarik, attendez nous pouvons… » Saphira était intervenue afin d’apaiser son ami en lui proposant une solution qui paraissait évidente mais qui était apparemment aveuglé par la colère et le ressentiment qui l’animait. Cependant elle s’interrompit, coupée dans son élan par une inquiétude naissante vis-à-vis du comportement de l’elfe. Arya semblait plongée dans ses pensées, déconnectée du monde réel, ensevelie sous les tracas qui paraissaient la meurtrir. Ce n’est que lorsque ses jambes ne répondirent plus à ses ordres et qu’elle s’affala sur la pierre dure du chemin de la vallée que la dragonne prit le soin de s’occuper de son amie. « Arya, que se passe-t-il ? Ça ne va pas ? » L’elfe ne répondait pas aux douces questions de Saphira, ce qui angoissa d’autant plus cette dernière. Elle prit alors les devant et posta son énorme tête devant celle d’Arya avec une telle célérité qu’elle en sortit de sa torpeur, prise de panique en voyant cette masse fondre sur elle telle une comète bleutée. C’est ainsi qu’elle put au grand soulagement de la dragonne communiquer à nouveau avec elle. « Excuse-moi Saphira j’étais simplement…ailleurs ». « Apparemment bien plus loin ma chère, tu ne ressemblais plus qu’à un zombie avant que je sois obligée de te ramener avec nous. Qu’y a-t-il ? » La question était sans équivoque, Arya tremblait comme une feuille devant le regard quasi inquisiteur de sa camarade qui ne cessait de la fixer. Elle détourna alors le sien, observant la tête penchée les quelques cailloux à ses pieds. « Ce n’est rien, ne t’en fais pas. C’est juste le poids de devoir réussir coûte que coûte cette mission qui retombe maintenant. Mais je vais me reprendre, ne t’inquiète pas ». « Le poids de cette mission, bien sûr. Arya, regarde-moi ». Elle semblait tétanisée, complètement submergée et à la limite anéantie par ce qui la rongeait. « REGARDE-MOI ! » Le ton de la dragonne se fit plus sec, mais il fallait à tout prix qu’elle sorte son amie de cette impasse, fut-il nécessaire de la brusquer un peu. Sous cette soudaine requête, l’elfe n’eut d’autre choix que de redresser son visage en direction des iris d’un magnifique bleu azur qui la fixaient toujours aussi intensément. « Je sais très bien que tu essayes de m’embobiner, mais ça ne prend pas. Il y autre chose derrière tout ça, j’en suis certaine. Tu sais que tu peux avoir confiance en moi Arya, dis-moi ce qui te tracasse, ça te fera du bien ». « Je…je ne peux pas, je suis désolée Saphira. Pas maintenant ». « Très bien, comme tu veux. Mais cette discussion n’en est pas finie pour autant ». La dragonne perçut une once de gratitude dans le regard brillant de l’elfe. « Maintenant reprends-toi, nous allons devoir survoler la ville, et comme Eragon n’est pas en mesure de nous aider pour le moment, tu vas devoir être plus que vigilante, aux côtés d’Ordarik. T’en sens-tu capable ? » « Oui Saphira, allons-y ». L’elfe effaça d’un revers de manche très discret les quelques perles qui stagnaient aux coins de ses yeux, reprit son aplomb naturel et se redressa sur ses délicates jambes, le regard déterminé. Le nain ne comprenait plus rien. Il avait pesté pendant quelques minutes contre tous ceux qu’ils portaient comme responsable de cette situation désastreuse, et il vit alors Arya agenouillée à terre, le regard vide, puis la seconde d’après la revoilà avec son assurance quotidienne, un air impassible sur le visage, se rapprochant de lui avec toute la grâce qui la caractérisait. - Qu… ? - Ce n’est rien Ordarik, juste une petite crise de panique, je pense que cela est normal après toutes les épreuves que l’on a vécues ensemble. Mais nous devons aller de l’avant maintenant. On va passer par-dessus cette porte et atterrir sur le parvis du château d’Ormar, dans la ville, car Eragon a besoin de repos, ainsi que nous tous. Vu l’heure tardive, nous ne pouvons nous diriger dès à présent vers Farthen Dûr. Nous partirons demain, revigorés par un repos bien mérité, et Saphira n’en sera que plus vive et rapide, pleine d’entrain et d’énergie. - Mais si on survole Galfni, Ârgan va sûrement nous causer des problèmes, il avait