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 Tome 3 : Elinya

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Folkvnir
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Folkvnir
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MessageSujet: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeJeu 3 Mai - 19:55

Bon voici le début de ma toute première fic, j'espère qu'elle vous plaira, et que vous n'hésiterez pas à la critiquer ( je rappelle qu'une critique peut être bonne ou mauvaise!). Donc si ça vous plait et que vous voulez la suite, dites-le moi!
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Chapitre 1 : Le châtiment


Murtagh, toujours sur son dragon couleur rubis, Thorn, demeurait dans cet état qui était le sien depuis son départ d’Urû’Baen. Il n’arrivait toujours que très peu à communiquer avec sa monture, tout en ayant le sentiment qu’un filin externe le reliait à lui d’une étrange façon.
C’est alors que le dragon commença à être parcouru de spasmes, de tremblements violents et piqua dangereusement au sol. Murtagh ne pouvait rien faire, ressentant, à travers le lien que partage un Dragonnier avec sa monture, la douleur atroce qui mettait à bas Thorn. Cela dura une minute. Une minute de torture comme il ne l’avait jamais connu, malgré sa grande expérience en la matière, son maître, Galbatorix, lui donnant toujours volontiers une correction. Une minute qui sembla une éternité. Tous ses membres lui envoyaient des signaux de douleur, et à ce flot s’ajoutaient ceux de son dragon. Et ils s’écrasèrent lourdement au sol, dans une plaine déserte, face au soleil, en plein zénith.
Lorsque Murtagh reprit conscience, l’astre de vie n’était déjà plus, et ses membres restaient endoloris, mais il se sentait mieux qu’aucun jour auparavant, il se sentait libre de ses mouvements, mais surtout libre de penser. Il se tourna alors pour voir son ami, et un cri d’effroi fit vibrer la moindre fibre de son corps : Thorn était dans un piteux état. Ses pattes, écorchées de part en part, ruisselaient de sang noir ; l’une de ses ailes était fracturée, la fine membrane la parcourant bleuissant à certains endroits. Mais le plus effrayant était sa tête : des écailles avaient été arrachées au dessus de l’une de ses énormes paupières, recouvrant, pour ne plus le voir, son œil droit. Sa lèvre inférieure était meurtrie, et apparut alors un trou dans celle-ci : son dragon, dans sa chute, s’était cassé une dent, tellement le choc a dû être violent. Une rage pure coula dans les veines de Murtagh, qui frémissait d’horreur, et jura contre le fautif, celui qui était la cause de sa situation, Galbatorix. Il reprit la dent du dragon et voulut jurer de venger son dragon en ancien langage, mais les mots ne purent traverser sa bouche, le frustrant d’autant plus.
Aussitôt il se mit à la tâche, soignant grâce à sa magie, les fractures et autres morsures que la terre lui avait faites. Thorn reprit conscience durant cette séance, aidant du mieux qu’il pouvait son Dragonnier. C’était l’une des rares fois où ils se sentaient aussi proches l’un de l’autre, ils étaient presque en phase. Presque.
Après une attente de deux heures, durant lesquelles Murtagh fulminait contre son roi et sur ce qu’il lui avait obligé à faire contre son propre frère, ils décollèrent en direction de la cité noire. Ni l’un ni l’autre ne parla de ce qui s’était passé sur les Plaines Brûlantes. Une des citadelles apparut alors, et ils savaient fort bien ce qu’il s’y passerait : ils seront punis sévèrement par le roi, et devront agréer de nouveaux serments, amenuisant encore plus leur marge de manœuvre. Mais pour l’instant ils profitaient de ce moment de répit, où nul ne semblait pouvoir les atteindre.
Thorn se posa sur le jardin de l’aile ouest du château, déposa son passager en l’encourageant de son mieux, puis s’envola jusqu’à sa couche, où il pourrait enfin reposer ses membres fatigués. Sa rencontre, peu amicale, avec Saphira, l’avait secoué de tout point de vue. Murtagh montait les marches de marbre blanc lorsqu’une voix l’arrêta : c’était Malara, l’une des servantes du château, qui devait sans aucun doute lui donner un message du roi. D’une voix tremblante, elle lui transmit sa convocation immédiate devant le roi, puis partit aussitôt, ne connaissant que trop bien le caractère disons…aléatoire du jeune Dragonnier.
Murtagh gravissait les marches rapidement, de sorte que la punition, inéluctable, finisse le plus tôt possible. Pendant ce temps Shruikan se rendit à la couche de Thorn, et se figea devant lui. L’inquiétude gagnait le dragon rouge, ne savant que lire dans les yeux impénétrables de son nouveau compagnon. Le fils de Morzan poussa alors une immense porte noire et blanche, massive, haute au moins de vingt mètres. Une secousse s’en empara, une ouverture apparut, laissant passer un filin de lumière. La pièce était d’une blancheur d’albâtre, suintant la froideur et la malfaisance, tel le regard perçant d’un ange de la Mort. Au bout de celle-ci se tenait Galbatorix, assis sur son trône incrusté de pierres précieuses, le regard aussi noir que l’ébène. Murtagh, après avoir marqué une pause, s’approcha puis s’agenouilla à cinquante centimètres du roi, penchant la tête en signe de révérence. Il attendait cette voix, terrifiante et menaçante, maintenant familière.
- Où est-il ? Où est ton…frère, Eragon ?
- Je n’ai pas pu, maître, je n’ai eu d’autre choix que de fuir devant son pouvoir.
Un sourire mauvais passa sur le visage du roi.
- Oserais-tu me mentir, Murtagh ? Je sais exactement tout ce que tu as vécu sur la terre de ces chiens de rebelles, j’en ai la totale connaissance. Tu m’as déçu, Murtagh, terriblement déçu. Cela devait être dans l’ordre des choses je suppose.
Le son de sa voix était terrible : elle était caverneuse, grondante, de telle sorte qu’elle ne paraissait pas humaine. En fait il avait le sentiment que le roi avait acquis une partie de la voix de son propre dragon.
- Fatia ! Ordonna-t-il.
Une jeune femme fluette apparut sur-le-champ.
- Apporte-moi mes…outils.
Des gouttes de sueur perlaient sur le front de la servante, sachant très bien ce qu’allait subir le jeune homme. Elle s’exécuta puis revint, deux objets à la main : un fouet très long et une sorte de gourde. Murtagh frémit d’effroi en l’apercevant : de l’huile de Seithr.
- Ainsi donc tu m’as désobéi, et tu devrais savoir que tout acte entraîne des conséquences.
Il lui ordonna de mettre à nu son dos, et le fouetta, encore et encore, de plus en plus fort, de telle sorte que Murtagh avait du mal à retenir ses cris de douleur entre ses dents. La marque dorsale de Zar’roc rougeoyait comme la lame de celle-ci, heureuse de faire souffrir. Le roi lui ordonnait de lui prêter à nouveau serment en ancien langage pour ne pas laisser fuir Eragon une nouvelle fois. Murtagh savait que c’était inéluctable, mais il ne lui ferait pas ce plaisir tout de suite, cela au moins il pouvait le faire pour son frère.
Le roi s’arrêta sans prévenir. Le jeune Dragonnier serrait des dents, il ne savait que trop bien ce qui l’attendait : la Brûleuse de Seithr.
- Rïsa ! Cria le roi.
Murtagh fut soulevé en l’air, incapable de bouger, malgré sa concentration pour déjouer le sort. Le roi le transporta alors à l’extérieur.
Dès lors, une douleur atroce parcourut ses membres : Thorn se faisait attaquer par Shruikan, et il avait du mal à se défendre avec tout ce qu’il avait subi ces derniers temps. De plus il était au moins trois fois plus petit que le dragon noir, n’arrangeant pas sa situation. Après quinze minutes de combat où il accumulait morsures, fractures et brûlures, Galbatorix entra dans sa couche. Il projeta Murtagh sur un mur, le conserva en l’air, et cria une nouvelle fois « Rïsa » pour faire de même avec Thorn, à l’autre extrémité de la pièce. C’était la première fois que le roi s’attaquait à son dragon, démontrant la fureur extrême qui le dominait. Le souverain ordonna à Murtagh de lui prêter serment ce qu’il refusa de faire une nouvelle fois :
- Vous n’êtes qu’un monstre pour se comporter ainsi avec un dragon, sale Parjure ! Jamais plus vous ne me forcerez à cela, même si je dois en mourir !
- Mourir ! Qui a dit que tu allais mourir ?
Un sourire intense irradia le visage du roi, paraissant encore plus démoniaque que jamais. Il s’approcha alors de Thorn, et versa sur l’une des ses pattes avant de l’huile, faisant hurler à la mort et le dragon et son ami, la substance brûlant tout sur son passage. Le roi sourit perfidement, comme si agir ainsi lui rappelait de bons souvenirs. En effet c’était comme cela qu’il avait voulu assujettir Oromis, l’un des Dragonniers qu’il avait réussi à capturer vivant, en brûlant une patte avant de son dragon doré, Glaedr.
Murtagh lui ordonna d’arrêter, et agréa finalement à la requête du roi. L’huile de Seithr n’avait pas encore consumé les tendons principaux, de sorte que la patte de Thorn puisse être régénérée par la suite. Le dragon rouge et son ami firent alors serment de ne jamais plus laisser échapper son frère, et le roi, satisfait, s’en alla, accompagné de Murtagh, jugeant qu’il valait mieux que Thorn ne soit pas guéri par magie.
C’est alors que Shruikan sembla psalmodier des mots incompréhensibles, s’agitant dans tous les sens. Thorn, sans contact avec son Dragonnier, se demandait ce qu’il avait avec peur : il ne serait certainement pas capable de supporter une autre attaque. Puis, après une ou deux minutes, le dragon noir s’immobilisa, complètement exténué par l’effort qu’il avait accompli. Et d’une voix que Thorn avait du mal à reconnaître, il lui dit : « je suis désolé jeune dragon, je voudrais vous aider, toi et ton Dragonnier, à fuir Galbatorix, mais je ne le peux. Elle me l’interdit »

Fin du chapitre
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeJeu 3 Mai - 19:58

Chapitre 2 : Des larmes coulera le sang


Aiedail, l’étoile du matin, brillait plus vive que jamais, lorsqu’Eragon sortit de son état de rêve éveillé qui était désormais le sien. Il se leva avec grâce, à la manière des elfes, pour ne pas réveiller Saphira, qui dormait apparemment profondément, les brèves agitations de la tête de la dragonne en témoignant. Un sourire s’esquissait alors sur la bouche du Dragonnier, chose rare ces temps-ci.
Depuis deux jours, le monde semblait s’être écroulé autour de lui ; Eragon croyait vivre dans une autre dimension, un rêve…ou plutôt un cauchemar. Il essayait de se tenir au fait que le seul frère qu’il n’ait jamais eu eut été Roran, et son père, Garrow, mais la voix de Murtagh, celui en qui il avait donné sa confiance, le hantait.
« Je reprends Zar’roc, par droit d’aînesse ». « Selena était ma mère, notre mère, ainsi que Morzan notre père ». Il en était tellement perturbé que cela réveilla la dragonne.
« Cesse de te tourmenter petit homme, cela ne fera qu’aggraver ton désarroi. Beaucoup de personnes tiennent à toi ici, mais aussi comptent sur toi. Souviens-toi de ceci : ce n’est pas le sang qui définit ce que tu es vraiment, mais uniquement tes propres choix. Ne te laisse pas sombrer, Eragon, et… » la dragonne marqua une pause, plaçant son œil couleur saphir au niveau du jeune homme, de sorte qu’il pouvait plonger son regard dans celui de sa partenaire, son amie, sa confidente ;
«…et je t’aime » conclut la dragonne, de telle sorte que la moindre fibre du corps d’Eragon frémit au son de sa voix, son cœur cognant contre sa cage thoracique. C’en était trop pour lui, et à cette déclaration des larmes s’écoulèrent d’elles-mêmes des yeux couleur noisette du jeune homme, qui s’effondra contre l’encolure de sa monture. Il pleura, et pleura encore. Cela dura quinze longues minutes, durant lesquelles seuls ses hoquets et soubresauts rompaient le silence de l’aube. Puis ses yeux, gonflés et rouges, se tarirent, et il se calmait peu à peu. Il leva alors sa tête et lui dit tout simplement, mais avec une intense profondeur « merci ».
Saphira savait fort bien que son Dragonnier était encore très jeune, trop parfois, sa compulsion prenant alors le dessus, comme lorsqu’il se trouvait en présence d’Arya, mais il avait supporté beaucoup plus qu’aucun humain de son âge, voire même qu’un humain tout court : Il était l’ennemi direct du puissant et terrible roi, avait dû combattre et tuer un Ombre et en garder la marque, mais surtout combattit son propre sang, en la personne de Murtagh. En outre du haut de ses seize ans, bientôt dix-sept, il était l’un des personnages les plus puissants d’Alagaësia. Mais il l’avait elle, et vice-versa, constituant leur plus grande force : leurs cœurs, leurs âmes, battaient à l’unisson un peu plus chaque jour, et elle lui en était reconnaissante. Aujourd’hui c’était seulement à elle de le soutenir.
« Viens petit homme, des tâches importantes nous attendent. Nasuada a besoin de ton soutien en cette période trouble. Et Roran voudrait te voir. Je lui ai dit qu’il ne valait mieux pas pour l’instant, mais en tant que frère, tu te dois de l’écouter »
La dernière parole remplit d’une immense gratitude le cœur d’Eragon.
« Oui, j’y vais de ce pas » répondit-il.

Eragon alla donc se laver, comme il le faisait tous les jours depuis sa formation auprès de maître Oromis, dans le but de paraître frais, disponible et respectueux envers quiconque croiserait son chemin. Il eut du mal à retrouver la tente dans laquelle Roran s’était installé, du fait des mouvements quotidiens de l’armée des Vardens vers la grande citadelle de Cithri. Au bout d’une demi-heure, il aperçut certains effets personnels de Horst et de sa compagne, Elain, qui allait mettre au monde son enfant sous peu. Il en déduisit qu’il se rapprochait de son but. Enfin, il la trouva, et réveilla Roran, paraissant paisible, ce qui ne devait pas être souvent le cas depuis l’enlèvement de Katrina. Son cousin, ou plutôt son frère, ressurgit dans le monde réel avec peine, son visage se durcissant encore un peu plus lorsqu’il rencontra celui d’Eragon.
- Saphira m’a signalé que tu désirais me voir, Roran
- En effet. Je sais très bien que les temps sont difficiles pour toi, mais nous devons nous dépêcher de secourir Katrina. Tu sais aussi bien que moi que chaque jour de plus diminue ses chances de survie.
- J’en ai conscience Roran. Cependant que feras-tu lorsque nous nous trouverons face-à-face avec les Ra’zaks, à Helgrind ? Crois-tu vraiment que tu puisses leur infliger une simple égratignure avec ton marteau, bien qu’il soit indéniable que tu ne t’en serves remarquablement.
La soudaine sagesse d’Eragon le troubla, puis fit remonter en lui une rage phénoménale.
- Mais je l’aime, Eragon, je ne peux la laisser plus longtemps. Nous sommes fiancés maintenant !
- Il faut que tu t’entraînes à manier l’épée aussi bien que ton marteau avant de partir si nous voulons avoir une chance de les tuer.
Le visage du fils de Garrow passait de la colère, à la stupeur puis finalement au désarroi. Ses yeux s’emplirent de larmes. Tandis qu’Eragon s’éloignait il lui cria :
- L’aimes-tu ?
La question prit le Dragonnier au dépourvu, il était tétanisé sous le choc.
- L’aimes-tu ? Je t’ai vu regarder cette elfe, Arya, lorsque tu nous as conté ce qu’il s’était passé avec Murtagh, et tu as eu le même regard que moi j’ai pour Katrina.
- En effet, murmura-t-il. Mais mes sentiments ne sont pas partagés.
Une minute de silence absolu passa. Saphira capta alors la tristesse de son compagnon, mais ce sentiment allait vite être dominé, la rendant encore plus fière de lui.
- Braverais-tu les feux de l’enfer pour la sauver d’une mort certaine Eragon ?
- Sûrement.
Après avoir inspiré profondément il déclara, sans ambiguïté, avec une vigueur nouvelle :
- Cependant cette quête te serait vaine pour l’instant. Tu peux me haïr pour ces paroles, tu en as le droit, mais comprends moi bien : il est hors de question que tu partes pour Dras-Leona sans la moindre chance de retour, tu es la seule famille qui me reste aujourd’hui. A chaque coucher et lever de soleil, je regarderai, comme je l’ai fait dans le faelvnir l’autre jour, si Katrina est toujours vivante, ce que je ne doute pas vu son rôle d’appât, ainsi que toi : tant que je ne te considère pas assez fort, tu ne pourras t’y rendre. S’il le faut je te ramènerai auprès de moi à dos de dragon.
Roran en avait le souffle coupé. Il avait l’habitude de donner les ordres depuis quelques temps, et là son cadet lui intimait l’ordre de ne pas bouger un pouce pour son âme sœur. Avant qu’il n’ait pu réagir, Eragon lui montra un homme, Fredric, puis monta sur Saphira, qui venait d’apparaître, faisant trembler le sol sous son poids. Ils s’envolèrent, laissant derrière lui des bruits de mécontentements dus à un réveil brutal.
« Tu as agi sagement, Eragon. Je suis fière de toi. Il fallait être ferme avec lui. De plus tu as des engagements envers Hrothgar, ne l’oublie pas »
La dragonne fit une pause puis lui dit dans une voix qui ne lui ressemblait pas :
« Au fait monsieur le chef, qui t’a dit que tu pourras ramener Roran à dos de dragon s’il s’enfuyait ? »
Elle émit une sorte de gloussement, ce qui détendit l’atmosphère.

Saphira se dirigeait vers la tente de Nasuada, qui était accompagnée alors d’Angela. Eragon savait ce qu’il s’y tramait.
« Vous êtes bien matinales » dit-il innocemment.
Angela lui renvoya un regard meurtrier.
- Ecoutez, je vous ai déjà expliqué que j’essaierai de supprimer le sort que j’ai lancé sur Elva à Tronjheim, mais comme O…euh comme on me l’a expliqué lors de ma formation à Ellesméra, il faut que nous réunissions les mêmes conditions que lors de cette « bénédiction » si on veut espérer que ce contresort soit efficace. Croyez-moi, je suis aussi désolé que vous, voire même plus, de ce que j’ai déjà fait à cette fillette, cela entâchera à jamais mon honneur, mais ceci est le mieux que je puisse offrir.
Eragon attendait une protestation acerbe de l’herboriste, comme elle savait si bien le faire, mais elle n’en fit rien, partant même sans un regard pour la dragonne, dont les écailles brillaient de milles feux.
- Je ne te parlerai pas d’Elva, Eragon, je sais très bien que tu as pleinement conscience de cette tragédie, lui dit alors Nasuada, sur un ton doux mais à la fois ferme. Nous avons perdu beaucoup de nos valeureux combattants, et nous attendons avec impatience le contingent envoyé par la reine Islanzadí. Tu dois te rendre à Farthen Dûr, puis à Tronjheim, pour rendre honneur à Hrothgar. La tension est palpable entre les différents chefs de clan, et nous ne pouvons pas nous permettre maintenant une guerre entre eux, nos chances de victoire, déjà minces maintenant qu’il y a deux Dragonniers ennemis, seraient réduites à néant.
Le roi nain était déjà transporté vers leur capitale, pour y être enterré parmi ses ancêtres, mais il ne ferait parti de la montagne elle-même que dans une semaine, les préparatifs à un si sombre événement prenant du temps.
- Très bien, alors si vous le permettez, je désire m’y rendre dès maintenant, de façon à mieux gérer cette crise et calmer les chefs de clan.
- Et bien soit, et reviens-nous vite Argetlam !
Eragon allait sortir lorsqu’il repensa à Roran, il se retourna alors :
- Ma suzeraine, pourrais-je vous demander un service ?
- Evidemment Eragon. Qu’y a-t-il ?
- Pourriez-vous veiller, discrètement si possible, à ce que mon cousin Roran s’entraîne ardemment au maniement de l’épée, en vue de partir prochainement pour Helgrind. Quand nos amis elfes arriveront, je souhaiterais que l’un d’eux le prenne en charge personnellement. De plus il ne faut pas qu’il s’en aille seul, bien que je lui ai promis de garder un œil constant sur lui, je ne peux me déplacer à la vitesse du vent.
« Ça c’est ce que tu crois mon cher », répondit Saphira mentalement.
Bien que cette épopée ne plaisait guère à Nasuada, elle n’avait d’autre choix que d’agréer sa requête.
- Soit !
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeJeu 3 Mai - 20:00

Et Eragon, montant en un bon gracieux sur le dos de Saphira, chose qu’il n’aurait pu faire avant l’Agaëti Sanghren, partit vers l’est, en direction de l’entrée du tunnel menant aux gigantesques montagnes des Beors. Il aperçut alors Arya, voyageant avec Orik. Elle devait sûrement représenter les elfes pour l’enterrement, et cela lui plaisait d’être en sa compagnie. La nuit tombée, Eragon pris un bol en bois, y versa un peu d’eau et dit, tout en réfléchissant à Katrina :
« Draumr Kopa ».
Le liquide s’assombrit, puis une image claire de l’aimée de son cousin apparut. Elle était, tout comme la dernière fois, enchaînée, debout, ses longs cheveux roux pendant sur ses épaules. Elle était bien vivante, ce qui rassura Eragon. Si par malheur elle mourrait, Roran le considèrerait responsable de cette mort-ci aussi. Il fit de même pour Roran, s’assurant qu’il était toujours au camp de Nasuada, entre les Plaines Brûlantes et Cithri.
Alors ils s’engouffrèrent dans le ventre de la montagne.

Arya semblait plus douce, un peu plus proche qu’avant, tout en maintenant cette barrière qui les séparait l’un de l’autre. Elle savait qu’Eragon avait plus que jamais besoin de son amitié et de ses conseils avisés aux vues des récents événements. C’est ainsi qu’ils arrivèrent, après quatre jours de marche, sans autre lumière que celle des torches magiques naines, ainsi que celle d’une boule scintillante de couleur émeraude que tenait à la main l’elfe, à la cité naine de Tronjheim. Eragon, malgré la perte de repères temporels, n’oubliait pas sa promesse et son devoir envers Roran et Katrina, Saphira étant toujours là pour y veiller au cas où. Les chefs de clan étaient déjà présents, et tous les observèrent, lui et sa dragonne, certains avec une tristesse sans nom, d’autres avec mépris, voire de la colère. Ceux-ci devaient sûrement le considérer comme responsable de la mort du roi. Parmi eux devait sûrement se trouver le chef du clan de l’Az Sweldn rak Anhûin, les larmes d’Anhûin, ceux qui s’étaient déclarés mortellement ennemis des deux compères depuis leur passage à Tarnag. Derrière lui Eragon reconnut Ûndin ainsi que Gannel, qui, à sa vue, lui donna un sourire de circonstance.
L’enterrement de Hrothgar se déroulerait le lendemain. Eragon vagabonda dans la cité, passa le plus clair de son temps dans la bibliothèque, parcourant un ouvrage sur les légendes naines. Cela lui parut d’ailleurs étrange de lire ces runes qui paraissaient dorénavant étranges, ayant l’habitude de lire de l’Ancien Langage lors de sa formation à Ellesméra. Le jeune homme s’engouffra dans l’histoire du fondateur de Tronjheim, ainsi que dans la création d’Isidar Mithrim, qu’Arya et Saphira avaient dû briser pour vaincre Durza, l’Ombre. Pour se dégourdir les jambes, il alla donc rendre visite, en compagnie de Saphira, aux maîtres nains travaillant à la reconstruction de l’Etoile de saphir, et, à son grand étonnement, vit que le travail était presque terminé. Cela lui déchira d’autant plus le cœur, Hrothgar aurait tellement aimé la revoir briller sur sa cité.
Il ne vit ni Orik, qui devait sûrement peaufiner ses préparatifs pour rendre le plus bel hommage à celui qui représentait la deuxième famille qu’il venait de perdre, ni Arya de la journée. Il rentra, après s’être rassasié aux cuisines, mangeant exclusivement des fruits, dans sa couche avec Saphira. Après s’être assuré que tout se passait comme prévu au sujet de Roran et Katrina, il s’endormit contre le ventre de sa dragonne, ronronnant à son contact, le réchauffant de son feu intérieur.
La procession commença lorsque l’astre solaire frappa l’endroit où resplendissait autrefois Isidar Mithrim. Un immense cercueil, d’un marbre blanc le plus pur qui soit, dirigeait la troupe ordonnée de nains, venus honorer une dernière fois celui qui fut leur roi. Quelques gémissements faisaient vriller les âmes ça et là, mais la plupart de la file naine, si compacte que l’on aurait cru qu’elle ne faisait qu’une, était muette, le cœur lourd. Le cercueil, maintenu par douze nains s’arrêta alors, et des humains, ainsi qu’Arya, arrivèrent à leurs côtés pour bénir la mémoire du défunt. Eragon savait quel honneur il avait eu de pouvoir défiler avec les autres nains, le considérant de ce fait comme leur semblable…enfin, tous sauf les nains du clan des Larmes d’Anhûin, qui ajoutaient à leur semble-t-il complainte du dégoût à la vue du Dragonnier humain, qui portait fièrement son heaume parsemé du marteau et des douze étoiles de l’Ingeitum. Orik chanta alors un éloge funèbre, laissant la foule aux bords des larmes, retranscrivant avec une telle force, une telle vivacité, son désarroi, et, Eragon le savait, son désespoir, que Saphira elle-même versa une petite perle du coin de son œil bleu saphir, qui se brisa dans le bas du cou de son compagnon. Toutes leurs pensées ne furent alors plus qu’une, dictées par l’intensité du moment.
A l’une des extrémités les plus hautes de la cité, reliée au cœur de la cité grâce à Vol Torin, l’escalier sans fin, Eragon perçut un faible signal lumineux, puis une suite de petits rayons. Il se tourna et vit qu’Arya, le visage sombre et inquiet, l’avait aperçu elle aussi, et cela l’inquiéta d’autant plus. Dix minutes solennelles s’écoulèrent, durant lesquelles seule la voix d’Orik, puissante et vibrante, troublait le silence de la montagne, comme si celle-ci rendait elle aussi hommage au roi. Puis un tapis de cuir, sur lequel était assis un nain, sortit du long tunnel qui ceinturait l’escalier en hélice, celui qu’Eragon lui-même avait dû utiliser, alors qu’il n’était pas conçu pour des humains, avant son combat contre Durza. Il savait que c’était une voie d’urgence, ce qui confortait ses craintes. De vives protestations éclatèrent dans la foule, mais le nain se dirigeait, l’air alarmé, vers le promontoire, là où se tenait la dépouille du défunt roi. Alors, d’une voix traduisant toute la crainte que son visage exprimait, il dit :
« Il…Il est venu…Galbatorix…Le roi s’est attaqué à nous, il est à Tarnag ! »

Fin du chapitre

Bon voilà j'espère que ça vous plait...E tout cas faites-le moi savoir si vusvoulez la suite...
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeVen 4 Mai - 20:22

J'aime beaucoup ^^
Et oui je veux la suite ^^
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeSam 5 Mai - 14:20

Merci beaucoup Elena-Elda, j'espère que la suite te plaira autant...

Chapitre 3 : D’une pierre deux coups


Quatre jours avant l’attaque contre la cité naine de Tarnag, dans le château d’Urû’baen.
« Ces rebelles nous auront bien servi finalement. Leur armée a été lourdement amputée, d’après ce que j’ai pu voir dans l’esprit d’un sale couard qui a fui l’antre de la bataille. Folkvnir a eu grand plaisir à se planter dans sa chair ».
Galbatorix sourit alors à sa propre remarque, faisant virevolter sa rapière d’une main à l’autre. Folkvnir, car telle était le nom de l’épée, fut l’un des cadeaux des elfes, comme il était autrefois coutume d’en forger une pour chaque nouveau Dragonnier. Sa lame était longue et d’un blanc le plus pur. La lumière semblait irradier depuis l’intérieur de ce chef d’œuvre, laissant luire quelques fines écritures, la dénommant. Son pommeau était en or, incrusté symétriquement de quelques petites pierres noires, plates mais d’une intense profondeur. Il s’agissait d’onyx, que le roi appréciait particulièrement. Tout cet ornement semblait se mouvoir de lui-même, se tordant d’un côté ou de l’autre, de sorte que l’interface avec le fer faisait figure d’une gueule béante avalant le métal, tel un dragon avec sa proie. Cependant une chose semblait perturber cette Épée des épées : une pierre, immense comparée aux onyx, plongeait en plein milieu de la gaine dorée. Elle était noire, aussi noire que la nuit, aussi noire que la mort. Elle était un diamant noir, d’une pureté implacable, pouvant très probablement servir de réceptacle à une quantité folle d’énergie, ou bien d’autres choses. Elle donnait un aspect menaçant à l’arme qu’elle n’aurait jamais eu sans elle. On aurait dit que le roi lui-même avait transféré un peu de sa malveillance dans ce qu’il considérait comme son amie.
« Mes hommes ont bien agi et ont joué parfaitement leur rôle. Ils ont réussi à fatiguer ce Dragonnier de malheur de sorte que Murtagh eût pu le capturer facilement vu ce que nous leur avons fait subir. Mais il fallait que ce maudit sentiment d’amour, de fraternité, vienne contrecarrer mon plan, ce qui m’a beaucoup contrarié ».
La voix gutturale du roi, presque sortie d’outre-tombe, résonnait dans la salle du trône, les statues grimaçant sous le coup de l’impulsion de ce son.
« Mais nous avons tout de même atteint notre second objectif. Hrothgar est enfin mort. Quelle joie ce fut de voir la mine déconfite de ce cher Eragon lorsque l’éclair frappa le nain en pleine poitrine ! ». Galbatorix s’extasiait à cette pensée.
« Il nous faut supprimer les soutiens de ces Vardens pour les réduire à néant. Les nains sont accablés par la perte de leur roi, et vont tous ou presque se retrouver dans leur capitale, laissant leurs autres cités à la surface aussi vulnérable qu’un nouveau-né. En calculant bien, il faudrait que les messages d’alerte arrivent à Tronjheim au moment de la cérémonie, durant laquelle tous les chefs de clan seront réunis autour du défunt roi. En coupant les vivres de ces maudites touffes de poils, ils se révolteront contre nous, mais surtout contre Shruikan, et les dragons en général. Eragon en fera donc sûrement les frais, et avec un peu de chance, le chaos s’abattra sur les Maisons naines. Alors il ne nous restera plus qu’à nous occuper des oreilles pointues, qui nous ont que trop défiés depuis trop longtemps ».
Une impression de triomphe gouvernait le roi, les vérités qu’il venait de proférer semblaient implacables.
« En plus cela fera un bon exercice à ce bon vieux Shruikan, qui à part dans ses voyages nocturnes vers la Crête, où il peut s’adonner à la chasse autant qu’il le désire, ne fait qu’engraisser. Je suis sûr que nous pourront le convaincre, il n’aime que trop cette vie, si pitoyable soit elle ».
Le roi agitait alors de plus en plus vite Folkvnir dans sa main droite, tenant l’épée avec une telle fermeté et d’une dextérité si extraordinaire qu’on aurait cru que le pommeau s’adaptait parfaitement à la forme de la main de son détenteur, ne faisant plus qu’un avec celui-ci.
« Cela m’embêterait beaucoup de devoir le briser, mais il n’est pas d’une absolue nécessité. Et il le sait ».

Un jeune homme arriva alors au seuil de la salle. Il paraissait jeune, du fait de sa petite taille. Quelques mèches blondes parcouraient son front, parfois tombant sur ses yeux d’un vert puissant. Il ne faisait aucun doute qu’il avait du parcourir un long voyage, vu l’état de ses vêtements.
Galbatorix lui intima l’ordre d’avancer jusqu’à lui, ce que le nouveau venu fit. Il marcha posément, restant calme, mais forçant le pas pour ne pas froisser son impatience, désormais aussi légendaire que ses pouvoirs. Il s’agenouilla et transmit la missive qu’on lui avait confiée. Le roi brisa le sceau de cire, représentant un oiseau noir, un aigle ou un vautour, et lut son contenu. Un sourire parcourut les lèvres du lecteur à la vue de ces simples runes. Une fois terminée, il la referma, puis observa le jeune homme.
- Tu as bien œuvré humain, et le roi récompense toujours ceux qui se dévouent pour assurer paix et prospérité à mon Empire.
Par la force de sa magie, il fixa dans ses pensées une bourse de pièces dans l’une des ses salles aux trésors, et la convoqua dans sa main droite, scintillant d’une lueur argentée.
- Voici cent couronnes, fais en ce qu’il t’en plaira.
Il lui lança la bourse, puis le congédia.

Le roi ouvrit alors son esprit pour l’étendre à tout le château, et convoqua ainsi Fatia, une servante, mais aussi Murtagh et bien sûr Shruikan. En effet le haut plafond pouvait selon ses désirs se mouvoir et alors figurer un trou béant d’au moins cent mètres de long, par lequel pourrait aisément se faufiler le dragon noir.
Tous trois arrivèrent en même temps. Une secousse emplit l’air de la salle de marbre blanc lorsque les puissantes pattes du reptile touchèrent le sol.
- Enfin ! dit-il à ses invités.
Il regarda d’un air hautain la servante.
- Toi, fais-nous préparer des vivres pour un voyage d’une semaine tout au moins. Nous partirons dans deux jours. Que tout soit prêt si tu tiens un temps soit peu à ta vie.
- Maître, vous quittez Urû’baen ? Laissa échapper Murtagh, complètement ébahi.
- En effet. J’ai obtenu certaines informations à propos de la future cérémonie funèbre de notre cher ami Hrothgar.
Le roi jubilait, d’autant plus que Murtagh sentit son cœur vriller en se remémorant son meurtre déloyal. Mais alors ce dernier comprit que seuls les amis des Vardens étaient au courant de la date de l’enterrement. « Les Jumeaux n’étaient pas les seuls traîtres ! »
- Elle se tiendra dans quatre jours exactement, aussi faut-il que je parte deux jours avant. Tu comprendras qu’une surprise n’est réussie que s’il y a une bonne coordination entre les événements.
Murtagh mourrait d’envie de savoir ce que comptait faire son maître, mais il se tut, ne connaissant que trop bien les punitions qu’il infligeait aux impertinents.
- Devrais-je vous accompagner maître ?
- Non j’irai seul. Avec Shruikan bien sûr.
Le dragon gronda de dégoût. Cette note, aussi forte qu’éphémère, décontenança Murtagh.
- Tu resteras ici, j’ai d’autres projets pour toi. De plus, j’ai besoin de quelqu’un pour garder ma cité durant mon absence. Jures-moi que tu ne quitteras pas ce château !
Le jeune Dragonnier, se rappelant encore douloureusement sa dernière altercation avec le roi, n’hésita pas une seconde.
- Vel eïn radhin iet ai Shur’tugal. Sur ma parole de Dragonnier.
Le roi communiqua alors avec Shruikan par la pensée.
« Nous partons dans deux jours pour Tarnag, dans un premier temps du moins. Munis-toi de ton armure d’ici-là, il se pourrait que tu en aies besoin ».
Shruikan transmit bien malgré lui au roi une pensée de mécontentement.
« Je prendrais bien évidemment Folkvnir, donc ne tente rien de stupide. Si tu agrées à toutes mes attentes, tu n’auras pas à subir ce que j’ai été obligé de t’infliger la dernière fois ».
Shruikan acquiesça d’un signe de tête.
- Bien je crois que tout est réglé.
La servante s’échappa alors de la pièce, heureuse de ressortir entière.
Murtagh se redressait, puis allait se retourner lorsque Galbatorix lui lança :
- Au fait jeune homme, comment va ton dragon ?
Une rage intense parcoura instantanément le Dragonnier. Les veines de son cou et ses tempes commençaient à palpiter. Par une maîtrise de soi impressionnante, il ne répondit pas à l’attaque du roi.
- Alors, je t’ai posé une question ?
Le sourire sadique du souverain s’agrandit alors encore plus, une lueur de démence luisant dans ses yeux.
- Je ne sais pas, son accès, physique ou mental, m’est interdit.
Murtagh parlait posément, articulant longuement chaque syllabe de chaque mot, comme si chaque parole lui coûtait un effort surhumain.
- Ah oui, j’oubliais ! Je me demande comment se tient cette patte. Sûrement mal…
Il fit encore une pause pour savourer les effets dévastateurs que chacun des ses mots engendrait dans le corps et l’esprit du jeune homme.
- Quand je partirai, tu pourras le rejoindre, et alors le guérir. Il en aura besoin…
Une once de gratitude parcoura le jeune homme, tout de suite mêlée puis dominée par un sentiment de peur.
- Merci maître.
Il se demandait bien quel sort il lui réserverait cette fois-ci.
- Bien, maintenant disparaissez.
D’un bref mouvement, la main du roi vint s’agripper fortement au bras de Murtagh, qui, surpris, releva alors la tête : celle du roi paraissait déconfite, fatiguée par le temps qui passe, mais surtout horriblement souffrante, comme si elle cherchait de l’aide. Murtagh n’eut même pas le temps d’ouvrir la bouche que le souverain reprit sa position initiale, un dédain infini dans son regard.
Le jeune homme se retira alors, très, voire trop, perplexe sur tout ce qui venait de se passer.

Deux jours plus tard dans la cour principale du château d’Urû’baen, autrefois nommée Ilirea, Shruikan portait son armure d’un noir d’encre telle une parure, assombrissant encore plus son teint, bien que cela semblait difficilement imaginable. Il portait déjà sur son dos les provisions que nécessitait son maître. Galbatorix revêtait pour sa part un ensemble pourpre, surmonté d’une cape noire. Le regard déterminé, il s’avançait vers sa monture d’un pas sûr, ses bottes, sûrement confectionnées par les mains les plus expertes, tout comme le reste de ses vêtements d’ailleurs, résonnant sur la cour pavée. Il portait à sa main droite un sac de lin noir, dans lequel était posé sa propre armure, d’une blancheur éclatante, étincelante. Il voulait que ses ennemis le voient parfaitement bien avant de leur enfoncer Folkvnir, rangée dans son fourreau, blanc entrelacé de fils d’or, sur le flanc gauche du roi, dans leur chair. Sans dire un mot au dragon noir, celui-ci s’agenouilla, le roi monta sur son dos en s’appuyant sur sa patte avant droite, plaça son sac devant lui et ordonna au dragon de décoller.
C’est ainsi qu’ils s’envolèrent vers le sud-ouest, en direction des Beors, les Imprenables, pour provoquer la main du Destin.

Fin du chapitre
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeSam 5 Mai - 14:21