bien spécifié à Saphira de contourner la ville lors de notre arrivée. - Oui mais cette fois-ci je crois être moins diplomate avec lui maître nain. Ordarik, assez surpris par les dernières paroles d’Arya, laissait apparaître un sourire dans sa barbe brouillonne. La perspective d’une confrontation entre sa partenaire et ce maudit frère de sang ne lui plaisait que bien trop pour contester cette décision. - Bon et bien quand partons-nous gente dame ? Interrogea-t-il. « Hum hum ! » - Euh désolé, mesdames ! Se rattrapa-t-il en observant l’air faussement offusqué de la dragonne. « Et bien tout de suite ! » Saphira attrapa le nain à l’aide de sa patte avant droite et l’envoya directement se loger derrière Arya qui s’était déjà installée sur la selle d’Oromis, maintenant fermement le corps frêle d’Eragon, qui naviguait alors dans les eaux tumultueuses de son subconscient. Le nain eut à peine le temps de se rendre compte de la manœuvre sournoise de la dragonne qu’elle appuya majestueusement sur ses pattes pour prendre son envol, coupant le souffle d’Ordarik qui pourtant désirait protester vivement contre l’indélicatesse de son alliée. Au lieu de suivre les murailles du contour de la cité, elle survola l’immense porte d’onyx pour bientôt faire apparaître son ombre dans les rues déjà sombres, illuminées par la faible clarté des lanternes rouges naines. Les quelques passants vagabondant ci et là en cette heure tardive s’aperçurent de leur présence, et aussitôt l’alarme fut donnée. Une lumière verte, très vive, rayonnait depuis ces lampes, comme à Tarnag lors de l’attaque de Galbatorix. Certains criaient, d’autres pleuraient, tous semblaient pétrifiés de peur. Aussi vite qu’elle le pût la dragonne atteint l’immense place cernée par les obélisques, dont les glyphes l’aveuglaient, la désorientant grandement. Ce ne fut que grâce à l’aide d’Arya qui, ayant ouvert son esprit pour étudier la trajectoire à emprunter, la guidait avec précision qu’ils purent atterrirent avec grande peine, en face du château d’Ormar. Une dizaine de secondes plus tard, le chef en second Ârgan avançait d’un pas rapide vers les nouveaux arrivants, apparemment de très mauvaise humeur, tendance confirmée par les troupes naines qui semblaient le suivre. Arya et Ordarik avaient tout juste eu le temps de toucher le sol nacré qu’il les agressa sans ménagement : - Non mais avez-vous perdu la raison ? Je vous avais prévenu que vous ne deviez pas vous montrer ici, mais il paraît évident que vous n’avez cure des ordres que je vous donne ! Vous n’avez donc pas plus d’honneur que feu votre père Ordarik. La réplique acide cloua sur place la dragonne, outrée par cette remarque désobligeante. Ordarik, lui, semblait assez serein pour la situation, et regardait Ârgan avec une pointe de défi et un soupçon de supériorité. - Vous vous êtes enfin décidés à abandonner cette quête absurde à ce que je vois. Finalement vous n’êtes pas si idiots que cela. Arya sentit passer un voile de colère rouge sur son visage. Ses yeux paraissaient aussi meurtriers que les griffes aiguisées de Saphira qui meurtrissaient le sol, prête à bondir sur n’importe laquelle de ces petites créatures. - Comment osez-vous nous traiter de la sorte ! J’exige en tant qu’ambassadrice elfe des excuses publiques pour cet outrage, ainsi que votre hospitalité cette nuit, jusqu’à l’aube, heure à laquelle nous partirons vers Farthen Dûr. Le chef ennemi ricana devant les requêtes d’Arya. - Vous n’avez aucune autorité ici, elfe ou pas, vous avez désobéi à un ordre direct, et vous allez en subir les conséquences. Les soldats nains avançaient prudemment vers le petit groupe, l’encerclant de piques et de lances terriblement affûtées. Saphira grondait méchamment, mais cela n’avait que peu d’effet, ils avaient dû être préparés à ce genre de réaction. Alors, à bout de nerfs, Arya convoqua la magie qui coulait encore dans ses veines, et lança un sort qui enverrait ses ennemis, fesses les premières, dix bons mètres plus loin. Ce ne serait pour le moment qu’une intimidation. Cependant elle ne semblait pas avoir prévu la réaction adverse. | |