Chapitre 4 : Les nerfs de la guerre


La lune dominait le ciel, enveloppant le firmament, l’enlaçant tendrement. Ses filles accrochaient peu à peu la lumière, tel un écrin que chaque femme aurait désiré posséder. Les étoiles étaient très hautes ce soir là, dans la ville de Tarnag. La cité s’endormait peu à peu, le rythme du vent balayant les rues pavées naines était le même que celui des lanternes qui diffusaient, grâce au sort que les elfes apprirent jadis aux nains, leur douce lumière d’un rouge chatoyant, chaleureux au gré de leurs mouvements. Quelques badauds traînaient de ci de là dans les rues, l’un d’eux entrant dans une taverne à la taille des nains. En effet toutes les constructions avaient été prévues pour accueillir des nains, et seulement des nains : les humains et les elfes n’auraient qu’à se courber s’ils voulaient se donner la peine de visiter leur ville. En haut d’une colline se dressait Celbedeil, fière, telle une gargouille veillant sur sa citadelle, scrutant de ses yeux de géant l’horizon obscur. Elle paraissait cependant froide, comme atteinte d’une maladie : le maître des lieux, Gannel, était parti pour Tronjheim afin d’assister aux obsèques du roi Hrothgar. C’était comme si le temple avait perdu une partie de son âme. Les plus hautes tours, parsemées de flèches, perçaient le ciel, et furent les premières à apercevoir une ombre, semblant se mouvoir, depuis le nord-ouest.
Elle s’accentua de plus en plus, et en une dizaine de minutes, elle paraissait telle une tâche sombre surmontée d’un joyau blanc étincelant. Cela rendait l’ensemble très étrange, telle l’association de l’Ombre et de la Lumière. Encore dix minutes s’écoulèrent, et la forme se précisait, et s’allongeait. Ce devait être un oiseau, un oiseau géant. L’une des sentinelles du clan Quan, que gouvernait Gannel, s’était réveillée dans la tour nord du temple, ayant dû s’assoupir un petit temps durant sa garde. L’air hébété, il bailla à s’en décrocher la mâchoire, puis aperçut la menace nordique. Il se frotta les yeux, pensant qu’il devait encore rêver, puis regarda à nouveau. La tâche sombre s’était agrandie, et semblait tout simplement gigantesque. C’est alors qu’il comprit, une expression d’horreur sur le visage. « Je dois prévenir la ville, il ne faut pas qu’il nous détruise, pas maintenant ». Avant même qu’il n’ait pu se lever, il entendit une puissante voix crier au loin des mots incompréhensibles, puis un éclair, d’un noir de nuit parsemé de brumes blanchâtres, jaillit de son ennemi et le frappa en pleine poitrine. Il était mort sur le coup. Galbatorix avait fait sa première victime.
Un cor retentit alors à travers le temple, puis se répandit comme une vague de brume dans tous les recoins de la cité, rebondissant sur chaque paroi que le son rencontrait. A son contact, chaque lanterne prenait une couleur verte, puissante, à la limite aveuglante de façon à bien voir l’assaillant, et donc le localiser. Les nains savaient fort bien que la menace ne pouvait venir que des airs, et que même dans l’obscurité leur énergie vitale attirerait l’attention du Vil, comme une mouche sur un pot de miel. La cité montrait fièrement ses fortifications ainsi exposées, tel un homme bombant son torse. En une dizaine de minutes seulement des gardes emplissaient chaque muraille de la ville. Ce fut une dizaine de minutes de trop. A peine montaient-ils vers leur position que le roi les attaquait et les tuait par magie, soit en utilisant l’un des douze mots de mort, soit pour le « divertir » en proférant des mots d’Ancien Langage tels que « Jierda ». Le dragon noir quant à lui piquait vers la tour la plus haute, balançant telle une massue sa queue ornée de pics noirs, aussi tranchants que les paysages déchiquetés de la Crête. Les magiciens nains, regroupés pour la plupart dans Celbedeil car étant des Quan, s’attachaient à protéger les soldats par leur force mentale, mais aussi eux-mêmes, le roi étant d’une incomparable force. Ordarik, le chef en second de la cité, et accessoirement fils d’Ûndin, ordonna d’envoyer des signaux lumineux vers Tronjheim indiquant leur attaque, et leur probable défaite. Galbatorix, en un bond, descendit du dragon noir, qui tuait en un seul coup de pattes tranchantes au moins cinq nains à la fois. Chaque flèche lancée sur les deux assaillants était détournée et se plantait dans le cœur de leur propriétaire, souvent sauvé par l’épaisse cotte de maille recouvrant leur poitrail. C’est alors que le roi convoqua une grande partie de son énergie, et proféra « Und’ía ».
Le sol vibrait en réponse à ces paroles interdites. La pierre se fissurait, et alors se déroba sous les pieds d’une centaine de nains, qui s’effondrèrent sur les éboulis tombés à au moins vingt mètres plus bas. Une grande partie des magiciens hurlaient de rage de par ce meurtre collectif, une note de tristesse dans leur cœur. Ce fut assez pour que Galbatorix s’infiltrât dans leur esprit et les tua les uns après les autres. Mais dans sa concentration pour son dur labeur, Ordarik le toucha au bras gauche. Le roi, ainsi que Shruikan, dont certaines flèches avaient traversé la membrane recouvrant ses ailes, fit alors virevolter à une allure inouïe Folkvnir, sur laquelle du sang rouge reluisait. Elle atteignit la hache du nain, qui se brisa en deux sous la force de l’impact. La troupe naine avait déjà été réduite de moitié lorsque le commandant était à la merci du roi. Ce dernier allait porter le coup fatal lorsqu’il reçut un violent coup au flanc gauche, le faisant tomber deux mètres plus loin.
C’était Feu-de-Neige, le cheval que Brom avait acheté à Therinsford, en même temps que Cadoc. Le cheval allait payer de sa vie son offense, Shruikan approchant sa gueule pour cracher son souffle de braise. Cependant il le retint pour transmettre au cheval : « Fuis ! ». Le roi, ayant capté cet ordre entra dans une rage folle, et déversa toute sa malfaisance dans l’esprit du dragon noir. Ses yeux révulsèrent un moment puis se calmèrent, et Shruikan entra dans une transe surnaturelle. Il rattrapa l’animal en deux coups d’ailes et lui déchira le flanc droit, lui plantant ses dents dans sa chair, laissant Feu-de-Neige souffler un dernier râle.
Malgré leurs grandes fierté et détermination, les tentatives des nains étaient vouées à l’échec. Certains se repliaient vers les défenses internes, puis vers les grandes Maisons naines où s’étaient réfugiées la plupart des personnes, qui s’écoulaient alors dans les tunnels menant au cœur des Beors. Cette voie de secours n’avait été empruntée que trois fois dans l’histoire de cette cité. Le roi puisait de l’énergie dans le diamant noir, incrusté dans le pommeau doré de Folkvnir. Celle-ci semblait émettre un son strident, avertissant ses ennemis de sa soif sanguinaire. Le roi détruisait les unes après les autres les défenses naines, assombrissant les petites rues par les éboulis créés. Les boutiques étaient tombées, les maisons, éventrées. Le roi s’extasiait à la vue de ce spectacle, imaginant l’effet qu’aura cette nouvelle à la célébration de Tronjheim. Mais il ne fallait pas les décevoir, il se remit donc en selle et se dirigea vers Celbedeil. Sans un mot, comme si sa conscience était celle du dragon, ce dernier déversa un brasier sur le temple, qui, malgré l’absence de bois, commença à chauffer au rouge sous l’impact thermique. « Und’ía Celbedeil ».
En réponse à ces mots, les hautes tours se fissurèrent, puis tombèrent sur le toit, le perçant telle une flèche en plein cœur, jusqu’à s’effondrer dans la nef du temple. Les vitraux se brisèrent sous le tremblement, les statues criant de désespoir. Les murs commençaient à se vriller. Une veine palpitait sur la tempe du roi. Plusieurs trous apparaissaient de ci de là, mais le temple, tel un seul homme, semblait résister à l’attaque, comme s’il soutenait le regard du roi avec dédain. Celui-ci augmenta le transfert d’énergie pour conquérir la pierre. Elle semblait remuée de spasmes, luttant avec fureur pour sa survie. Puis elle renonça et s’écroula sur elle-même. Celbedeil n’était plus, ainsi que toutes les œuvres qu’elle contenait. Les statues de Helzvog, dieu qui créa les nains, avaient sombré, ainsi que l’immense fresque du premier Dragonnier Eragon portant son œuf blanc, soutenant le dragon dont le nom était imprononçable.
Cela avait légèrement fatigué le roi, mais il puisa vite dans le diamant noir, et dans les réserves phénoménales du dragon, l’énergie qu’il lui fallait pour se revigorer. Un sourire triomphant submergeait son visage. Il avait décimé un bon millier de soldats, Shruikan avait grillé dans sa fureur des lignes entières d’archers, et déchiqueté des parois immenses de marbre blanc. Le roi s’appliqua alors à détruire le maximum de bâtisses possibles, en invoquant par magie des éclairs noirs et blancs, transperçant la nuit sanglante lorsque des nains qui n’avaient pu s’échapper se trouvaient sur son passage. Il n’avait pitié ni pour les femmes ni pour les enfants. Une fois sa besogne terminée, une bonne partie de son énergie s’étant échappée, ils s’envolèrent vers les terrasses creusées dans la montagne. Aucune parcelle n’échappait au souffle ardent du dragon noir. Toutes les bâtisses servant d’entrepôts pour les vivres furent détruites, le roi se chargeant de rendre stérile les terres. En effet parmi les effets qu’il avait apportés, il y avait du Send’Âr, une poudre de couleur ocre, qui détruisait tous les nutriments qu’il rencontrait. Une pincée de Send’Âr suffisait à éradiquer la force vitale d’un hectare entier de terres. Evidemment le roi prenait soin de soulever les petits cristaux par magie et les projetait, ne voulant pas les toucher. Après contamination, le sol devenait aussi noir que les écailles de Shruikan, lui facilitant la localisation des zones encore vierges.
Des fumées blanchâtres, reflétées par la puissance des rayons de l’aube, s’élevaient dans le ciel de mille et un endroits à travers Tarnag et ses environs quand les pilleurs, les brûleurs, les assassins se dérobaient à l’opposé du réveil de l’astre de vie.

« Il…Il est venu…Galbatorix…Il nous a attaqué, il est à Tarnag ».
Après quelques secondes de stupeur, durant lesquelles toute l’assemblée restait pétrifiée et parfaitement muette, Eragon coura à la manière des elfes vers l’armurerie, telle une comète dans la voûte céleste, pour trouver une épée digne de ce nom, ayant perdu Zar’roc durant la bataille des Plaines Brûlantes. Il en ressortit une minute plus tard avec à la main une épée longue, plus petite qu’une flamberge, d’un métal aussi pur que la blancheur d’albâtre des habitants du Du Weldenvarden. Son pommeau, tout argenté, avait quelque peu subi les effets du temps. Mais elle semblait majestueuse, et c’était la meilleure de toute. Il reprit sa vive allure jusqu’à la grand-place de Tronjheim.
« Prépare-toi à décoller Saphira, nous n’aurons sûrement pas le choix ».
Elle ne savait que trop bien ce qu’ils devraient faire.
Après la digestion de la nouvelle, une vague de colère noire s’abattit sur la foule. Les humains restaient muets mais horrifiés, tandis que les nains gesticulaient en tous sens. Les uns accusaient les autres d’être responsable de l’attaque, le Dûrgrimst des Larmes d’Anhûin étant les plus virulents de tous. Ûndin et Gannel partaient déjà en direction de l’un des tunnels menant à Tarnag lorsque Torgrak, le chef des ennemis mortels d’Eragon, les arrêta.
- C’est de votre faute s’il nous a attaqué, et celle de votre Dragonnier. Sans lui, jamais cela ne ce serait produit, et j’avais raison de ne plus faire confiance à ces charognes que sont les dragons !
La suite dépassa l’entendement : une flèche alla se ficher dans l’épaule droite d’Ûndin, le symbole du clan ennemi gravé sur le bout de la semeuse de mort. Le commandant de Tarnag blêmit, puis s’effondra. La flèche était empoisonnée. Ûndin n’était pas encore mort, mais s’enfonçait de plus en plus dans les méandres du pays des songes, pour peut-être ne plus en ressortir. Bien malgré lui, une folie furieuse s’empara de Gannel, s’apprêtant à asséner un coup mortel au chef rival lorsque son coup se bloqua à sa vue : Arya s’était élevée à cinq mètres au-dessus de la mêlée, en proférant en Ancien Langage « Rïsa ! ».
C’était l’une des rares fois où Gannel, pourtant habitué aux escarmouches avec l’elfe, paraissait inquiet, voire même effrayé par sa puissance, d’autant plus qu’il connaissait désormais la lignée de l’elfe.
- Cela suffit !
Sa voix glaciale se réfléchissait sur les parois de la montagne, son écho résonnant dans chaque esprit pris au piège dans la caverne.
- Galbatorix a attaqué l’une de vos cités pour atteindre et détruire votre union fragile, et en vous comportant ainsi, vous lui donnez raison. Vous vous dites puissants et sages en tant que chefs de vos clans. Je vous concède le premier point, mais réfute le second. Le plus jeune de nos enfants serait beaucoup plus à même d’analyser la situation et d’agir en conséquence mieux que vous. Reprenez-vous, ou les vôtres sombreront dans le chaos, entraînant avec vous la ruine de tous.
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeSam 5 Mai - 14:24

Le discours platonique de la princesse elfe se répandait tel un venin dans l’esprit des nains, chef ou non, provoquant un silence anormal, surnaturel et terrifiant. L’elfe s’était posée non loin d’Ûndin, essayant du mieux qu’elle le pouvait de rattraper les erreurs inqualifiables de Torgrak, mais elle s’aperçut vite que les dommages étaient bien trop graves. Alors Eragon arriva à vive allure, et il s’arrêta à la vue de cet étrange spectacle : Ûndin, qui l’avait accueilli à bras ouverts lors de son passage à Tarnag, était allongé sur le sol, inconscient. Mais plus étrange encore était l’attitude d’Arya, agenouillée près du corps. Elle paraissait bouillir de l’intérieur, prête à exploser à tout moment. Jamais il ne l’avait vu dans un tel état, pas même après avoir brisé le fairth qu’il lui avait fait lors de sa formation à Ellesméra. Il se retourna et vit l’ampleur des dégâts : les chefs de clan s’étaient regroupés en deux parties : l’un près de Gannel et l’autre près de Torgrak, se lançant les uns aux autres des regards meurtriers. Tous paraissaient outrés par les insultes qu’Arya avait proférées, ayant touché leur point faible : leur honneur. La moindre étincelle pouvait les faire sortir d’eux. Cette étincelle se nommait Saphira.
Dans un grondement du sol, la dragonne se posa au beau milieu des deux fronts qui se faisaient face. A sa vue, Torgrak et un groupe de nains l’assaillit pour venger ceux qui venaient sûrement de périr, mais aussi ceux qui sont morts lors de la Chute, détruits par les dragons félons du mauvais roi. Elle représentait pour eux tout ce qui était mauvais en ce monde. Tout ce qu’il fallait éradiquer.
Saphira fut un peu surprise par cet accueil, mais ne voulant pas envenimer les choses, se résolut à ne pas cracher son souffle de braise. Elle grogna fortement faisant luire toute sa dentition de sorte que les nains puissent y voir leur reflet. Sa queue brassait l’air avec frénésie, la géante prête à bondir sur les petits moucherons. Mais l’attaque n’était pas physique, mais magique. Des boules de feu, créées du côté des Larmes d’Anhûin, l’assénaient de coups, la forçant à battre en retraite, ne voulant pas riposter. Eragon ne se contenait plus. En l’attaquant, il s’en prenait également à lui. Il leva sa paume, la fit picoter avec des éclats argentés, puis s’infiltra dans ses barrières mentales à la recherche de ses formidables ressources magiques. Il s’en appropria et s’apprêta à prononcer des mots d’ancien langage, prêt à se venger de cet affront…lorsque une pluie d’éclairs vert émeraude fusait de toute part.
- Retiens-les, moi je m’occupe des autres.
- Quoi ?
Arya enchaînait les sorts à tour de bras, proférant des « malthinae » ou des « letta brinsingr » ; Les nains la chargeaient, mais furent repoussés par un coup de queue de la dragonne, les projetant cinq mètres plus loin, face contre terre. Tous les nains se faisaient face, et le groupe de Gannel s’apprêtait à contre-attaquer. Eragon comprit alors l’ordre de l’elfe, ils ne pouvaient pas permettre cette effusion de sang. Alors il cria :
- Thrysta vindr !
Leur avance fut stoppée net par un mur invisible, infranchissable. Ils proféraient des jurons en langue naine envers le Dragonnier, qui devait rester concentré à maintenir la paroi en place.
De leur côté, Arya et Saphira s’efforçaient de repousser les forces « ennemies » sans les tuer, ce qui n’était pas une mince affaire vu la force physique de la dragonne et celle mentale de l’elfe. Malgré leurs pouvoirs le flot ennemi avançait vers la position des autres nains, et donc d’Eragon, la panique florissant dans l’esprit de la dragonne.
- Nous n’y arriverons pas !
Alors, pour la première fois de sa vie, longue par rapport à celle des humains mais très courte pour celle de son peuple, Arya sentit un flot immense d’énergie pénétrer en elle, aussi pure que l’eau du lac sacré Röna. Son esprit s’était uni à celui de la dragonne, et ensemble elles arrêtèrent d’un seul bloc la masse naine. Ils étaient tous hypnotisés, incapables de bouger. Une lumière verte, parsemée de pointe turquoise, aveuglait la foule, clouée sur place, et , telle une entité à part entière, s’éleva dans les airs, enveloppant toutes les âmes présentes. Eragon avait l’impression que la sphère se concentrait, cherchant les victimes qu’elle allait frapper. Un grondement sourd, émis par Saphira, résonna avec de plus en plus de puissance dans la caverne, tandis qu’elle brillait d’une intensité féroce. Arya, quant à elle, était devenue tout autre.
Ses cheveux d’un noir de jais voletaient en l’air, soulevés par un vent invisible, et prenaient une teinte d’un bleu nuit, tandis que ses yeux d’émeraude s’assombrissaient. La peau de l’elfe blanchissait encore et encore, engouffrant en elle tout la vitalité alentours. Bientôt ses pieds gracieux ne touchaient plus le sol. Sa concentration était telle qu’elle semblait pétrifiée, prenant la stature d’une déesse. Elle était plus belle que le jour, et plus dangereuse que jamais, son pouvoir plus terrifiant qu’Eragon n’aurait osé l’imaginer. Elle semblait avoir le droit de vie ou de mort dans ce lieu funèbre. Saphira s’appuyait sur ses membres antérieurs et se tint droite, sa tête au niveau de sa complice, et ouvrant ses ailes de toute leur grandeur. Bientôt, son grondement sourd se transformait en un mugissement féroce, faisant vriller la foule, explosant leurs tympans, tout en alimentant l’intensité de la sphère de lumière. Le temps semblait s’être stoppé par la simple volonté de leurs esprits.
Alors, Arya ouvrit les bras, et ensemble elles relâchèrent leur magie en criant, avec une voix irréelle, « Slytha Dvergar », et la boule de lumière désormais gigantesque, éclata en mille et un éclairs aveuglants. La majorité des nains des deux factions s’effondrèrent sur le champ. L’elfe, complètement vidée d’énergie allait s’écrouler sur le sol de cornaline, lorsque Eragon la rattrapa au vol, l’entourant de ses bras. Il était subjugué par ce qu’il venait de se passer. D’un moment à l’autre, son visage était passé d’une beauté mortellement ensorceleuse à une frêle figure, aussi légère et fragile que la brise du matin. Elle ouvrit ses yeux, ayant repris leur couleur émeraude, et lui sourit, le regard empli d’une gratitude immense. Il plongea en retour le sien couleur noisette dans ces joyaux, plein d’amour, mais aussi d’incertitude et surtout d’ébahissement total, les extirpant hors du temps.

« Eragon, Ûndin va mal ! ».
Saphira l’avait alarmé par deux fois avant qu’il ne pût réagir. Il posa alors l’elfe à terre, près de sa compagne d’un moment, et accoura près du chef de clan. Il était parcouru de spasmes et de tremblements. Le poison semblait faire son office, et rien ne pourrait le stopper. Dans un dernier sursaut de lucidité, Ûndin empoigna le bras d’Eragon, de sorte qu’il se rapprochât le plus possible de son visage.
« Trouve Ordarik, Eragon, trouve-le, le plus vite possible. Mon fils est le seul à pouvoir nous sauver d’une nouvelle guerre des clans, et par conséquent sauver la cause des amis des rebelles. Lui seul… » Une douleur infâme le poignarda à l’épaule, lui coupant la respiration pendant quelques secondes. « Lui seul pourra te conduire au Puits de Korgan…Lui seul… ». C’est ainsi qu’un deuxième chef de clan s’engouffrait dans un sommeil éternel.
Eragon devait réfléchir, et vite, la situation l’exigeait. Cela faisait seulement quinze minutes que l’attaque de Tarnag avait été annoncée, mais trop de choses s’étaient déroulées. Ûndin était mort, avait parlé d’un certain Ordarik, qui devait être son fils. Il devait donc sûrement se trouver dans la ville attaquée, voire même sûrement défigurée maintenant. Il devait s’y rendre rapidement. Mais comment ? Il lui avait fallu quatre longs jours passés dans l’obscurité des tunnels creusés dans les entrailles de la terre pour rallier la cité. C’était bien trop long.
Il voyait tous les nains à terre, rendus inconscients par l’exploit qu’avaient accompli ses deux amies. Il se demandait comme elles…
- Au nom de Helzvog, Eragon, qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Orik accourait vers lui. L’elfe n’avait sûrement pas voulu le toucher.
- Je n’en sais pas plus que toi. Cependant nous devons agir, et vite. Il faut calmer les chefs, nous ne pouvons pas nous permettre une guerre intestine.
Une mine sombre passa sur le visage du jeune homme.
- Ûndin est mort, par le poison que lui a infligé la flèche de Torgrak. Avant de mourir, il m’a ordonné de rejoindre Ordarik. Est-ce bien son fils ?
- Oui Tueur d’Ombres, il l’est. C’est un grand guerrier, et sage de surcroît.
Orik émit un petit hoquet lorsque son regard se porta sur le chef défunt.
- Alors il faut que je parte à Tarnag. Je veux que tu assures le commandement des nains ici, Orik. Je sais que je ne peux te l’ordonner, mais tu es le plus à même de gérer, si quelqu’un le peut, la situation. Ûndin m’a donné une piste pour éviter cette guerre, je me dois de la suivre, de par mon affiliation à l’Ingeitum.
Le regard d’Orik semblait recouvrer sa vitalité au cours de cette déclaration solennelle.
- S’il le faut, emprisonne les querelleurs. Mais il faut à tout prix que le sang ne coule à nouveau. Parle-leur mon ami, contiens-les jusqu’à mon retour. Peut-être aurais-je trouvé une solution.
Eragon allait partir, quand il se retourna :
- Je suis désolé de ne pas assister à la fin de la célébration, ni sûrement à l’enterrement d’Ûndin, mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour accomplir sa dernière volonté.
- Alors va mon ami, que Helzvog veille sur vous comme sur nous tous !
Puis Eragon contacta Saphira.
« Comment se fait-il que je ne pusse pas communiquer avec toi lors de ce sort ? Comment… »
« Plus tard » coupa la dragonne. « J’ai une solution pour aller à Tarnag, voilà pourquoi je t’ai pressé petit homme. Cependant tu risques de ne pas aimer. »
Eragon lui indiqua de lui révéler sa suggestion avec une sorte de grimace.
« Par les airs. Je suis plus forte maintenant, et toi aussi. Si on arrive à sortir du cône de Farthen Dûr, on pourra être à Tarnag en dix ou douze heures seulement. J’en ai parlé à Arya, elle veut venir avec nous ».
« Mais je ne pourrais pas respirer là-haut, et toi non plus, tu le sais bien ! »
« Je peux consommer moins rapidement l’oxygène que j’emmagasine. Quant à toi, tu pourras avec ta magie faire monter l’air qui est plus bas. Arya t’aidera »
« Mais tu sais ce qu’elle vient d’accomplir ! Elle ne résistera pas si nous l’emmenons ! »
Eragon sentait la colère et l’incompréhension s’insinuer en lui. Après quelques secondes de calme, il considéra l’hypothèse sous tous les angles, et dut bien admettre que c’était la seule solution valable.
« Arya et bien plus forte que tu ne l’imagines. Et je serai là si besoin est, petit homme ».
Ils se faisaient face, leur visage se rapprochant de plus en plus.
« Très bien Saphira, nous le ferons, si tel est notre destin. Ne perdons pas plus de temps ». Il lui tapota l’encolure et ils partirent en direction de l’elfe.
Ils la rejoignirent, elle s’était relevée, le regard clair, quelque peu fatiguée. Eragon lui fit part de leur accord. Il indiqua à Orik, le visage horrifié par cette tentative qui, selon lui, était un simple suicide, mais il n’objecta pas. Il porta sa main au poitrail en signe de référence au Dragonnier et partit s’occuper de la fin de l’enterrement, ainsi que de la gestion de la crise. Eragon ouvrit alors son esprit loin, loin vers l’ouest, à la recherche de celui d’un des membres du Du Vrangr Gata. Il trouva Trianna, et lui narra les récents événements ainsi que ce qu’ils comptaient faire. Il lui ordonna de rapporter mot pour mot son récit à Nasuada, et lui demanda poliment de veiller sur son cousin. Puis il coupa le lien mental.
Il aida Arya à monter sur sa dragonne, puis sauta devant l’elfe, le soutenant de ses bras gracieux, quand Saphira décolla vers le cône surplombant la ville, semblable au bout d’un tunnel que l’on ne pourrait peut-être pas atteindre…

A des dizaines de lieux d’ici, une femme encapuchonnée vêtue dans un mélange de pourpre et de noir, se faufilait à travers les dédales d’un château. Elle croisa plusieurs gardes sur son passage, qui ne bougèrent pas d’un pouce en l’apercevant. Elle se tenait droite, d’un port de reine, tandis qu’elle descendait un escalier en colimaçon qui paraissait sans fin. Enfin elle s’arrêta à l’un des étages le plus bas, où la lumière ne pouvait percer les ténèbres environnantes que par une seule ouverture, ressemblant vaguement à une porte. La femme se plaça devant elle, marmonna des mots incompréhensibles, et après un craquement sourd, entra dans la pièce. Elle était sombre et humide, composée d’une petite armoire et d’un lit sur lequel était allongé un jeune homme, torse nu, laissant apparaître une immense balafre. C’était Murtagh. Elle s’approcha de lui d’un pas sûr, et extirpa le garçon de sa stupeur. Il se retourna et ouvrit les yeux avec peine, puis les posa sur les contours de la nouvelle venue. Il blêmit lorsqu’il aperçut son visage. Elle avait la peau aussi noire que ses habits, les yeux en amande, le regard froid.
- Nasuada ?

Fin du chapitre

Voilà c'est tout pour le moment, j'espère que ça vous aura plu mais surtout que vous me le montrerez!
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeSam 5 Mai - 17:49

C'est vraiment génial ! <3
Je me demande si t'as seulement fait une faute d'orthographe... :bat:
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeSam 5 Mai - 23:41

Merci beaucoup, ça fait plaisir de voir que mon travail donne du plaisir aux autres.
Quant aux fautes, et bien je fais tout ce que je peux pour ls éviter, d'ailleurs là je suis à ma troisième relecture de ma fic pour toutes les éliminer. Je sais je suis assez perfectionniste, mais bon l'avantage d'être "vieux" comme vous savez bien le dire ( ;) ) est qu'on a l'expérience que vous les jeunes vous n'avea ps encore...lol
Bon il faut que je meremtte à corriger les chapitres suivants. Et oui il m'en reste encore sept en réserve ( !!), et c'est long à corriger, car ils faut être attentif au moindre détail. Et juste pour info, je vous ai donné l'équivalent de 21 pages word, et que j'en ai écris pour le moment pile 100...
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeLun 7 Mai - 11:09

Bon je vois que personne ne répond, tant pis ( :( ). Mais bon c'est pas grave, j'ai fini de passer à la loupe mon histoire jusqu'au chapitre 7 pour éradiquer les quelques fautes qui s'accrochaient encore à mon texte. Dnoc je vous mets la suite maintenant! Bonne lecture aux rares qui vont la lire...

Chapitre 5 : Undora


En une fraction de secondes, poussière d’éternité, il revivait chaque moment passé en compagnie de la jeune femme à Farthen Dûr.
Comment il l’avait rencontrée dans sa cellule, alors que rien ne l’y obligeait.
Comment elle l’avait diverti, ému, amusé, parfois ébahi, voire même choqué, lors de leurs conversations, en dépit de sa lignée, vu qu’il était l’enfant d’un Parjure. Il se rappelait les fins contours de sa silhouette, qui contrastait d’autant plus avec la rudesse, légendaire mais pourtant réelle, des nains. Il revoyait l’unique perle qui s’était écoulé sur sa pommette gracieuse, lorsqu’elle lui avait donné sa confiance en lui révélant l’un de ses secrets : sa mère, Falana, était une magicienne, une sorcière, qui adorait se servir des ses pouvoirs sur autrui, Nasuada étant sa cible privilégiée. Un sourire s’étirait sur ses lèvres pulpeuses lorsqu’il la réconforta, relatant son histoire, voisine de celle de la jeune femme, à la différence près que c’était son père qui lui était cruel.
Comment son père Ajihad l’avait prise avec lui pour fuir vers le Surda, pendant que le sommeil englobait l’être maternel.
Comment il avait compris pourquoi Nasuada détestait tant la magie, symbole vivant de son passé douloureux.
Puis le combat dans Farthen Dûr. Les hurlements de douleur. Le bruit sourd des flèches transperçant le vent puis la chair. Sa tenue de camouflage, une cotte de maille imposante, surmontée d’un casque au front prononcé, plongeant celle qui se tenait à l’intérieur dans une profonde obscurité, accentuée par sa peau d’ébène.
Comment il l’avait sauveé d’un Urgal qui l’avait désarmée. Son cri de victoire sur l’ennemi puis la fureur d’Ajihad en la voyant sur le champ de bataille.
Comment elle devait le haïr maintenant, lui à qui elle avait donné sa confiance et qui l’avait trahie, elle et tant d’autres.

Le cœur du jeune homme s’obscurcissait à cette pensée.
Elle qui…
Une conscience étrangère effleura son âme, et toutes pensées furent annihilées d’un seul coup, Murtagh se protégeant derrière ses barrières mentales. Mais l’esprit ennemi était d’une force extraordinaire, et perça les défenses du jeune homme et perçut alors les dernières images du Dragonnier. Un sourire narquois s’étirait sur ses lèvres. Puis la pression se fit moins forte, et disparut. Le visage dur de la femme fixait celui du jeune homme d’un regard mauvais.
- Nous ne sommes pas ici pour rêvasser ou nous amuser. Je t’ai fait amener quelques petites choses pour te nourrir. Rejoins-moi dans vingt minutes sans faute dans la salle du trône. Je n’aime pas attendre, alors ne sois pas en retard.
Puis la femme se releva, prit une posture altière, se dirigea vers l’ouverture, proférant quelques mots pour la laisser ouverte, et disparut sans laisser la moindre opportunité au jeune homme de poser les myriades de questions qui se bousculaient dans sa tête.
Comment Nasuada pouvait-elle être dans le château de son pire ennemi ? Comment avait-elle fait pour s’introduire dans son esprit avec une telle férocité ? Et pourquoi lui aurait-elle caché ses pouvoirs ? D’ailleurs, elle semblait autrefois détester la magie, pourquoi s’en sert-elle alors ? Le haïssait-elle tant que ça ?
Cela n’avait pas de sens.
Cinq minutes s’étaient écoulées, et il n’avait toujours pas bougé d’un pouce. Il s’en aperçut, tous ses sens en alerte. Il engouffra alors la maigre miche de pain qu’elle lui avait amenée, manquant de s’étouffer entre deux bouchées, l’eau l’aidant à faire passer la nourriture dans son corps. Il s’habilla à une vitesse folle, portant les premiers vêtements qu’il trouvait. Une fois prêt, il enjamba les marches en colimaçon quatre à quatre, lorsque Thorn le contacta.
« Prends garde Murtagh, elle semble dangereuse. As-tu pris Zar’roc avec toi ? »
Le visage du jeune homme se pétrifia. Comment avait-il pu oublier son épée ?
Il redoubla alors d’intensité et d’efforts, dévala les marches, reprit et ceignit son épée à sa ceinture, puis, hors d’haleine, après une dizaine de minutes de lutte contre la pierre, il approcha de la salle du trône, tout en marbre blanc, provoquant la figure noire qui se trouvait en son centre.
Il la voyait dorénavant en plein jour, face à la lumière. Ce n’était pas Nasuada. Elle avait les traits beaucoup plus durs que ce dont il se rappelait de la jeune femme, et son regard était d’acier, empli de défiance et de cruauté. Au soleil on apercevait les rides qui s’étaient creusées sous les yeux et le front de la femme. Néanmoins elle lui ressemblait beaucoup. Alors il comprit : c’était la mère de Nasuada.

Le jeune homme s’approchait de la femme, le regard imperturbable et glacial, don que lui avait fait son père Morzan. A cinq petits mètres d’elle, il s’arrêta, et attendit qu’elle lui parle. Les statues alentours le scrutaient de leurs yeux sans vie, une étincelle de fierté mortuaire dans le regard. Ils avaient été jadis les rois humains qui gouvernaient les terres centrales de l’Alagaësia, dont l’héritage avait été usurpé par Galbatorix. Avec un sourire sadique, la femme entrouvrit la bouche, et un son caverneux, à glacer le sang, fit vriller l’air à proximité :
- Je vois que tu as enfin compris qui j’étais. Je me nomme Undora. Le roi m’a ordonné de « t’éduquer » pendant son absence. Je crains qu’il ne t’ait que trop dorloté auparavant, cela va changer. Ton dragon et toi allez passer des moments pénibles en ma compagnie, cela est certain, mais c’est la seule manière pour vous deux « d’exprimer » totalement votre allégeance au souverain.
- Comment êtes-vous arrivée à la cour du roi ? Et pourquoi devrais-je me soumettre à vous ? Galbatorix sait très bien que j’ai de grands pouvoirs, personne n’a besoin de m’entraîner.
Le garçon fulminait. Un goût acre s’empara de sa bouche au moment où une vague de dégoût s’emparait de son âme à la vue d’Undora.
- D’après ce que j’ai pu voir, tu es un piètre magicien. Il ne peut se le permettre.
Ces paroles résonnaient dans la tête de Murtagh comme le venin s’insinuant dans la moindre fibre de son corps. Une fureur sourde s’emparait de son cœur, se muant en une rage sans nom. Jamais on avait osé le traiter ainsi, excepté Galbatorix, seul à pouvoir le tenir en respect. Undora allait payer son insolence.
Il ouvrit alors son esprit, cherchant à pénétrer dans celui de sa rivale. Mais il fut trop lent. Elle s’était délectée de la réaction du jeune homme, et savourait déjà sa victoire. Elle rassembla ses forces magiques et se lança à l’assaut de l’esprit du Dragonnier, alors qu’il venait tout juste d’ouvrir son esprit, comme si elle savait quand il allait le faire. Cela eut un effet immédiat. Murtagh se retrancha profondément derrière ses défenses mentales, luttant pour sa survie. Jamais il ne s’était senti si démuni face à quelqu’un. C’était un flot d’énergie pure, qui s’évertuait à éventrer le bouclier mental du nouveau Parjure par la plus petite des brèches possibles. Son mental se retrouvait compressé dans un étau, qui resserrait de plus en plus sa prise. Alors le corps étranger quitta Murtagh, retrouvant son intégrité, mais pas sa force. Ses jambes avaient du mal à le supporter, et il dut s’agenouiller lorsque son membre droit vacilla.
- C’est tout ?
Elle laissait ses paroles faire leur office, et s’extasiait à ce spectacle.
- Nous avons donc beaucoup de travail, cela est certain. Espérons que ton dragon sera plus…compétitif que toi !
Murtagh aurait voulu répliquer, mais il se sentait vide, ses forces l’avaient abandonné. Undora convoqua alors Thorn dans la salle du trône, ouvrant le gigantesque dôme de la salle pour le laisser pénétrer à l’intérieur. Après une minute d’attente, le dragon écarlate virevolta dans la salle, une fureur démente dans les yeux. Il gronda intensément en direction de la femme, mais celle-ci ne s’en souciait guère. Il avait du ressentir la douleur de son Dragonnier lorsqu’il avait été attaqué.
Sans même se présenter, ou dire quoi que ce soit d’autre, Undora s’attaqua à l’esprit du dragon. Une toute autre partie venait de s’entamer, la magie ruisselant dans le corps du dragon étant incomparable à celle d’un humain. Cependant il avait du mal à résister à l’assaut mental de l’ennemie. Jamais il n’avait effleuré une telle puissance de la part d’un humain, et cela le terrifiait. Il n’osait imaginer ce que le roi lui-même serait capable de lui faire subir. Le dragon se redressa de tout son corps, ses membres antérieurs en l’air. On pouvait apercevoir la blessure que lui avait infligée le roi avec l’huile de Seithr. Même si sa patte avait recouvré toute sa force, les cicatrices qu’elle portait étaient les témoins de la punition qu’il avait subie, séquelles que le roi avait sûrement dû désirer pour ne pas autoriser Murtagh à la soigner par magie.
Undora se concentrait comme jamais, son regard d’acier plongeait dans celui de braise du dragon. Une veine palpitait à la base de son cou. Thorn semblait s’affaiblir, ce qui valut un maigre sourire à la femme. Alors il contacta son Dragonnier :
« Aide-moi Murtagh, elle devient dangereuse. Il faut que tu crées une diversion. Je lui réserves une petite surprise ».
Alors le jeune homme semblait retrouver ses forces à mesure qu’une infime partie de l’énergie de son dragon se déversait en lui. Il empoigna Zar’roc, la sortit de son fourreau à une vitesse hallucinante, concentrant son regain d’énergie à la célérité de son geste. Undora para le coup de justesse de sa lame d’un vert sombre avec une telle force que le jeune homme fut projeté un mètre plus loin. Aussitôt un jet de flammes sortit de la gueule du dragon rouge, et sans prononcer un seul mot, elle stoppa le brasier qui s’apprêtait à la dévorer. Elle paraissait essoufflée, surprise et donc d’autant plus colérique. Elle ne remarqua cependant pas que le bas de sa tunique n’avait pu être protégé à temps du souffle de braise de Thorn. Elle s’affola, puis proféra « Letta brisingr » pour éteindre le feu qui consumait maintenant le bas de son châle. « Maintenant » pensèrent en chœur les deux compères.
En une fraction de secondes, il se releva et tout son corps s’élança vers celui de leur nouvelle « préceptrice », l’épée rouge sang pointe en avant. Le corps de la jeune femme vrilla sous l’effet de surprise, mais pas assez rapidement. La lame venait de se planter dans son avant-bras gauche, un petit cri de douleur mêlé d’étonnement s’échappant bien malgré elle de sa bouche. Puis un large sourire narquois s’esquissait sur ses lèvres, son regard prenait une teinte de feu, ses yeux provoquant le jeune Dragonnier.
Avec un effroi grandissant, Murtagh regardait le bras mutilé de la jeune femme de venir de plus en plus translucide, jusqu’à ce que la lame ne pût être arrêtée et qu’elle cédât à la gravité. Une horreur sans nom l’envahit tandis que Zar’roc s’effondrait au sol, incapable de la retenir. L’avant-bras d’Undora reprit une certaine consistance, et redevint aussi réel que l’extase qui luisait dans les yeux de la femme devant son « apprenti » transfiguré par la peur.
Undora, la mère de Nasuada, était en fait un Ombre.

Fin du chapitre.


Dernière édition par le Lun 7 Mai - 22:03, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeLun 7 Mai - 11:12