| | | Folkvnir Farfadet
Nombre de messages : 55 Age : 38 Date d'inscription : 26/04/2007
| Sujet: Re: Tome 3 : Elinya Lun 4 Juin - 22:02 | |
| Ârgan tenait entre les mains une petite gemme, noire avec des reflets blancs, qui absorba contre toute attente la magie qu’avait libérée l’elfe. Elle aspirait les volutes de fumée vert émeraude, jusqu’à faire apparaître quelques maigres traces vertes dans ce noir si intense. Le propriétaire semblait très satisfait de ce petit effet de surprise en observant l’air interdit qui transparaissait sur le visage de l’elfe. - Oui en effet ce petit objet est très pratique, ricana-t-il d’un ton plus que victorieux. Je pensais bien que vous n’hésiteriez pas à user de vos dons, ainsi j’ai pris quelques…précautions. Il est vrai que j’ai eu du mal à la retrouver, mais il s’avère que je me suis donné cette peine non sans raison. - Je…je pensais que les feldanor avaient été tous détruits ! Souffla Arya, à la fois paniquée devant la grave situation et émerveillée face à cette découverte enchanteresse. - Et bien vous vous trompiez, le chef de mon clan qui côtoyait encore Vrael avait réussi à en cacher un dans notre forteresse. - Vous devez donc savoir qu’il a un effet limité, et qu’il me serait facile de le saturer, afin de vous châtier comme vous le méritez, lança-t-elle sous le ton du défi, ses narines se dilatant, le regard dur et froid. - Evidemment j’en ai conscience, mais le temps que vous y parveniez il sera bien trop tard pour nous empêcher d’agir. Les deux duellistes s’observaient avec fureur, aucun des deux ne désirait lâcher du leste. Cependant il fallait se rendre à l’évidence que malgré toute la félonie qui suintait de cet être, Ârgan avait marqué un point. Une main rassurante vint alors se poser sur l’avant-bras droit d’Arya, qui eut un mouvement de recul sous le coup de la surprise. Ordarik observa lentement sa camarade, ses yeux reflétant une certaine sérénité, inscrite aussi sur son mince sourire que seul l’elfe pouvait apercevoir de par sa proximité. Alors elle comprit. - Voyons Ârgan, comment vous adressez-vous à cette dame ? Ne vous a-t-on pas enseigné les bonnes manières ? La réplique cinglante, emplie de toute l’ironie et la moquerie que pouvait donner Ordarik à sa voie rauque, eut le don d’énerver le chef en second, qui ordonna au plus proche soldat de loger une lame sur la bas de son cou en signe de réponse. « N’y pensez même pas ! » Intervint alors Saphira, qui faisait luire toutes ses rangées de belles dents extrêmement pointues en direction de ce nain. Ce dernier eut donc un mouvement de recul, hésitant à obéir ou non à Ârgan ou la dragonne. Cette petite diversion fonctionna à merveille. Ordarik posa à terre le sac qu’il portait sur le dos, plongea sa petite main au fond, et, tout en observant droit dans les yeux Ârgan qui enrageait de plus en plus, le teint du visage virant dangereusement au rouge vif, il sortit le cristal de Korgan dans un geste triomphal, le montrant aux yeux de tous. Ses pétales reflétaient la lumière chatoyante du soleil couchant, prenant une légère teinte rougeâtre, chaleureuse. Ordarik porta son trésor à bout de bras, tournant lentement autour de lui, observant minutieusement chacun des autres nains, tous empruntant une mine déconfite. Lors de cette révélation, les glyphes des obélisques aux alentours échangèrent leur vert d’alarme en une aura dorée comme nul ne l’avait jamais vu. La légende de Korgan existait donc réellement, et c’était l’une des manifestations que l’on apprenait aux nains dès leur plus jeune âge. Chacun des soldats abaissa instinctivement leur arme, baissant la tête en signe de respect, mais aussi de crainte, de peur de ne voir s’abattre sur leur tête le courroux du tout puissant roi nain de jadis. - Impossible… Ârgan, le teint plus blême que jamais, ne voulait pas croire ce que ses yeux lui révélaient. Il déglutissait avec difficulté, chuchotant des termes que seul lui pouvait comprendre. Devant tous ses meilleurs soldats, mais surtout devant cette elfe, il avait perdu la face, et malheureusement pour lui la partie était bel et bien terminée.