Chapitre 6 : De l’art d’éprouver son disciple


Cela faisait deux jours que Murtagh subissait l’entraînement d’Undora, un Ombre qui était aussi la mère de Nasuada. Enfin, elle l’était avant d’être possédée par des esprits diaboliques. Le jeune homme s’interrogeait d’ailleurs sur les causes de cette prise de pouvoir. Etait-elle mauvaise avant sa transformation ? L’y a-t-on forcé ? Cela le dépassait, mais pour l’instant il devait se contenter de résister aux assauts effroyables, de plus en plus insupportables, pour lui comme pour son dragon, du démon. Chaque fois qu’il retrouvait sa couche, il était exténué, se sentait vidé de l’intérieur, comme après un lavage de cerveau. Il comprenait maintenant ce que voulait son roi : l’aliéner. Par intrusion de son esprit, son serviteur démoniaque s’assurait petit à petit que le jeune Dragonnier respecterait tout ordre de son suzerain. En outre il voulait qu’il devienne comme Undora, c’est-à-dire son pantin. Mais pourquoi alors torturer ainsi son dragon ? Le roi ne savait pourtant que trop bien que le dragon écarlate devrait suivre tous les ordres de son Dragonnier, leur relation psychique étant bien loin de celle unissant son petit frère à Saphira. Faisait-il cela par pure vengeance ?
De la bile amère parfuma alors sa bouche, symbole vivant de la haine qui rongeait le cœur de Murtagh. Haine contre son « roi », qui le soumettait aux plus odieuses de ses requêtes. Haine contre son frère qui l’abandonnait à son sort. Haine contre l’Alagaësia toute entière, qui ne voyait en lui qu’un puissant Parjure, espèce à éradiquer de ce monde.
Pour l’heure, il devait se contenter de profiter des quelques instants de répit qu’on lui offrait, son sort semblant sans issue.
« Relève-toi Murtagh » lui transmit par la pensée son dragon rouge.
« Ne perds pas espoir, je suis sûr qu’Eragon a compris que nous étions pris au piège. Et Shruikan lui-même a réussi à me confier qu’il était sous l’emprise du roi. Enfin il m’a plutôt dit « Elle me contrôle ». Je n’arrive pas à savoir de qui il pouvait bien parler, ou si c’est l’effort de communiquer librement qui l’a quelque peu troublé. Toujours est-il que le dragon noir est le plus de tous sous le joug du roi, s’attachant perpétuellement à le corrompre, et qu’il est arrivé à se libérer de son emprise, du moins quelques instants. Je soupçonne donc qu’il en soit ainsi pour nous deux beaucoup plus qu’on voudrait nous le faire croire ».
Les paroles de Thorn se déversaient dans l’esprit de Murtagh comme du miel coulant dans la gorge. Elles étaient douces et réconfortantes, malgré la sonorité rauque du dragon, mais surtout elle lui redonnait un espoir de liberté.
« Murtagh, cache cette information lors de nos entrevues avec l’Ombre, il ne faut pas qu’elle sache pour Shruikan. Il subirait maints tourments si le roi l’apprenait »
« Oui en effet Thorn. Ce secret sera bien gardé ». Il fit une pause avant de reprendre.
« Je suis heureux que nous puissions parler comme cela et je comprends pourquoi tu étais si peu communicatif. Promets-moi que dorénavant nous discuterons de ce qui nous tiens à cœur ».
« Bien sûr Murtagh. Il faudra rester soudés si on veut survivre ici ».
« Bon il faut y aller, je ne voudrais pas qu’elle soit déjà furieuse dès notre arrivée si nous sommes en retard ».
« Tu montes ? » répliqua Thorn de son œil malicieux, d’un rouge éclatant, brillant à la lueur du soleil levant.
Et ils s’envolèrent vers le dôme ouvert surmontant la salle du trône, où les attendait Undora, vêtue ce jour-ci d’un tunique verte sombre, assortie d’un châle blanchâtre virant au gris. Tout en elle suintait la corruption, comme si le mal en elle se personnifiait aussi dans les objets en contact avec son hôte.
Comme à son habitude maintenant, elle les accueillit par une attaque mentale puissante, mais les deux compagnons, rengaillardis par ce début de matinée très jovial, très complice, comme ce fut le cas il y avait fort longtemps, trop au goût de Murtagh, ils luttèrent de concert contre l’assaut de la femme. Celle-ci serra les dents, et resserra son emprise sur les deux esprits adverses, n’ayant pas coutume de lutter contre eux deux en même temps. Mais Thorn et son Dragonnier étaient cette fois-ci les plus forts, leur barrière mentale semblait telle un rempart infranchissable, gardienne indomptable de l’intégrité des deux comparses. Alors elle se retira, libérant ces derniers de l’effort de concentration qu’ils s’évertuaient à entretenir.
- Bien, je vois que nos entraînements n’auront finalement pas été vains. Nous allons donc pouvoir passer à l’étape suivante de votre apprentissage. Vous verrez, cela sera très…instructif .
Un fin sourire, quasi indiscernable, s’étirait sur le visage de l’Ombre, qui arpentait toujours sa rapière qui se mariait parfaitement avec la teinte de sa tunique. Elle se concentra profondément, absorbant autour d’elle l’énergie qu’elle pouvait acquérir, vidant l’espace de tout mouvement, même aussi fugace que celui d’un brin de poussière. La salle de marbre blanc devenait totalement irréelle, les murs hurlant à l’agonie, leur douleur se répandant dans l’atmosphère environnante. Les cheveux noirs d’Undora prenaient peu à peu une couleur rougeâtre, en harmonie avec le reflet brillant présent dans les yeux fiévreux de l’adepte des magies occultes. Murtagh, ainsi que Thorn, étaient horrifiés par le spectacle se déroulant sous leurs yeux. L’assurance et la fierté qui s’étaient emparées d’eux après la victoire sur l’Ombre s’évaporaient comme une glace au soleil, les remplaçant par un effroi sans nom. Ils ne pouvaient imaginer ce qui les attendait. A raison.
En une langue totalement inconnue du Dragonnier, pourtant très familier du langage magique, Undora convoqua des forces souterraines, enfouies depuis peut-être des millénaires dans les entrailles de la terre. Un halo rouge sang entourait maintenant Undora, déversant sa magie malfaisante dans la tâche qu’elle accomplissait. Puis ils apparurent.
Deux esprits prirent place dans la salle sous forme éthérée, une rage folle s’en dégageant. Ils semblaient bien plus maléfiques que l’Ombre elle-même, bien que Murtagh et son dragon l’imaginassent très mal, le roi excepté bien sûr. Ils allaient payer l’outrage qu’Undora avait fait en les ramenant au monde vivant, réel. Voilà ce qu’elle sous-entendait par la prochaine étape de leur apprentissage.
Alors, les deux esprits diaboliques assaillirent le jeune homme et son dragon, ne leur laissant aucun répit, déchirant leur esprit, absorbant leurs souvenirs. Murtagh luttait avec Thorn pour préserver le secret qu’il venait d’apprendre, ainsi que certaines bribes de mémoire les plus intimes. Le reste était lâché en pâture aux deux âmes assoiffées de pouvoir et de sang. Tous ses souvenirs d’enfance furent violés et souillés, exceptés les rares moments de bonheur passés avec sa mère Selena. Il conserva aussi les joutes avec Eragon dans le désert, témoins de leur ancienne complicité ; enfin les moments les plus intimes partagés avec son dragon, comme leur dernière conversation. Tout le reste était bafoué et broyé dans le mental du jeune homme. En accord avec sa monture, il transféra ses trésors personnels dans la conscience de son dragon, sentant son esprit faiblir sous l’impulsion des assaillants. Et il eut raison.
A peine avait-il accompli se dernière tâche que ses dernières barrières mentales cédèrent, laissant tout loisir aux deux esprits de s’installer dans le corps de Murtagh, prenant alors son contrôle. Thorn, étant beaucoup plus résistant de par son sang de dragon, avait contenu l’attaque et les avait repoussé. Enfin, le croyait-il.
Le corps de son Dragonnier s’était imprégné des deux maléfices, laissant un repos à Thorn, croyant qu’il avait réussi l’épreuve. C’était sans compter l’imagination débordante d’Undora en matière de cruauté. Murtagh empoigna Zar’roc et s’approcha d’un air menaçant de son dragon, une lueur rougeoyante dans ses yeux. Puis il attaqua. Dans un réflexe que seul un dragon peut posséder, Thorn gonfla ses ailes vers l’avant, projetant son dragonnier contre l’un des murs de marbre blanc, Zar’roc tombant auprès du dragon. Après la surprise, Thorn sentit la fureur l’envahir, tel un venin. Mais il savait que ce n’était pas Murtagh qui agissait, mais les deux âmes qui le contrôlaient. Il devait aider son Dragonnier à se libérer de cette emprise, le spectacle d’un affrontement, sûrement terrible, entre les deux partenaires ferait bien trop plaisir à Undora. Il lança alors des messages d’alerte, d’aide vers Murtagh, implorant à la partie soumise de lutter contre les envahisseurs et d’accepter son aide mentale.
Sans réponse. Un mur infranchissable s’était dressé autour de l’esprit du jeune homme, lui permettant d’attaquer sa monture sans vergogne. L’épée de Morzan râpait sur les écailles du dragon écarlate, et parfois lui transperçait la chair, arrachant des cris de douleur à ce dernier. Murtagh ne ressentait même plus ces souffrances par le biais de leur lien mental. Thorn en était affolé. Il lui donnait des coups de pattes en rangeant ses griffes, même si de temps en temps elles éraflaient le corps de Murtagh. Du sang coulait sur le sol nacré, du dragon comme de l’assaillant. Zar’roc rutilait de joie. Thorn était maintenant en piteux état, mais résistait temps bien que mal, il devait sauver son ami. Alors il essaya une dernière tentative pour vaincre les adversaires, devenant plus fort chaque seconde. Il s’appuya sur ses membres postérieurs, élevant ses ailes desquelles s’écoulaient une bonne dizaine de lignes de sang, mugissant un cri puissant. Murtagh allait frapper le ventre du dragon lorsqu’il reçut en même temps deux violents coups sur chacun de ses flancs, l’immobilisant totalement. Les griffes s’étaient toutes resserrées autour du corps, formant une cage d’os qui compressait sa victime. Murtagh en eut le souffle coupé, une pointe de surprise et de peur transparaissant sur le visage du jeune homme, effet recherché par le dragon.
Ce dernier lança à cet instant sa force mentale à l’assaut de celui de Murtagh, et réussit à s’infiltrer dans la brèche créée par la soudaine attaque. Il identifia l’esprit de son ami et l’engloba d’un halo rouge protecteur. Les yeux couleur rubis du dragon plongeaient dans ceux de son ami, sa gueule restant entrouverte. Alors ils entreprirent de chasser les deux ennemis. Chacun des deux camps prenait le dessus à tour de rôle ; cependant les forces du dragon s’amenuisaient à mesure que ses blessures le faisaient atrocement souffrir. Ne pouvant les chasser, ils n’avaient plus qu’une solution : les tuer, ou être tués. Dans un dernier soubresaut d’énergie, le dragon gronda et fit résonner un feu naissant, l’éclairant de l’intérieur, ses écailles brillant de milles feux. Mais il n’était pas physique, matériel, mais mental. Il agrandit l’ouverture de sa bouche, et un flot d’énergie couleur rubis se déversa vers l’âme du jeune homme, l’enveloppant d’une atmosphère incandescente, où nul œil ne pouvait le voir. Ensemble, ils brûlèrent petit à petit les membranes spirituelles des envahisseurs, puis le cœur de leur âme. La chaleur palpitait sur la peau du Dragonnier, le couvrant de mille maux, mais il devait tenir. Les deux âmes hurlaient de douleur, apparaissant sur les traits haineux de Murtagh, puis ils disparurent. Le Dragonnier et sa monture s’effondrèrent aussitôt, la secousse faisant vriller les statues alentours. Thorn, très affaibli, était soumis à de faibles convulsions. Il commença à lécher ses plaies, gardant tous ses sens en alerte, ne se méfiant que trop de l’Ombre.
Celle-ci semblait satisfaite et du spectacle auquel elle avait assisté, et du résultat de ses deux disciples. Elle les congédia simplement, au grand soulagement du dragon, leur spécifiant de revenir le surlendemain dans les mêmes conditions.
Murtagh était à bout de force. Thorn, malgré ses innombrables blessures, parvint avec difficulté à porter son Dragonnier à la base de son cou, et le transporta jusqu’à la couche des dragons, où il y avait beaucoup plus d’espace, mais aussi de sérénité, depuis l’absence du grand dragon noir. Murtagh gratifia son compagnon d’un simple « merci », empli de toute la gratitude qu’il pouvait lui transmettre, avant d’être emporté dans le monde onirique. Thorn atterrit alors, déposa son ami sur sa couche et s’enroula autour de lui, sa chaleur englobant son âme et son corps.
La nuit était noire lorsqu’il se réveilla. Des poils roux lui chatouillaient le visage, un ronronnement beaucoup plus fin que celui de son dragon vibrant dans ses oreilles. Il ouvrit les yeux avec difficulté et s’aperçut qu’un chat assez étrange l’observait sans ciller. Le jeune homme se demandait pourquoi un tel animal le regardait comme un humain le ferait. Il allait se lever après avoir patienté quelques minutes, lorsque l’invité lui transmit par la pensée :
« Va dans la chambre royale, Dragonnier. Là seul peut-être trouveras-tu la voie que tu recherches ».
« Co…Comment peux-tu communiquer avec moi ? » répondit Murtagh, avant qu’il ne se rende compte que le mystérieux visiteur avait déjà pris la poudre d’escampette.
« Nous avons parlé pendant que tu dormais » lui dit alors Thorn.
« Bien qu’il ne soit que très peu bavard, il m’a juste annoncé qu’il avait quelque chose d’important à te communiquer, sans me dire quoi. Considérant qu’il ne représentait pas une menace, je lui ai accordé le droit d’attendre ton réveil, même si un en-cas ne m’aurait pas déplu »
Murtagh concentrait toujours ses pensées sur la déclaration du chat. Il n’avait même pas remarqué la petite note d’humour de son partenaire.
« Comment s’appellait-il ? »
« Solembum ».

Fin du chapitre
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeLun 7 Mai - 11:14

Chapitre 7 : Les serres de l’aigle


Angela n’avait pas revu Solembum depuis une dizaine de jours. Il avait disparu le lendemain de la bataille des Plaines Brûlantes. Mais la sorcière ne s’en inquiétait guère : le chat-garou avait l’habitude de partir des jours durant sans signe avant-coureur. C’était dans leur nature, pensait-elle. Cependant cette absence prolongée l’attristait, car Solembum était le seul à qui elle pouvait se confier, mais aussi sur qui déverser son trop plein d’énergie lorsqu’elle en débordait, ce qui était dorénavant le cas. Depuis qu’Eragon avait refusé d’aider sur-le-champ Elva pour briser le maléfice qu’il lui avait malencontreusement jeté, la moindre petite chose dérangeante la courrouçait. Elle ne savait pourtant que trop bien que le Dragonnier avait eu raison, qu’il fallait réunir les conditions de la « bénédiction » pour la lever.
C’est avec cet état d’esprit assez épicé qu’elle se dirigeait vers la tente de Nasuada, la chef des Vardens, qui l’avait conviée à venir la rejoindre pour des questions militaires, bien qu’elle ne fusse en rien concernée par les intrigues de la jeune suzeraine. Elle accepta cependant, mais ne s’était décidée à la joindre que deux heures après avoir été « convoquée ».
Nasuada dormait profondément lorsqu’Angela arriva au seuil de ses appartements privés. Elle avait pris en considération les propos d’Orrin, le roi de Surda, au sujet d’un repos réparateur, même bref, dans le surmenage quotidien. Elle vagabondait dans les méandres du monde onirique, retraçant ça et là son parcours, sa vie. Elle revoyait sa mère sombrer de plus en plus dans la folie, la fillette en faisant les frais. Son attachement avec Jormundur, lui aussi habitant à Eoam, compensant le manque évident d’affection maternelle. Puis le départ avec lui et son père vers le Surda. Elle imaginait sa mère, découvrant le lit vide de la jeune fille, une rage folle sur le visage. Sa vie à Surda, puis à Tronjheim, appuyant son père dans sa tâche de chef des Vardens, parfois même travaillant dans son ombre. Les filandres de sa mémoire se resserrèrent sur les événements récents, l’agitant de quelques soubresauts, témoins du trouble persistant dans l’esprit de Nasuada. Elle revoyait son père tué par les Urgals au fait même de leur victoire. Son enterrement, puis la passation de pouvoir grâce à l’appui d’Eragon. Le roi nain Hrothgar étendu sur le sol, tué vilement par Murtagh, le nouveau Dragonnier à la botte de Galbatorix. Cette trahison l’affectait énormément. Le retour vers Cithrí, et la vie précaire du voyage. Puis l’annonce de l’attaque de Tarnag, et la destruction des réserves alimentaires naines. Cette dernière pensée sortit la jeune femme de sa torpeur. Sur son front perlaient quelques gouttes de sueur. Ses cheveux, d’un noir d’ébène, s’étaient ébroués, perdant leur ordre naturel. Elle reprit contenance en quelques secondes lorsqu’elle s’aperçut qu’Angela se tenait devant elle, un air amusé sur le visage, assise dans l’unique fauteuil offert aux invités de la suzeraine des Vardens. La sorcière aimait particulièrement mettre dans l’embarras les rares personnes qu’elle côtoyait.
Nasuada prit une longue inspiration, laissant l’air gonfler sa poitrine, et commença à discuter avec Angela :
- Bonjour Angela. Je t’ai demandé de venir ici pour avoir ton avis sur la situation maintenant très délicate des Vardens.
- Je suis très honorée de cette marque de confiance Nasuada, fille d’Ajihad. Que voudrais-tu savoir ?
- Notre position est plus critique depuis l’attaque surprise de Tarnag. Les récoltes naines ont été réduites à néant, or nous avions déjà installé un rationnement des denrées alimentaires, celles du Surda ne suffisant pas à nourrir et les Surdans et les Vardens.
- Je suis désolée ma Dame, mais je ne vois toujours pas en quoi je pourrais vous être utile. Je ne peux malheureusement pas faire apparaître du pain par magie !
Le ton sec d’Angela crispa encore plus Nasuada, son orgueil déjà froissé par l’admission de cette triste réalité devant la sorcière.
- Je le sais bien, ce n’est pas là ce que je vous demande. Peut-être penserez-vous à une solution que je n’aurais pas envisagée.
Angela se fit plus douce avec la reine, comme atteinte par la tristesse régnant dans la pièce et le cœur de Nasuada.
- Il me parait clair que les elfes ne pourront pas nous approvisionner en vivres. Ils sont d’une part bien trop éloignés de notre position, et d’autre part leur nourriture ne correspond que trop peu à celle des hommes.
Elle fit une pause avant de reprendre.
- Avez-vous consulté Orrin à ce sujet ?
- Evidemment, même si cela ne m’enchantait guère. J’ai dû essuyer un refus, ce qui était prévisible.
- Avez-vous envoyé des missives, voire des hommes aguerris et courageux, vers les villes voisines de l’Empire, leur contant les exploits d’Eragon et Saphira et la débâcle de l’armée de Galbatorix ?
- Oui en effet. Jormundur a voulu lui-même se charger de la ville de Dras-Leona. D’autres sont partis vers Kuasta et Marna. Marcus Tabór, le gouverneur de Dras-Leona, sera je pense le plus difficile à convaincre de rallier notre cause. C’est pourquoi le chef du Conseil des Anciens y est allé. Il est le seul, si on le peut, à pouvoir influencer Tabór.
- Cependant, ma Dame, même si nous obtenions l’aide de ces cités, ce qui semble toutefois assez peu probable, nous n’obtiendrions aucun matériel qui nous est nécessaire avant des semaines, voire des mois, connaissant la lenteur des convois humains, d’autant plus qu’ils viendraient des territoires de l’Empire, un parfait terrain de chasse pour les mercenaires. Il faudrait qu’ils assurent la sécurité des convois, ou, pire, que nous le fassions à leur place. Non, je ne pense pas que notre salut se situe de ce côté…
- Alors vous arrivez à la même conclusion que moi !
Le regard perdu de Nasuada était empli d’un profond désarroi. Il semblait n’y avoir aucune issue, aucune échappatoire. Le roi vaincrait bientôt les Vardens, et toute résistance sera alors vouée à l’échec.
- Il y a peut-être une autre voie, Nasuada.
Angela laissait ses paroles pénétrer dans l’esprit de la jeune femme, son visage transfiguré par la surprise, l’excitation, mêlées à la peur, connaissant dorénavant le caractère…peu conventionnel de la sorcière. Son idée d’empoisonner les rangs ennemis avant la bataille en était la parfaite illustration.
Elle inspira profondément, et parla d’un ton solennel, articulant doucement de sorte que la jeune femme entende chacune de ses paroles :
- Les Vardens possèdent d’autres alliés, mais ne veulent apparemment pas les admettre comme tels.
La sorcière exaltait au son de sa propre voie, la stupeur de son interlocutrice virant peu à peu à la colère.
- Je parle bien évidemment des Urgals.

Nasuada allait répliquer, une fureur intense aveuglant toute raison, lorsque Trianna entra en trombes dans la salle du « trône ».
- Ma Dame, les elfes qu’Islanzadi nous a envoyés sont enfin arrivés. Puis-je leur permettre d’avancer.
- Bien sûr, faites-les entrer.
Elle se tourna vers Angela.
- Dès que j’en aurai terminé avec nos amis, il faudra que l’on reparle de cela. Aussitôt. Et s’il vous plaît, ne soyez pas en retard cette fois.
Le ton de Nasuada avait été assez direct, bien qu’une note d’amusement transparût dans sa voix ainsi que dans ses yeux malicieux.
Six elfes en tout s’introduisirent dans cette salle de taille modeste dédiée par le roi à Nasuada. Ils étaient tous vêtus d’une longue tunique blanche, brodés avec des filaments d’or les plus fins. Leur étoffe paraissait plus douce que la soie et les motifs entrelacés que l’on pouvait apercevoir semblaient tous plus complexes les uns que les autres. Les tenues humaines, et donc aussi celle que la reine portait, étaient d’une texture bien grossière comparée au chef-d’œuvres qui scintillaient aux yeux de la suzeraine, stupéfaite. Cela donnait à leur porteur une supériorité par rapport à leurs hôtes dont il n’avait aucunement besoin, leur prestance naturelle assurant un profond respect mêlé d’une irrépressible crainte à tout étranger de la race du « Beau Peuple ». L’un d’entre eux, plus grand que les autres, s’avançait vers Nasuada, s’apprêtant à porter deux doigts à ses lèvres, courtoisie élémentaire des elfes. Il avait les yeux d’un bleu azur le plus pur, tel un océan turquoise, dans lequel Nasuada pouvait plonger à plaisir. Ses cheveux d’un blond comme les blés, paraissaient vivre en harmonie avec la nature, leur conférant leur force et leur texture surhumaine. Tout en lui avait quelque chose d’envoûtant. Le charme fut rompu lorsque l’un de ses congénères, plus petit, son visage d’un même blanc d’albâtre mais avec des cheveux d’un noir d’encre, bien plus que les siens, rattrapa le bras de l’elfe blond. Il s’avança alors et débuta à parler avec Nasuada comme un autre humain le ferait avec elle.
- Dame Nasuada, je suis enchanté de vous rencontrer enfin. Je m’appelle Vanir, de la Maison d’Haldthin. Voici Unuír, Eldin, Folán, Manuín et Pelanon ( l’elfe blond ). Notre reine Islanzadi nous a envoyés pour vous prêter main forte en ces temps troubles.
- Bienvenus sieurs elfes, vous étiez plus qu’attendus par vos amis indéfectibles que sont les Vardens. Trianna, la magicienne en chef du Du Vrangr Gata, m’a très brièvement indiqué votre projet d’aller à Farthen Dûr. J’aimerais, si vous y consentez, connaître les raisons qui vous ont poussés à vous y rendre.
- Bien sûr. Nous formions un contingent de douze dignitaires elfes, un de chaque Maison, envoyés par notre reine, la grande et sage Islanzadi, pour venir en aide au jeune Dragonnier et vous porter assistance. A environ vingt lieux de la pointe ouest des Beors, où le mont Unokin, ou Hrothmer en langage nain, ouvre les terres florissantes menant au Surda, nous reçûmes une transmission télépathique de Dame Arya. Elle se trouvait alors à Tronjheim, la capitale des Dvergars. Des nains, rectifia-t-il en voyant le visage interrogateur de la jeune femme.
Elle désirait que l’on se dirige d’abord vers leur cité, craignant des troubles entre les chefs de clan nains après la mort, tragique, de Hrothgar. De plus elle nous avait signalé qu’Eragon le tueur d’Ombre l’accompagnait. Nous avons donc jugé judicieux de nous rendre à cet endroit.
Vanir fit une pause avant de reprendre.
- Une lune et demie plus tard, alors que nous nous trouvions à seulement une lieue du lac Kóstha-Mérna, cachant subrepticement l’entrée du monde libre des rebelles, Dame Arya nous envoya un message d’alerte très inquiétant. Ces craintes en ce qui concernait les chefs de clan se précisaient et s’avéraient exactes. Nous dûmes presser le pas pour prêter soutien et à notre ambassadrice, et aux nains, mais ce ne fut que bien trop présomptueux. Arya avait du intervenir, et on ne sait par quel miracle, elle a pu mettre à terre tous les nains belliqueux présents à l’enterrement de leur défunt roi. Vous connaissez sûrement la suite. Le Dragonnier, sur lequel nous devions veiller, nous dicta par la plus grande sagesse et la plus imposante force ce qu’il était nécessaire d’accomplir : il décida de nous diviser en deux groupes, le premier pour assister Orik dans sa pénible tâche de maintenir la très fragile cohésion des nains, alors que le second devait se hâter de vous rejoindre et de résoudre cette situation plus que délicate.
- Bien sûr, et je vous en suis pleinement reconnaissante, bien que la totalité de votre équipée n’aurait été de trop. J’imagine que le voyage dans les entrailles des Beors vous a fatigués et fort déplus, coutumiers de vivre en symbiose avec la nature s’étendant à perte de vue. Je vous ai fait préparé quelques appartements qui seront je l’espère à votre guise.
- Très bien. Dès demain, nous devrons nous réunir afin de décider de la marche à suivre. Nous ne pouvons pas nous montrer faible maintenant.
Avec une synchronisation parfaite, les six elfes élançaient leur corps avec leur élégance naturelle vers la porte menant au jardin mitoyen des appartements de Nasuada. Leur grâce n’avait d’égale que le profond respect qu’ils inspiraient à tout un chacun. On aurait dit que l’air s’emplissait d’une douce sérénité à leur passage, comme si la nature les remerciait de leur unique présence. Pelanon fermait la marche et se retourna un bref instant, ses yeux azur luisant au soleil couchant, dorant la cité. Nasuada en eut le souffle coupé. Jamais un être ne lui avait paru aussi beau, exaltant une force d’âme et de corps aussi pure et puissante. Elle crut que ses yeux la trompaient, l’elfe semblant rayonner de l’intérieur à la lumière câline de l’astre en peine. Un fin sourire, quasi indiscernable, s’étira finement sur les délicates lèvres de Pelanon. Et dans un mouvement aussi éphémère qu’intense, il s’engagea vers l’issue de la salle, le visage redevenu de marbre, implacable.

Une servante se dirigeait vers les elfes pour leur indiquer leur chemin les menant à leurs logements lorsque le groupe s’arrêta net, au signal de leur chef. Vanir avait effectué un simple mouvement du poignet, surélevant sa main d’albâtre, mais cela avait suffit. Se tenait devant lui Angela, et aucun des deux protagonistes se faisant face ne bougeait. Chacun se murait dans un silence profond, le regard impénétrable. Malgré un dégoût apparent, Angela porta deux de ses longs doigts à ses lèvres, et prononça les paroles, toujours immuables, de courtoisie nécessaire envers un elfe. Elle ajoutait cependant à sa voix une légère note de provocation, de telle sorte que cette nuance n’échappe pas à Vanir.
- Atra esterni ono thelduin
- Mor’ranr lifa unin hjarta onr
- Un du evarinya ono varda
- Cela fait bien longtemps, Angela-Drottningü. Oui fort longtemps.
- En effet Vanir-Elda. Il faut croire que le destin se plaît à se jouer de nous. Le présent semble être un éternel remaniement du passé.
Les yeux de la sorcière suintaient la puissance, avec une telle intensité qu’on aurait cru qu’ils lançaient à chaque instant un défi des plus provocants, voire même insultants, à l’elfe. Un sourire malicieux s’esquissait peu à peu sur ses lèvres.
- Peut-être. Ou peut-être pas.
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeLun 7 Mai - 11:15

Une grimace très légère s’étalait sur le visage gracieux de l’elfe, une certaine rage l’envahissant peu à peu. Il allait répliquer lorsqu’il fut interrompu :
- Êtes-vous Vanir ?
Roran, le cousin d’Eragon, était apparu derrière l’elfe, qui, malgré ses sens inouïs par rapport à un simple humain, ne l’avait pas aperçu, preuve s’il en fallait une de l’importante tension environnante. Angela se délectait du spectacle se déroulant sous ses yeux, observant l’impuissance de l’elfe à répondre à ses petites piques.
L’elfe, la blancheur de son visage prenant une fois de plus une teinte rougeâtre, se retourna, et scruta le nouveau venu de la tête au pied. Roran coupa net son élan, glacé par ce regard froid. Ses yeux noirs semblaient examiner la moindre fibre de son corps, mettant à nu la plus petite de ses singularités corporelles. Roran reprit contenance, et répéta, avec insistance, se dernière requête.
Cela faisait une minute que l’examen avait commencé, et l’elfe ne semblait toujours pas juger opportun d’interrompre son « travail ».
- Je croyais pourtant que la courtoisie était la notion la plus élémentaire de votre peuple, Vanir ? Ironisa Angela. Il faut croire qu’en cela aussi vous ayez des progrès à effectuer…
Vanir vira au rouge et porta sa main à sa dague, fine et légèrement courbée, à la manière des elfes, qui reposait sur son flanc droit. Pelanon l’arrêta, l’implorant ( sans un mot cependant ) de reprendre son calme. Sans même un regard pour la sorcière, il s’exprima alors :
- Tu dois être le cousin d’Eragon le tueur d’Ombre, cela ne fait aucun doute. Géométrie similaire, et apparemment la même…désinvolture. Oui, je suis Vanir, et ton cousin, enfin ton « presque frère » comme il aime tant le dire…
La pointe d’ironie qu’il conférait à sa voix n’échappait à personne alentours, ce qui amusa fortement l’elfe.
…m’a demandé de me charger d’évaluer ton potentiel en tant qu’épéiste et de parfaire ta formation, en lieu et place d’un certain Fredric il me semble.
- En effet, il m’a dit, via les magiciens Vardens, que ce serait vous qui vous occuperiez de cette charge. Je voudrais que nous commencions le plus tôt possible, et avec persistance, je dois me rendre très vite à Helgrind.
Cette dernière parole surprit l’elfe quelques fragments de seconde avant de reprendre son air hautain.
- Il ne faudra pas me faire de faveur maître elfe.
- Ne vous inquiétez pas, ce ne sont pas là mes habitudes…
- Alors pourquoi ne pas débuter ce soir ?
- Non.
La réponse, brève et abrupte, valut une grimace à Roran, et il savait qu’il serait perdu d’avance d’en débattre. Mais après tout, cela ne lui en coûterait rien du tout. Avec prudence, il ajouta alors :
- Et pour quelle raison… ?
- Parce que nous avons fait un voyage éprouvant dans les ténèbres des Beors, et que vous n’avez pas l’énergie suffisante à cette heure pour me combattre, Roran, fils de Garrow.
L’elfe ne connaissait que trop bien l’effet qu’aurait sur le jeune homme la dernière parole qu’il a prononcée. Garrow avait été tué par ses ennemis jurés, les Ra’zacs, ceux-là même qui ont enlevé sa promise. Cela l’amusait beaucoup.
Nasuada , qui s’impatientait de la visite de la sorcière, claqua la porte d’entrée de ses appartements, à croire que la tension entre Angela et Vanir s’était infiltrée sournoisement dans l’air qu’inspirait la jeune femme. La scène à laquelle elle assistait paraissait surnaturelle, les visages transfigurés par la force et la provocation qu’ils dégageaient. Sa venue tombait à pic, et mettait un terme à la discussion. Vanir, ainsi que les cinq autres elfes, prirent congé de leur hôte, sans un mot ni un regard pour les autres êtres présents. Leurs mouvements, tous coordonnés, ressemblaient à une danse, enchantant les rares passants alentours.
La suzeraine s’appretait à ouvrir la bouche lorsqu’Angela l’interrompit :
- Je suis désolée ma dame, mais l’heure est bien trop tardive pour discuter de plans militaires et économiques. Je me tiendrai à votre seuil à l’aube, précisément.
La reine, qui était de tout point de vue exténuée, abdiqua devant le regard intense de la sorcière. Ses yeux étaient d’un vert assez sombre, assorti d’une couronne en pointes ambrée. Toute la malice et la subtilité de l’esprit de la femme éclairaient ses yeux autant que son âme, imposant le respect à quiconque les croiserait. Nasuada, après quelques signes de politesse, se retourna et referma la porte qu’elle venait d’ouvrir il y avait quelques instants.

Roran restait estomaqué, il savait que son entretien avec son maître d’armes s’était mal déroulé, à vrai dire sans savoir vraiment trop pourquoi. A bien y réfléchir, d’après ses quelques remarques cassantes, voire même blessantes, il ne devait pas porter son cousin dans son cœur non plus.
- Allons, ne t’en fais pas pour ce Vanir.
Angela s’était rapprochée du jeune homme et enroula l’un de ses bras autour des épaules et du cou musculeux du jeune homme.
- J’aurais tellement aimé commencer dès ce soir. Chaque jour qui passe sans elle est un supplice. Je ne dors quasiment plus la nuit, donc autant en profiter pour me battre…
- C’est pourquoi je peux te venir en aide, jeune Roran. Viens me voir dans mes appartements. Ils se situent dans l’aile sud de la ville, près d’un cloaque abandonné par l’homme, mais pas par la nature…
- Oui, je vois où c’est, mais je pense que ça ira. Merci quand même.
- Nous allons nous y rendre tout de suite tout compte fait. Tu verras, tu m’en seras reconnaissant demain matin, quand tu seras frais et disponible devant Vanir. Et, crois-moi, ce ne sera pas du luxe !
Sans même attendre la réponse de Roran, Angela poussa sur son bras pour faire avancer le jeune homme. Il n’osait pas se mettre à dos une nouvelle personne aujourd’hui, aussi agréa-t-il à la suivre. Ils traversèrent l’aile est de la ville dans toute sa longueur, contemplant entre les voûtes les hautes étoiles scintillant dans le firmament, telles des joyaux dans l’écrin que constituait l’espace stellaire. Après avoir grimpé trois escaliers pentus et descendu un autre en colimaçon ( ce qui donna à la fin l’envie de vomir à Roran tellement il semblait sans fin ), ils approchèrent enfin du cloaque abandonné. Angela se posta devant sa porte, l’ouvrit avec une clé peu commune, et ils entrèrent dans son antre. Des vapeurs d’encens saturaient l’air, enivrant tous les sens des occupants de ce lieu pour le moins éclectique. Le sol était recouvert en partie d’un tapis circulaire mauve, avec de ci de là des figures étranges, de couleur ocre. Des tables, de facture assez rudimentaire, se situaient vers le fond de la pièce, sur lesquelles s’entreposaient des verreries aux géométries aussi complexes que diverses. Peu de personnes excepté elle ne sauraient dire à quelle fin tout ceci était utile. Sur un pan entier de mur, traité comme toutes les constructions surdanes à la chaux, pour lutter contre la chaleur étouffante du climat ambiant, était accrochée une collection impressionnante d’herbes, de champignons et de petites fioles aux multiples décoctions. L’esprit de Roran s’embrumait déjà dans la fragrance de jasmin qui régnait en ce lieu quand Angela lui tendit l’une des petites bouteilles :
- Tiens, cela t’aidera à dormir, et profondément. J’ai ajouté quelques ingrédients supplémentaires dans ma recette initiale, une feuille de Korité et de l’Aile-de-Sang.
La mine de Roran se blanchissait au fil de la conversation. La vue de la texture noirâtre du liquide, assez visqueux de surcroît, et de l’air étouffant environnant n’arrangeaient pas les choses.
- Ne t’inquiète pas, c’est sans danger, le rassura Angela.
- Bois la fiole en entier, avec ou sans eau, cela importe peu je pense. Sois sur ta couche lorsque tu l’ingèreras, c’est assez puissant. Maintenant vas, et reviens me voir demain soir, après ton entraînement. Tu me narras les effets de cet élixir, et seulement alors tu pourras en obtenir d’autres si tu le désires.
Roran mit la fiole dans sa poche gauche, là où son marteau, maintenu sur son flanc droit, ne pourrait le briser. Il se dirigea alors vers les habitations somme toute assez cossues, prêtées aux gens de Carvahall. En une dizaine de minutes, il se retrouva assis sur le bord de son lit, la fiole posée sur la table en face de lui.
Après une longue minute d’hésitation, où ses pensées vagabondaient entre le doute, le ridicule, puis le sérieux de l’effet qu’aurait ce liquide sur son corps, il se décida à suivre le conseil de sa nouvelle amie. Il enleva le bouchon de liège de la bouteille avec les dents, le balançant en soufflant dans un recoin de la pièce, sous une armoire menue, porta à ses lèvres le goulot du flacon et déversa le liquide noir dans sa gorge. Il avait un goût amer, une petite pointe acidulée demeurant sur sa langue. Il reposa la fiole vide sur la table à proximité, et à peine s’était-il allongé qu’il sombra dans le doux pays des songes.

Une silhouette encapuchonnée dans un long manteau noir gravissait des marches obscures dans un immense château. Ses pas rapides résonnaient sur les pavés qui croisaient un immense jardin, où des maîtres botanistes exerçaient avec grand talent leur art. La lune et ses filles les étoiles éclairaient la pâle figure, lui conférant une allure de spectre, un flanc blanchâtre, face à la lune, et l’autre d’un noir profond. Il accéléra, à mi chemin entre une course et une marche rapide, ses cheveux noirs échappant au contrôle qui les emprisonnait.

Roran avait un sommeil profond, mais à son habitude très tourmenté, il revivait les moments pénibles vécus à Carvahall. L’attaque des Ra’zacs. L’enlèvement de Katrina. Le voyage sur la Crête et le périple sur le trois-mâts de l’Empire. Sa rage déformait ses pensées, laissant son imagination assouvir ses désirs les plus ardents. Il combattait les Ra’zacs avec son marteau, paraissant plus vif qu’eux. Eragon était là, mais Roran le cognait aussitôt de ses poings pour étancher une frustration intense. Il torturait Sloan pour le punir, prenant grand plaisir à lui infliger de pareilles souffrances, un regard de dément dans les yeux.

La silhouette se situait maintenant dans un grand hall, richement décoré, avec des tapisseries de Kuasta et de grandes statues de fer montant indéfectiblement la garde. Une porte ornementée d’une grande flamme rouge entourée d’un filin d’or se tenait aux tréfonds de l’immense galerie. C’était le symbole de l’Empire. Il était en face des appartements privés du roi. Le personnage accéléra le pas, et découvrit sa tête jusqu’alors cachée dans l’ombre de sa capuche. Il s’agissait de Murtagh, qui assouvissait sa curiosité, attisée par les maigres paroles de Solembum. Il prononça quelques mots d’ancien langage et s’infiltra dans la pièce, d’un mauve puissant, mêlé à des pointes noires dans l’océan nacré des murs de marbre. Il y était déjà venu, le jour où il a vu pour la première fois l’œuf rubis de son dragon Thorn. Il se retourna alors vers le coussin sur lequel reposait le dernier œuf de dragon. A sa plus grande surprise, la pierre émeraude ne s’y trouvait plus, un creux vide signalant son ancienne présence. Ses sens toujours en alerte, il jeta son regard acéré dans les recoins de la pièce, et s’apprêta à sortir lorsque son œil droit fut accroché par une lettre posée négligemment au sol. Il l’attrapa et commença à la lire, la mine déconfite, le cœur cognant fortement sur sa cage thoracique.

Roran était alors agité de faibles spasmes, son esprit s’emballant sous son désir immuable de vengeance. Soudain, une pensée claire, transcendante, domina son esprit, balayant tout le reste comme le vent emportait le moindre brin de poussière :
Un immense édifice, noir, sombre, suintant la malfaisance, se tenait devant lui. Il se sentait vidé de ses forces, succombant au désarroi, devant cette surface d’une centaine de pieds de haut. Elle surplombait les lieux, dominant tout être s’y trouvant d’une main de fer. Un gigantesque symbole y était gravé. Le sceau représentait une sorte d’oiseau, un aigle peut-être, déchirant la paroi de ses serres d’acier. Le mur d’onyx exaltait la cruauté depuis ce signe, symbole vivant du désespoir s’immisçant en lui.

La mine de Murtagh s’assombrissait à la lecture de ces runes impures. C’était la lettre du traître au rang de Vardens qui avait prévenu le roi sur la date de l’enterrement de Hrothgar, le roi nain qu’il avait dû tuer. Un sentiment de colère pure empoissonnait tout son être, un dégoût intense au bord des lèvres.

Roran frappait le sol de ses poings, lui valant de lourdes écorchures, expiant la tristesse infinie de son cœur.

Il voulait brûler la missive impie lorsque sa vue s’arrêta sur le sceau de cire la cachetant : un étrange aigle arrachant la matière de ses serres d’acier. Sa vue lui glaça le sang, autant que la peur qui s’imprégnait en lui.

Roran criait à tout rompre, pleurant la découverte macabre qu’il venait d’effectuer.

Puis une porte claqua.

Roran se réveilla en sursaut, le cœur battant la chamade, une étincelle verte, aussi intense qu’éphémère, luisant dans les yeux.

Undora se tenait au seuil de la chambre de Galbatorix, et observait Murtagh, complétement paralysé, avec un sourire maléfique, mélange subtil d’ironie, de provocation et d’un mal absolu.
Alors il comprit.
Elle savait.

Fin du chapitre
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeLun 7 Mai - 19:24

Magnifique ^^ grand sourire :!!!!:

*Soupir*

A côté , ma Fic fait office de... Je ne dirais pas le mot XD sleepy
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeLun 7 Mai - 22:06

Merci c'est gentil. Par contre ne croie pas que ton talent n'en est pas moindre, j'adore ta fic, et j'ai hâte de voir la suite.
D'ailleurs à ce propos tu n'as pas répondu au mp que je t'ai envoyé en ce qui concernait ma propostion de rejoindre la guilde des auteurs libres sadiques et pervers...
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeLun 7 Mai - 22:14

Si si , j'ai répondu ! Sauf si je n'ai pas réussi à l'envoyer....=[
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeLun 7 Mai - 23:58

Bah il me semble ne rien avoir reçu...Enfin je vais revérifier, mais je crois que non. Donc si tu pouvais te redonner cette peine...
Bon sinon j'ai fini de recorriger le chapitre 8, ou on voit enfin le retour d'Eragon. tout de suite la suite! Bonne lecture!

Chapitre 8 : Le secret de la Maison d’Ûndin


- On ne va pas y arriver Saphira ! Cria à pleins poumons Eragon.
« Nous n’avons pas le choix petit homme, c’est l’unique moyen pour rejoindre le fils d’Ûndin à temps ».
Elle se connecta alors à l’esprit d’Arya en même temps.
« Concentrez-vous seulement sur votre objectif : faire monter l’air pour que vous et moi puissions respirer là-haut. Je fais tout mon possible pour voler le plus rapidement. Accrochez-vous bien ! »
Les quelques nains encore conscients sur le sol de cornaline de la cité de Tronjheim observait la scène, médusés. Orik voyait ses semblables à terre, balayés par la puissance destructrice de la princesse elfe. Mais c’était l’entreprise de ses trois amis qui l’effrayait le plus. Jamais, oh grand jamais, un Dragonnier n’avait pu pénétrer, et encore moins ressortir du dôme de Farthen Dûr. Les dents de glace à l’extérieur étaient plus acérées que jamais, et elles n’apprécieront sûrement pas l’intrusion d’inconnus parmi elles. Arya s’était occupée de communiquer avec Vanir et les autres dignitaires elfes, leur indiquant la situation plus que délicate dans laquelle ils se trouvaient. Il fallait que les elfes pressent le pas pour aider Orik à maintenir une paix, même précaire, entre les nains, usant s’il le fallait de la magie liée à l’ancien langage.
Maintenant, Eragon et Arya concentraient toutes leurs pensées, toute leur énergie à maintenir un niveau d’oxygène minimum pour que les deux compères, mais surtout Saphira, ne commencent à subir le courroux des hautes cimes. La dragonne accéléra ses mouvements, battant l’air de toutes ses forces. Eragon l’encourageait et l’enorgueillissait avec des paroles douces et rassurantes telles que « Montre leur ce que veut dire célérité » ou encore « tu y es presque ma belle », malgré une note évidente de peur envenimant le cœur du jeune homme.
Le spectacle était à couper le souffle. Du bas de la cité, on aurait dit qu’une comète, d’un bleu nuit scintillant à la lumière de l’aube, allait percuter de plein fouet le disque blanc immuable du sommet de la montagne. Saphira se rapprochait de plus en plus de la sortie, exigeant un peu plus d’efforts à fournir, de par ses puissants coups d’ailes mais aussi de par l’énergie qu’elle transmettait à son Dragonnier pour maintenir le niveau d’oxygène au-dessus du seuil critique de l’inconscience. Son ombre devenait gigantesque sur le sol nacré, symbole vivant de l’effroi qui les emprisonnait tous. Cette ombre les dévorait un par un, leur extirpant toute volonté de crier, de bouger…de penser. Le sort de tous, ici à Tronjheim, mais aussi dans toutes les cités naines, se jouait en ces quelques instants qui échappait à l’emprise du temps. Arya transmit alors à ses deux amis que Tarnag se situait à l’opposé de la direction qu’ils prenaient. Saphira devrait faire demi-tour une fois à l’air libre pour s’y rendre, et rapidement si possible. Elle acquiesça dans un grondement sourd, ce qui en disait long sur son actuel état d’esprit. Elle donna encore quelques battements d’ailes, et son museau sentit enfin l’air pur des hautes montagnes. Ils avaient réussi.