- Mes frères, vous connaissez tous ce que je porte ici. C’est le cristal de Korgan. Le trésor qu’avait caché au plus profond de cette montagne est bien réel, et la lumière qu’émettent ces obélisques sont une preuve indéniable de ce que j’avance. Ce joyau a été confié par Korgan lui-même au Dragonnier Eragon, mais ayant subi maintes épreuves pour sortir victorieux de cette quête, il n’est pas conscient pour le moment. Je parle donc en son nom. Par le pouvoir que me confère cet objet sacré, je deviens le chef incontestable, par intérim, des nains, et donc de cette ville. Rassurez-vous, aucun de vous ne sera châtié pour avoir obéi à vos ordres directs. Tous, sauf vous Ârgan. Il fit une légère pause, savourant ce spectacle si délicieux. - Vous trois, conduisez-le dans les geôles, il sera jugé plus tard pour les différents outrages effectués ces dernières minutes. Aussitôt les trois soldats interpellés agrippèrent les bras d’Ârgan, qui gesticulait dans tous les sens, hurlant sa rage et son désespoir. - VOUS N’AVEZ PAS LE DROIT ! JE SUIS LE CHEF ICI ! VOUS NE POUVEZ PAS ! LACHEZ-MOI SALES TRAITRES, JE VOUS FEREZ ECARTELES SI VOUS NE M’OBEISSEZ PAS IMMEDIATEMENT ! … D’un regard Ordarik leur ordonna d’exécuter son ordre, ce que les nains firent sans broncher. Ârgan continuait de faire pleuvoir une suite d’injures, une folie furieuse s’étant emparée de lui. - VOUS N’ETES QUE DES MECREANTS ! VOUS ETES LA HONTE DE CE CLAN ! - Attendez soldats ! Arya leur avait intimé de s’arrêter. Elle se délectait d’avance de ce qu’elle s’apprêtait à faire. - Fouillez-le, et donnez-moi le feldinor ! Ils regardèrent avec appréhension Ordarik, qui hocha la tête en signe d’acquiescement. Malgré les torsions extrêmes de l’ancien chef en second, ils parvinrent tant bien que mal à lui extirper la précieuse gemme, recueillie dans la main gauche délicate d’Arya. Elle s’approcha alors du visage du vaincu et lui chuchota à l’oreille d’un ton mielleux, provoquant, empli de toute la satisfaction qu’elle pouvait ressentir à ce moment : - Ne vous inquiétez pas, elle sera en sécurité auprès de moi... Cette provocation le mit dans un tel état de rage qu’il tenta de prononcer un mot d’ancien langage pour blesser l’elfe. Sa tentative fut cependant vaine. A peine avait-il ouvert la bouche qu’une onde de choc dorée le frappa en pleine poitrine annihilant toute envie belliqueuse, plongeant la victime dans l’inconscient. Le cristal avait encore une fois démontré sa puissance, exaltant la crainte et le respect envers cet artefact légendaire de quiconque présent. Les quatre personnages disparurent alors de la vue d’Ordarik, soulagé par l’issue victorieuse de cette petite bataille. - Vous deux, faîtes nous préparer un toit dans lequel nous pourrions nous reposer. Pensez aussi à prévoir quelques vivres. Ah oui j’allais oublier, que des légumes et fruits pour cette dame ainsi que pour le Dragonnier. Apportez de la viande fraîche de qualité pour Saphira, elle… Il s’interrompit face à l’air circonspect des deux soldats visés. - Désolé, je ne vous ai pas précisé que Saphira était cette ravissante dragonne. « Me flattez-vous Ordarik là où est-ce mon imagination qui me joue des tours ? » Il ne répondit que par un franc sourire, bien plus éloquent que n’importe quelle parole. - Enfin pour vous mes frères restants veillez signaler sur tous les murs de cette cité que Saphira, Arya et Eragon sommes nos invités de marque et nos amis, et que tout acte malveillant envers l’un d’eux serait considéré comme une attaque envers un autre nain, et sera par conséquent répréhendé avec la plus extrême sévérité. Bien, vous avez vos ordres, maintenant accomplissez vos devoirs ! Aucun ne se fit prier, l’organisation de la collecte de vivres ou bien de la transmission de l’information à travers la ville semblait parfaite, d’une rigueur militaire. Deux des membres de la garde de Galfni les accompagnèrent jusque leur résidence pour la nuit, bien que Saphira fut obligée de rester sur le parvis du château pour la nuit, faute de place. Elle confia donc son Dragonnier à trois soldats nains, mais leur petitesse contraignait considérablement leurs mouvements. Arya prit alors les choses en main, et à l’aide de sa magie, souleva le corps inerte du Dragonnier dans les airs, le faisant flotter devant elle sans brusquerie, au grand soulagement des nains qui faisaient peine à voir. Ils entrèrent donc dans une petite auberge, en réalité la plus grande de toute, et s’installèrent avec joie dans leur lit respectif. Eragon fut posé délicatement sur des draps soyeux, et ne perçut qu’un « bonne nuit petit homme » très éphémère. Tous paraissaient éreintés par l’exploit accompli durant la journée. Le lendemain, ils allaient enfin pouvoir en finir avec cette guerre stupide, et sur cette perspective joyeuse, Ordarik se laissa bercer dans les bras de Morphée. « Tu n’es pas seule Arya ». Saphira lui avait glissé subrepticement ces douces paroles, s’échappant de l’esprit de l’elfe avant qu’elle ne pût s’apercevoir de cette petite intrusion. Ses lèvres s’étirèrent légèrement, et son parfum subtil de pin se mélangeant au goût salé de la tristesse.
Bon j'espère avoir des coms cette fois-ci | |
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