La dragonne leur ordonna alors de bien s’accrocher. Elle virevolta en une poignée de secondes, son corps maintenant à la verticale. Elle devait user de tous les mouvements que Glaedr lui avait enseignés pour échapper aux parois aiguisées des montagnes. Elle pivotait avec grâce et célérité, l’air froid venant s’écorcher sur ses écailles. Elle décrivit alors un arc de cercle d’un demi-tour, son corps tournant sur lui-même pour que ses passagers ne soient pas plus attirés par les cimes en contrebas que par elle. Elle se redressa, et mit le cap vers Tarnag, fière de l’exploit qu’elle venait d’accomplir. Son sentiment de triomphe s’estompa vite, remplacé aussitôt par celui d’une crainte grandissante, lorsqu’elle s’aperçut ce qui était arrivé à ses deux voyageurs. Arya avait lâché prise lors de sa pirouette, et Eragon avait dû se jeter pour la rattraper. Il avait la tête vers le bas, ses jambes le maintenaient à sa monture en serrant vigoureusement le bas de son cou. La dragonne n’avait même pas perçu cet enserrement, ainsi que l’affolement d’Eragon et ses innombrables messages d’alerte qu’il lui avait envoyés.
« Saphira, aide-nous s’il te plaît. Saphira tu m’entends ? »
« Oui Eragon, désolé, j’étais trop concentrée sur ma tâche. Tenez bon, je vais essayer de trouver un terrain assez plat et de l’air respirable pour nous poser».
Son message parvint à Eragon, mais pas à Arya. L’elfe avait bâti autour d’elle un mur magique infranchissable. Son visage n’avait pas bougé d’un cil, il exprimait toujours l’intense effort de concentration qu’elle s’efforçait de fournir, un halo vert émeraude l’entourant légèrement. Elle était suspendue dans le vide, maintenue par l’unique force d’Eragon. Sa main droite s’agrippait au poignet droit de l’elfe. C’était l’une des rares fois où leurs peaux entraient en contact, et cela l’émouvait au plus haut point. Elle semblait tout simplement parfaite, malgré leur position plus qu’incongrue. Eragon restait là, subjugué par cet instant aussi intense qu’inattendu. Son regard se posait sur le visage de la femme qui, de son côté, semblait ne pas accorder le moindre intérêt à son « sauveur ».

« Tu vas m’écouter oui ou non ? »
Il avait fallu vingt bonnes minutes à Eragon pour sortir de sa douce rêverie. Saphira avait dû employer la manière forte en lui lançant une petite attaque mentale en plein dans cette zone de l’inconscient, non sans ironie et malice.
« Et mais ça va pas, tu veux me tuer ou quoi ? » balbutia-t-il.
« Ah, enfin ! Si monseigneur Eragon veut bien m’accorder un peu de son précieux temps au lieu de rester bouche bée devant « sa » ravissante petite elfe, cela me serait un grand honneur ! »
La réplique piqua au vif le Dragonnier, son visage virant au rouge.
« Cela fait dix minutes qu’Arya est tombée dans l’inconscient et »
« Qu…Quoi ? » s’alarma-t-il.
Eragon porta son regard à nouveau vers l’elfe, et s’aperçut enfin que le corps qu’il retenait était inerte. Son cœur s’emballa, une douleur lui ceignant le cœur.
« Saphira, pose-toi vite, il faut l’aider, je t’en supplie ».
« Du calme petit homme. Elle s’est elle-même mise dans un état second, comme lorsque nous l’avons trouvée à Gil’ead pour ralentir le poison en elle. Je vous ai dit il y a une quinzaine de minutes que j’avais aperçu une surface plane et peu haute à une demi-lieue d’ici. Alors elle s’est assurée d’avoir emmagasiner autour de nous assez d’air pour y parvenir, et s’est écroulée sous le poids de l’effort qu’elle a dû fournir à Tronjheim et avec nous. Mais tu devais encore rêvasser » le gourmanda-t-elle.
Eragon lança un regard assassin à sa monture en réponse à ses moqueries.
Il reprit peu à peu pleine conscience de leur situation et s’aperçut que son bras s’était engourdi et que le sang lui venant à la tête lui procurait un mal de chien. Il allait s’en plaindre quand Saphira le coupa :
« Vous devez peser une tonne tous les deux ! Et par-dessus le marché tu essayes de m’étouffer ! »
Elle pouffa de rire ( enfin, comme savent le faire les dragons ) à sa petite blague, et gratifia son Dragonnier de son œil azur empli de malice.
« Ça y est tu as fini de te payer ma tête ? » lui lança-t-il, un franc sourire au bord des lèvres
« Oui oui c’est bon »
Saphira pensa pour elle :
« N’empêche, c’était quand même bien drôle de le voir la bouche ouverte à contempler l’elfe comme un gamin bave devant une sucrerie ! Un Dragonnier dans une telle posture sur son dragon, on aura tout vu ! »
« Je t’ai entendu Saphira »
« Oups ! » se réprimanda-t-elle.
« Tu aurais dû me voir tout à l’heure, quand je suis sortie de la caverne, j’ai dû slalomer entre les dents des montagnes des Beors, m’engouffrant dans les profondes vallées, mais heureusement assez larges pour moi, pour économiser notre air. Cette sensation d’intense liberté me revigore entièrement. C’est un excellent terrain d’entraînement. Et de chasse aussi, et… »
Eragon laissait parler sa dragonne, ressentant toute l’excitation qui bouillonnait en elle. Cependant il lui fallait la couper :
« Dis-moi, on est encore loin pour se poser. Mon bras est très engourdi, et je m’inquiète quand même pour Arya. La dernière fois qu’elle a dû avoir recours à une telle extrémité, c’était pour échapper à une mort certaine ».
« Ne t’inquiète pas petit homme, nous y serons dans quelques instants. Tiens bon jusque là ».
Et la dragonne redonna un puissant coup d’aile pour augmenter se vitesse de pointe. Eragon tentait de ne pas trop bouger l’elfe, même si sa position très inadéquate ne l’y aidait pas. Saphira se balançait vers la droite, puis soudainement vers la gauche pour éviter de s’encastrer dans la paroi vicieuse de la montagne.
Elle piqua alors, étendant ses ailes le long de son corps pour gagner en vitesse. Arya était maintenant presque à l’horizontale sous l’effet de ce plongeon. Elle les gonfla pour amortir la chute, et ses puissantes pattes arrière s’aggripèrent sur la surface circulaire tandis que ses membres avant avaient déchiré la paroi montante du pic montagneux, la dragonne imposant son autorité de toute sa hauteur sur la nature. Elle s’abaissa alors délicatement, de telle sorte que l’elfe puisse s’allonger sans choc sur la terre ferme. Elle fut cependant un peu moins douce avec son compagnon, qui dégringola du cou de sa monture, se recevant le dos plaqué au sol.
« Merci bien ! » lui signala-t-il, non sans ironie.
Il se releva aussitôt, bringuebalant son bras meurtri dans tous les sens pour faire partir la douleur qui envenimait tout son membre durant ce voyage très inconfortable, pour finalement s’accroupir près du corps inerte d’Arya. Il aurait tellement aimé s’immiscer dans ses pensées et la réconforter, la choyer, autant qu’elle le méritait pour leur avoir permis de survivre, Saphira et lui. Il voulait être avec elle, tout simplement.

Cependant il ne pouvait se résoudre à s’introduire dans son mental, ce serait comme trahir la confiance que lui portait son amie, chose qu’il ne pouvait se permettre de perdre. Il ne lui restait plus qu’à protéger ce calme si serein qui s’était emparé d’elle jusqu’à ce qu’elle reprenne connaissance.
« Eragon, nous devons nous hâter » lui transmit Saphira, l’interrompant dans sa contemplation.
« Oui, tu as raison, nous devons rejoindre le fils d’Ûndin à Tarnag le plus vite possible. Les nains comptent sur nous pour résoudre cette crise. Et Orik ne pourra pas tenir très longtemps face à la véhémence de l’hostilité de certains chefs ».
Saphira ne savait que trop bien qui Eragon ciblait.
« Alors qu’est-ce qu’on attend ? » lui lança la dragonne, un sourire propre au dragon aux lèvres, qu’Eragon reconnaissait bien maintenant.
Il transporta Arya avec la plus extrême délicatesse sur le dos de sa monture, grimpa derrière elle sur la selle que lui avait donnée Oromis, son maître, tout en la ceinturant de ses bras puissants. Tout son corps épousait parfaitement les formes gracieuses de l’elfe, la maintenant dans une position qui résisterait aux mouvements de la dragonne. Saphira élança son corps écailleux vers les hautes cimes, bravant le regard inquisiteur des montagnes. Sous le coup de l’impulsion, la tête d’Arya se balança vers l’arrière, se logeant dans l’homoplate du Dragonnier. Ses cheveux noirs tombaient pour la plupart en cascade sur l’épaule droite du jeune homme, mais quelques brins chatouillaient son visage, lui valant un petit sourire. C’était la première fois qu’il voyait la chevelure d’Arya si ébouriffée, lui conférant un caractère des plus sauvages, indomptables. Durant des heures, il aiguisa son esprit sur l’environnement alentours, ses sens mis en alerte. Quiconque pénétrait dans leur espace de vol se voyait soumis à un avertissement menaçant, lui ordonnant de faire demi-tour. Tout comme durant le voyage vers Farthen Dur, il devait prendre soin de cet être si fragile d’extérieur mais pourtant si fort à l’intérieur, et il s’acquitterait de cette tâche avec la plus grande ferveur.
C’est ainsi qu’ils volèrent pendant des heures entières, sans un mot, en direction de Tarnag, la cité meurtrie.
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeMar 8 Mai - 0:01

A environ une demi-lieue du centre de la ville, l’horreur commençait à apparaître : des fumées noires s’élevaient de ci de là ; quelques bâtisses brûlaient encore ; les champs étaient totalement dévastés, gorgés d’une poudre maléfique qui leur conférait une teinte morbide. La nature elle-même semblait être à l’agonie. Eragon ouvrit de plus en plus son esprit sur les environs, à la recherche de survivants potentiels, mais il n’en trouva point. Ils avaient fui ou ils étaient morts. C’était aussi simple que cela.
Il traversa un groupe de cimes à l’allure très étrange : elles formaient deux arcs de cercle qui s’entrecroisaient, sculptant une immense bouche béante, dont les dents pointues étaient positionnées telles qu’elles auraient lancé un cri de torture. Il les contourna avec appréhension, car la cité naine se situait juste derrière ces ultimes montagnes. Son angoisse croissait avec chaque nouveau battement d’aile. Elle atteint bientôt son paroxysme, mue par une vision d’horreur : la fière et grande Celbedeil, maison du clan des Quan, haut lieu de culte nain, s’était écroulée. Les statues des dieux, notamment celle de Helzvog, ainsi que les gigantesques fresques, comme celle de son homonyme s’appropriant l’œuf blanc du dragon dont le nom est imprononçable, avaient disparu avec la citadelle. Le cœur de Tarnag avait cessé de battre.
Une colère sourde se répandait en lui tel un venin, il se jurait de venger ce crime. Des corps jonchaient le sol pavé, au pied de feu-Celbedeil. Ils avaient donné leur vie pour défendre ce trésor d’architecture, en vain. Partout où se portait leur regard, Eragon et Saphira ne voyaient qu’amas d’éboulis, mers de sang et corps sans vie. Près des débris de la forteresse d’Ûndin se tenait un étrange cadavre, plus gros et plus long que ceux des nains. Il s’approcha avec appréhension, redoutant la nouvelle découverte macabre, lorsqu’un rayon de lumière rougeâtre frappa ses yeux noisette : un immense étalon, d’un blanc de neige, était allongé sur son flanc gauche sur le sol. Sa robe soyeuse était maculée de sang, qui avait sûrement jailli depuis son flanc droit, totalement déchiqueté, éviscéré de part en part de son long corps musculeux. Eragon serra les poings lorsqu’il reconnut la bête : il s’agissait de Feu-de-Neige, le cheval que Brom avait acheté à Therinsford. Ils avaient promis au marchand de prendre soin du cheval et, à la mort du conteur de Carvahall, Eragon avait tenu à poursuivre ce serment à la place de son premier mentor. Il avait tout simplement échoué.
Des larmes perlaient sur les joues du jeune homme, se transformant peu à peu en des fils continus d’eau. Toute la peine, toute la souffrance, toute la colère s’échappaient de son corps par cette voie lacrymale ; il ne pouvait plus interrompre ce flot d’émotions. Saphira, ressentant la détresse de son Dragonnier, proféra des serments de justice et de vengeance en ancien langage, une furie flamboyant dans ses yeux saphir.
Eragon était descendu de sa monture, s’assurant préalablement qu’Arya ne bougerait pas du dos de Saphira. A chaque coin de rue, ils ne voyaient que désolation. Des pans entiers de murs s’étaient effondrés, bloquant le passage étroit menant à la périphérie de la ville, qui était coupée du cœur, lui-même portant en son sein la forteresse d’Ûndin. Celle-ci avait été l’une des plus grandes fiertés des nains. Taillée dans la pierre, elle était l’un des symboles de leur savoir-faire incomparable. Maintenant le marbre blanc qui l’entourait avait une teinte terne, en accord avec l’atmosphère morbide régnant sur ce lieu. Des trous béants dans le sol étaient apparus, engouffrant des centaines de corps de soldats sans vie. Eragon s’indignait de tout ce massacre injustifié, de toutes ses vies brisées par la folie d’un seul et même homme. A contrecœur, il pénétra dans la forteresse naine, en quête d’éventuels survivants, mais surtout d’Ordarik, le fils d’Ûndin, qui devait l’aider dans sa mission prochaine. Il espérait qu’il était toujours vivant après l’assaut du roi. Il le fallait.
Il ouvrit alors son esprit, en premier lieu aux abords du bâtiment, puis peu à peu à l’espace de toute la cité. Il s’étonna de voir que si peu d’entre eux étaient parvenus à échapper au travail sanguinaire du roi. Chaque vie qu’il détectait semblait être celle d’un soldat ou d’un civil blessé plus ou moins gravement. Il soignait ceux qu’il pouvait, achevait les autres pour qu’il ne souffre plus, bien que cette tâche meurtrissait son cœur déjà soumis à rude épreuve. A l’extérieur, une complainte forte, puissante, émanait de son amie. La dragonne émettait un son empli de toute la tristesse qu’elle inspirait à chaque seconde, faisant trembler les fondations déjà fragiles des bâtiments alentours. C’était une nouvelle fois l’une des choses étonnantes que les dragons pouvaient accomplir.
Eragon devait grimper sur les éboulis pour atteindre les niveaux les plus élevés de la forteresse ( qui avait perdu alors au minimum trois à quatre étages) lorsque Saphira le contacta :
« Eragon, reviens vite en bas. Il y a du mouvement ici bas ».
« J’arrive ne bouge pas ».
En effet des lumières bleutées s’avançaient vers la position de la dragonne depuis la position opposée à celle de son Dragonnier. Des petites lanternes, semblables à celle qui émettaient de vifs rayons verts dans tous les recoins de la cité, étaient suspendues à de petits bâtons de bois comme on peut porter un baluchon. Leur va-et-vient autour de leur axe coïncidait avec le temps qui s’écoulait : très lentement. Une troupe d’environ une centaine de nains s’approchait de Saphira, et bientôt l’encercla, sans lui permettre aucune échappatoire. Alors Eragon atterrit auprès de sa dragonne.
Comme le lui avait appris son maître Oromis, il avait étendu les bras et après avoir déversé sa magie ( et un peu de celle contenue dans la ceinture de Beloth le Sage ) en proférant en ancien langage « Rïsa », ses pieds s’étaient élevés et il s’était envolé alors vers son amie pour voir qui étaient les nouveaux venus.
Parmi eux se trouvaient des soldats, des femmes, des enfants, des vieillards…bref, tous les survivants restés à Tarnag qui s’étaient réunis pour résister à l’assaut, et apparemment cela avait bien fonctionné. Un nain, d’une carrure imposante, légèrement plus grand que ses congénères, s’avança et proclama alors :
- Argetlam, te voilà enfin ! Comme nous sommes heureux de te voir en ce maudit jour !
La tension qui régnait alors s’était évanouie sur-le-champ.
- Oui je suis là, mais je suis aussi un oiseau de bien mauvais augure. Je dois trouver Ordarik. Savez-vous où je peux le trouver ?
- Oui en effet Tueur d’Ombre. C’est moi-même. Je suis Ordarik, dirigeant temporaire de cette cité, jusqu’au retour de mon père Ûndin.
La mine déconfite d’Eragon était révélatrice de son désarroi. Comment allait-il lui annoncer que son père était mort, et par la main de Torgrak en plus ?
- Alors je dois vous parler. En privé si possible.
- Bien sûr.
Ordarik lui indiqua un petit recoin isolé où il pourrait être tranquille. Le nain s’aperçut de la présence de l’elfe sur le dos de Saphira, ce qui l’inquiéta aussitôt.
- Ne vous inquiétez pas, elle va bien. Elle a juste…besoin de se reposer.
Il fit une pause avant de reprendre :
- Comment Galbatorix ne vous a-t-il pas détecté lors de l’attaque ?
- Moi si, et il a bien failli m’avoir, si ce cheval ne m’avait pas sauvé la vie, en dépit de la sienne. C’était une bête des plus nobles qui soient.
Le cœur d’Eragon tressaillit en pensant à Feu-de-Neige, mais la perspective de cet acte héroïque le réconfortait quelque peu.
- Sinon pour les autres, et bien comment dire…vous avez sûrement remarqué les lanternes bleues que nous tenions tout à l’heure. Elles nous permettent de dissimuler notre énergie vitale lorsque nous sommes assez proches d’elles.
- C’est donc pour cela que je ne vous ai pas détecté.
- En effet. Lorsque nous avons entendu la plainte de votre ravissante dragonne, nous avons cru dans un premier temps que le roi était revenu. Mais nous sommes sortis dès que nous avions compris notre erreur.
- Ordarik, la situation est très grave. L’attaque surprise de Tarnag a eu un effet dévastateur à Tronjheim, durant l’enterrement de Hrothgar, et…
Eragon cherchait soigneusement les mots qu’il allait employer
- …et vos congénères ont commencer à s’entretuer.
- Co…comment cela s’entretuer ?
- Torgrak a accusé les défenseurs des Dragonniers d’être la cause de ce terrible carnage, et donc plus particulièrement votre père. Il reçut une flèche empoisonnée à l’épaule, et sa blessure fut malheureusement mortelle.
Ordarik fut cloué sur place, des larmes lui montant aux yeux.
- Avant de mourir, votre père m’a chargé de vous trouver, m’implorant de vous consulter afin de rejoindre un certain « puits de Korgan »
- Que s’est-il passé après cela ? L’interrompit le nain, le visage défiguré par le chagrin.
- Les deux factions ont voulu combattre, mais par un miracle que je n’explique pas moi-même, Arya et Saphira ont réussi à les stopper sans effusion de sang. Ordarik, je sais que le moment est très mal choisi, mais vous devez me dire où se trouve ce « puits ».
- Oui bien sûr Argetlam. Ce « puits » est un lieu sacré nain, dont la position exacte n’est connue que des dirigeants de notre Maison. En l’occurrence, moi. Mon père m’en a parlé juste avant de partir pour Tronjheim. Peut-être pressentait-il ce qui se tramait à la capitale…
Le nain expia toute son amertume en un long souffle.
- Je ne sais cependant pas ce qu’il referme, mais cela doit être important pour que mon père vous ordonne de vous y rendre. Je ferai mon devoir de chef de clan, et de fils, en vous accompagnant lors de cette quête.
« Votre aide nous sera précieuse maître nain. Votre père serait fier de vous, j’en suis sûre » lui transmit Saphira.
- Il va nous falloir traverser les entrailles des Beors pour arriver loin au sud, vers Galfni. Une fois là-bas, je vous indiquerai le chemin à suivre.
- Très bien. Nous allons vous aider ici à soigner ceux qui en ont besoin et réparer les installations de premières nécessités. Alors nous partirons sans tarder pour sauver les clans du chaos.
« Oui, pour sauver les clans du chaos » songea Ordarik.

« Eragon, vite, Arya ! » s’alarma la dragonne.
L’elfe était soudain soumise à de violents spasmes, manquant de la faire tomber au sol si Eragon ne l’avait pas retenue à temps. Il n’avait plus le choix désormais, il fallait l’aider à se réveiller.
Alors, il tenta de s’immiscer dans son esprit le plus délicatement possible, tout en prévoyant des défenses solides en cas de contre-attaque. Cependant elle n’arriva pas. L’elfe revoyait défiler dans son esprit des moments fugaces de sa longue vie : les joies partagées avec son père Evandar et sa mère Islanzadi…Les aventures vers le lac Röna avec ses deux amis, Glenwing et Faölin…Les peines de cœur… Mais elle s’était arrêtée à un moment précis de sa vie, qui avait dû la bouleverser profondément pour l’agiter ainsi. Eragon buvait avec avidité le moindre filament de passé qu’Arya se remémorait, et voyait alors de ses yeux ce qui chamboulait son amie :
C’était une journée de printemps, à Tialdari Hall, la demeure de ses parents à Ellesméra. Des oiseaux sifflotaient leurs chants gracieux, et les fleurs nouvellement nées répandaient leur doux parfum dans l’atmosphère environnante. La princesse, alors beaucoup plus jeune, rayonnait comme jamais, s’afférant à disperser avec parcimonie les fragrances subtiles de pin qu’elle appréciait tant. Elle reposait son flacon lorsque Blagden, le corbeau blanc de sa mère, entra dans la pièce, accompagné de son habituel « Wyrda ! ».
- Oui bonjour à toi aussi, ô grand Blagden.
Rien ne semblait pouvoir atteindre l’immense gaieté de l’elfe, et pourtant…

Par mes mots et par mes vers
Mon chant se penche sur la Dame aux yeux verts

Quand tu le peux on ne te le veut
Quand tu le voudras on ne te le pourra
Car quand de ce que tu es tu t’apercevras
Alors de ton devoir tu hériteras
Et…


Les élucubrations de Blagden s’arrêtèrent nettes lorsqu’Arya s’aperçut de la présence d’Eragon, ce qui les ramena aussitôt au monde réel.
Dans les bras du Dragonnier, la princesse elfe tremblait, une peur affligeante au fond des yeux.

Fin du chapitre.

Bon voilà, la suite arrievra prochainement. sachez toutefois qu'il me reste trois chapitres en réserve, et que je n'ai posté qu'à peine la moitié de tout le travail que j'ai réalisé pour l'instant ( j'ai écrit 100 pages word et je vous en ai donné excatement 46...). Donc les prochains chapitres sont très longs ( surtout le prochain...)
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeVen 11 Mai - 11:08

bon ça y est j'ai corrigé le chapitre 9 et le 10 est bien entamé...

Chapitre 9 : La conquête d’Orgaramir


- Calme-toi Arya, c’est moi, Eragon, lui murmura le jeune homme d’une voix suave, mielleuse, des plus rassurantes.
- Il ne t’arrivera rien, tu es en sécurité.
Les tremblements de l’elfe, en harmonie avec les palpitations de son cœur, s’atténuèrent peu à peu, délicatement, un bras s’étant enroulé autour de son buste et l’autre en dessous de ses genoux délicats. Ses yeux, d’un vert alors assez pâle, étaient flous, comme masqués par un voile invisible qui les étouffait. Elle semblait lutter pour revenir à la raison, ses pupilles se dilatant avec cet effort. Soudain, elle cria d’une voix perçante, mêlant habilement la peur passée et la gratitude présente :
- ERAGON !
Elle s’agrippa au cou du garçon avec agilité, grâce et célérité de telle sorte que sa manœuvre le surprit et le déséquilibra. Il en tomba à la renverse.
C’est ainsi que la princesse commença à pleurer. Tout en raffermissant son emprise, elle déversait sur le cou du jeune homme une rivière de petites perles transparentes. Toutes les peurs, les angoisses, mais aussi les responsabilités et les secrets qui sommeillaient en elle s’échappaient d’elle tout comme Eragon avait pu expier le fardeau qui pesait sur lui il y avait quelques minutes de cela après la découverte macabre du corps sans vie de Feu-de-Neige. Elle pleura, encore et encore, et aucun son, aucune parole ne vint troubler ce moment de tristesse certes, mais surtout de paix. Il attendit patiemment que l’elfe se calmât, que ses yeux se tarissent pour lui parler, comme il avait patienté que Saphira l’autorisât à s’approcher d’elle sur le mont des Œufs Brisés dans l’épisode, avec du recul assez comique, avec Glaedr. Au bout de cinq minutes environ, qui avaient paru une éternité au regard du jeune homme, Arya relâcha doucement son étreinte, ses pleurs se transformant peu à peu en hoquets, puis en légers soubresauts quasi indiscernables. Ses yeux rouges, ainsi que ses pommettes saillantes, trahissaient l’allure altière, digne de l’elfe. Cependant, elle semblait dorénavant sereine, apaisée de tous les maux qui la tourmentaient. Elle posa les paumes de ses mains sur les solides épaules d’Eragon, et, en plongeant son regard dans celui du jeune homme, lui souffla subrepticement un « merci » empli de toute la gratitude qu’elle pouvait lui donner.
L’esprit du Dragonnier bouillonnait sur place, curieux de connaître le fin mot de l’histoire avant ce simple mais puissant mot. A la place de la harceler de questions, il lui renvoya le sourire qu’elle lui portait, et la laissa se relever et contempler les carnages que le roi avait effectués dans cette cité. Le visage d’Arya se tendit brusquement à la vue des débris, des corps et du désarroi qui animaient les quelques survivants.
« Allez, lève-toi, sinon tu vas prendre racine » lui transmit Saphira, non sans une petite pointe de moquerie.
Eragon, tout en se levant félinement, à la manière des elfes, allait lui répondre quand elle ajouta :
« Je suis fière de toi petit homme », un bleu miroitant, quasi larmoyant, dans les yeux.
Il referma sa bouche, surpris, puis étira légèrement ses lèvres en une sorte de sourire, mais c’était bien assez pour que sa partenaire perçoive la reconnaissance qu’il lui témoignait.
Les nains s’affairaient déjà à expulser les amas de pierres des rues proches de leur position, démontrant l’incroyable force d’esprit et de corps qui coulait dans leurs veines. Dans un silence de plomb, uniquement rompu par les chocs des roches sur le sol, chacun soulevait dans la limite de ses moyens, des poids plus ou moins importants. Plusieurs « équipes » avaient été constituées : Arya et Eragon vers le chemin de droite, menant aux tunnels reliant Tarnag à Tronjheim ; les nains, dirigés d’une main de fer par Ordarik, sur la voie de gauche, déblayant les éboulis bloquant le passage vers le fleuve d’Az-Ragni. Et enfin, en face, se déchaînant contre la montagne, Saphira expulsait les amas avec une force gigantesque, transportant les plus gros morceaux vers un endroit moins incongru par la voie des airs. Elle réduisait en petits morceaux les gros blocs, de son côté comme celui des nains, les aidant grandement. Le déblayage avança rapidement, et en une heure, voire deux tout au plus, les trois artères principales de la cité reprirent vie. Seule la grande forteresse, reliée par la dernière voie menant au cœur de la ville qu’ils venaient de secourir, restait meurtrie, défigurée par la folie destructrice du roi.
Eragon était fier du travail accompli. Avec l’aide d’Arya, ils avaient soulevé une quantité phénoménale de débris, puisant s’il le fallait dans les réserves de sa dragonne l’énergie dont il avait besoin pour projeter par magie les blocs de pierre. Des petites étincelles vert émeraude et bleu azur brillaient de ci de là, reluisant la masse sombre des rocs, ce qui semblait les animer d’une vie surnaturelle. Le spectacle avait beaucoup amusé Eragon, et apparemment Arya aussi. Cette tâche leur avait permis de s’évader de l’horreur inqualifiable des récents événements.
La lune pointait le bout de son nez lorsque tous, humain, elfe, dragon et nains se rejoignirent sur le pavé nacré de la place principale. Sur chaque visage pouvaient se lire l’intensité de l’effort accompli et la fatigue qui s’en suivait. Eragon décida alors de se concerter avec Arya et le chef nain :
- Maintenant que nous avons tenu notre promesse en réoxygénant votre cité, Ordarik, il va nous falloir partir vers Galfni. Un long voyage nous attend, même à dos de dragon.
- Que…COMMENT ?! Vous ne voulez certainement pas dire que nous…que je devrais monter sur ce…cette créature ailée ! Non non non, par la barbe d’Undorok, jamais je n’accepterais.
- Mais c’est pourtant la seule solution, répliqua Eragon très calmement, une petite pointe d’amusement dans la voix.
- Mais enfin cela ne se fait pas ! Renchérit le nain, d’un ton se faisant plus fort. Un nain sur un dragon, voyons, c’est impensable !
- Et pourquoi cela maître nain ? L’interrompit Arya, figeant ses grands yeux verts sur son visage.
- Mais parce que… Il cherchait désespérément un regard amical, compatissant envers qui se tourner. Sa tête se balançait du Dragonnier à l’elfe.
Enfin ce n’est pas raisonnable… Il semblait presque implorer la clémence des deux amis.
- Ecoutez, je sais fort bien que les nains n’apprécient pas de voyager à dos de dragon, l’expérience du voyage vers Aberon avec Orik affirmant mes dires. Cependant il nous faut arriver au puits le plus rapidement possible si nous voulons préserver l’ordre et l’unité de tous les nains des Beors. Votre père, Ûndin, m’a confié une mission, et donc à travers moi il a montré dans son dernier soupir toute la confiance qu’il vous portait, jugeant que vous seriez à même de résoudre cette crise. Ayez foi en vos capacités maître nain, assumez avec fierté et honneur votre devoir, et ensemble apportons la paix à nos frères de sang !
Le discours d’Eragon, très vivant et passionnel, finit par faire céder le nain avec un « Très bien, vous avez gagné, je monterai sur ce dragon de malheur ! »
« DragonNE de malheur ! » rectifia aussitôt Saphira, qui transmit son message dans l’esprit de la petite assemblée.
Ordarik, malgré son évidente réticence pour ce voyage forcé, pouffa de rire sous la remarque de l’Etincelante, tandis qu’Eragon et Arya, un immense sourire aux lèvres, affichant leurs dents blanches parfaitement alignées, congratulaient la dragonne de sa réplique.
Tout en gourmandant son Dragonnier de ses yeux d’un bleu azur parfait, elle lui indiqua qu’elle partait chasser dans les montagnes, quelques soleils s’étant couchés depuis son dernier festin.
« Très bien, envole-toi, ô splendeur de la nuit, va gouverner le ciel qui réclame sa reine ! »
« N’en fais pas de trop tout de même » lui indiqua-t-elle, un air de grande satisfaction dans sa voix.
Eragon sourit alors avec sérénité. Tout semblait rentrer dans l’ordre le temps de quelques instants, et il comptait bien en profiter.
« Fais attention tout de même ma belle. Et ne sois pas trop longue »
Après avoir donné un petit coup de langue affectueux sur la joue droite du jeune homme, Saphira s’élança avec puissance dans les cieux en quête de nourriture.
Arya annonça alors :
- Je pense qu’il est inutile de partir maintenant. Le crépuscule a bientôt exécuté totalement sa marche et nous sommes tous éreintés. Il serait inconsidéré de voyager sur Saphira, qui de plus est absente. Ordarik, pouvez-vous nous héberger cette nuit, et aussi nous faire préparer quelques vivres pour les jours à venir.
- Oui bien sûr Dame Arya. Même si Galbatorix a détruit une partie importante de nos vivres, il nous en reste une bonne partie. Les nains seuls pourraient s’en contenter d’ailleurs, mais il faut aussi compter sur les Vardens. Ce problème devra être réglé rapidement.
- En effet maître nain. Cependant il y a plus urgent.
Tout en acquiesçant d’un mouvement de tête bourru, Ordarik continua :
- La basse ville a été quelque peu épargnée par les ravages du roi et de son dragon maudit. Nous y trouverons sûrement des hôtes pour vous loger et nourrir. Excusez-moi, mais je dois me réunir avec mon second pour discuter de la gestion de la ville durant mon absence.
- Oui je comprends, dirent en cœur, Eragon et Arya, ce qui les mit quelque peu dans l’embarras.
- Alors que cette nuit vous soit aussi douce et réparatrice qu’elle peut l’être, mes amis.
- Oui, à demain Ordarik, conclut le Dragonnier. Retrouvons-nous aux premières lueurs du soleil, ici sur la grand’place.
- Je n’y manquerai pas, leur sourit le nain, même si c’était difficilement observable avec son épaisse barbe rousse.
Eragon et Arya furent accompagnés par un groupe composé d’une dizaine de nains vers la partie la plus excentrée de la ville, où un semblant d’hôtel se tenait encore à peu près droit. Sa taille s’adaptait parfaitement à celle des nains, mais possédait quelques chambrées à la leur, qui figuraient comme des géants parmi eux. Au seuil du bâtiment, l’elfe retint le bras puissant d’Eragon, et lui dit tout simplement, dans une tonalité emplie de félicitations, mais aussi d’inquiétude :
« Tu as changé Eragon ».
Elle lui lâcha délicatement son avant-bras, dans une sorte de caresse féline, et se dirigea vers ses « appartements » d’une manière on ne peut plus altière, malgré la hauteur du plafond du bâtiment qui la forçait à se courber. Eragon mit quelques secondes pour sortir de son état léthargique, portant sa réflexion sur les paroles troublantes de l’elfe. Cependant, vu l’heure tardive et la quantité d’événements traversés aujourd’hui, la fatigue prenait le dessus sur tout autre mécanisme de son cerveau, et se résigna avec plaisir à rejoindre sa couche pour s’y loger dans une dernière étreinte. Une fois dans sa chambre, il commença à ressentir les effets du sommeil, anesthésiant peu à peu les douleurs physiques de son corps et les blessures de l’âme. Soudain, une brûlante excitation l’extirpa de son pseudo sommeil, son cœur battant la chamade. Alors il s’en voulut aussitôt.
« J’ai oublié Saphira ! » se réprimanda-t-il. Il ouvrit son esprit sur la globalité de la cité, puis vers les montagnes alentours jusqu’à retrouver sa partenaire qui s’amusait comme une petite folle.
« Mais qu’est-ce que tu fais ? Tu as vu l’heure ? Il y en a qui dorme je te signale ?! »
« Oh et bien c’est gentil de m’avoir attendue » répliqua la dragonne, fermant le caquet de son compagnon.
« Oui je suis désolé, après tout ça j’étais tellement exténué que je t’ai momentanément un peu oubliée… »
« Momentanément un peu oubliée, c’est ça bien sûr…C’est vrai que je ne m’appelle pas Arya… »
« Bon je me suis excusé, tu vas arrêter de me faire tourner en bourrique ! ». On sentait l’impatience, la fatigue et l’orgueil, vibrer au son de ses cordes vocales.
« Moi je trouve ça drôle ! » le gourmanda-t-elle alors, une intense bonne humeur dans sa voix.
Se calmant, et même s’apaisant d’un seul coup, il lui demanda mielleusement, sa curiosité piquée au vif :
« Tu vas me raconter alors ?... »
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeVen 11 Mai - 11:08

« Evidemment ! Oh, c’était GE-NIAL : Je volais tranquillement dans le ciel à la recherche de quelques proies à grignoter – terme qui fit beaucoup rire Eragon quand on pensait que le grignotage en question n’était rien de moins qu’un daim – et vu ma taille et ma magnifique robe ( n’est-ce pas ? ), il m’est difficile de passer inaperçue, surtout à la lueur de la lune ».
« Et je te le répète, tu es la plus belle qui soit ».
« Petit flatteur va ! ». Plus son discours se déroulait, plus on sentait l’engouement et la gaieté rayonner dans le cœur de la dragonne, exaltant tous ses sens, et donc a fortiori ceux d’Eragon.
« Donc je me promenais, et là un groupe de cinq Fanghurs s’approcha de moi, me considérant sûrement comme un fabuleux plat de résistance. Ils m’ont encerclée et ont commencé à piailler leur petit cri suraigu qui nous avait tellement déplu la dernière fois en sortant de Tarnag. Cependant cette fois-ci cela ressemblait à des petits chatouillements qui effleuraient ma conscience, et je me délectais d’avance du sort que je leur réservais ».
Elle enchaîna, trop impatiente pour attendre une réaction de son Dragonnier :
« Ils s’approchèrent encore un peu, et pour en rire un peu plus, j’ai feint d’être sous l’emprise de leur hypnose mentale, battant avec désordre mes ailes. Ils s’apprêtaient à m’attaquer quand je me suis redressée, envolée à quelques mètres au-dessus d’eux et là, je leur ai envoyé un puissant mugissement féroce, mental mais aussi réel qui les a cloués sur place. T’aurais du voir leur tête déconfite ! Ils piaillaient de surprise et d’horreur, battant des ailes frénétiquement, avec fureur, et ils s’envolèrent dans cinq directions opposées, en étoile, au cas où j’en chasserais un. Leurs mouvements étaient si désordonnés qu’on aurait cru ce que vous les humains appelaient des mariommettes dans un numéro de cirque ! »
« Euh, Saphira ? »
« Oui ? »
« C’est marioNNette, avec deux N comme Nigaude ! »
« Pfff, goujat ! »
A ce moment-là ils éclatèrent de rire, à l’unisson, et cela faisant beaucoup de bien d’être réunis dans un moment de joie, bien trop rare ces temps-ci. Eragon dut employer maints efforts pour se calmer.
« Merci ma belle de m’avoir fait tant rire ».
Elle ne lui répondit pas, mais il pouvait sentir l’émotion qui la faisait tressaillir.
« Tu rentres quand ? »
« Bientôt je pense, mon ventre a presque fini de vibrer comme un immense cor. J’imagine que dans ta couche il n’y a pas de place pour moi, vu la taille des bâtisses ici. Je t’attendrai à l’extérieur demain matin. Endors-toi petit homme, et profite de ce sommeil réparateur. Tu en as bien besoin ».
« Merci Saphira. Toi aussi repose-toi bien, un long voyage nous attend dès l’aube ».
Il rompit leur liaison mentale et se coucha, se laissant bercer dans cet étrange sommeil qu’était le sien depuis le don des dragons.

Eragon était assis en tailleur, sur l’A-pic de Telnae’ir, contemplant avec envie la vie tumultueuse des fourmis. Il observait l’ordre et la régularité implacable de ces « amies » dans leur besogne quotidienne, et cela l’exaltait. Puis il commença à bouger, pivotant de droite à gauche, puis l’inverse. Il se concentrait pour percevoir avec autant d’acuité son environnement, mais ses soudains mouvements le perturbaient.
« Eragon ! »
Avec un effarement total, il observa les fourmis avec un léger effroi.
« Elles m’ont parlé ! » se dit-il, les yeux pétillant sur sa récente découverte. Leur voix était étrange, très caverneuse et gutturale. D’ailleurs cela lui rappelait étrangement l’accent nain.
« Tu vas te réveiller bon sang ! »
Il ouvrit un œil, puis deux, et vit avec horreur une gigantesque touffe de poils se pencher sur lui, prêt à l’étouffer. Il porta sa main au fourreau de son épée avant que celle-ci ne répliquât :
« Oh, du calme mon garçon. Il est l’heure. Il nous faut partir ».
Le voile de brume opaque s’évapora et ses yeux ébahis perçurent enfin les doux rayons matinaux du soleil. Il s’aperçut alors que ce qu’il avait considéré comme une « touffe de poils » n’était autre que la main d’Ordarik qui venait de le secouer comme un pommier. C’était donc lui qu’il avait entendu.
« Non mais quel idiot ! » se dit-il, un petit sursaut de rire s’échappant de ses lèvres.
Il se leva gracieusement de sa couche et étendit tous ses membres reposés des meurtrissures de la veille. Comme chaque matin depuis son départ de Cithri, Eragon posa un large bol sur la table de chevet accolé à son lit rustique, y versa au deux tiers de l’eau et prononça, en fixant ses pensées sur son cousin, « Draumr Kόpa ». Le liquide se troubla, et le visage de Roran apparut alors. Il était déjà debout, bien que les quelques épis sur sa tête témoignaient de son éveil récent. Eragon reconnut les appartements de son presque frère, et il en fut rassuré. Il stoppa son emprise sur l’eau et répéta le même rituel, cette fois-ci se concentrant sur Katrina, espérant toujours un peu plus qu’elle soit en vie. Cette fois, ses mains ne portaient plus de fers, mais son visage évoquait la souffrance et la solitude, quoique atténuées par les bienfaits du sommeil. Il interrompit la magie, soulagé que rien ne se soit passé pour eux, et donc de pouvoir toujours tenir sa promesse, et il vida son bol. En quelques minutes, il se lava ( bien que le nécessaire en hygiène soit ici assez rudimentaire ), se rasa ( par magie bien sûr ) et revêtit des fourrures assez épaisses pour résister aux morsures du froid des Beors.
« Ah enfin ! Pire qu’une dame de la cour ! » Lui lança Saphira en guise de bonjour.
« Qu’est-ce que tu sais, toi, des dames de la cour avec tes manières ?... » Répliqua-t-il d’un petit sourire narquois.
De cette petite victoire il ajouta : « Bonjour à toi aussi ma chère », en se penchant en signe de révérence, accentuant bien sur SA bonne éducation.
Il n’eut en tout et pour tout qu’un « pfff » hautain, la dragonne le regardant de haut, bien qu’intérieurement cela l’amusait grandement, ce qui n’échappait pas au Dragonnier. Ils étaient dès l’aube plus complices que jamais.
Ordarik et Arya attendaient son arrivée pour pouvoir monter sur sa dragonne, qui portait déjà les quelques vivres dont ils auraient besoin jusqu’à Galfni. Ils avaient été enfermés solidement dans des sacs de cuir de Feldûnost à l’aide de deux ceintures épaisses. Une poignée dépassait du bagage s’agrippant à l’un des crochets de la selle d’Oromis. Avec nonchalance, le nain grimpa sur Saphira, qui dut porter son cou à terre, ce qui eut pour effet d’exalter l’air bougon d’Ordarik, suivi de près par Eragon et enfin par Arya. Le jeune homme se sentait assez mal à l’aise quant aux bras gracieux et aux mains félines qui effleuraient sa partie abdominale, mais à y réfléchir, cela le serait encore plus en sens inverse. Dans une dernière recommandation à ses amis nains, Saphira s’élança dans les airs avec gaieté, sa puissance et son énergie renouvelées par son repos bien mérité. Ils arpentèrent des vallées, veillant à profiter des maigres rayons du soleil, s’engouffrant dans des sillons profonds pour se réapprovisionner en oxygène.
Malheureusement pour Eragon, Arya avait retrouvé son aplomb naturel, et donc aussi sa très grande communicativité… Cela faisait déjà une heure qu’ils avaient quitté la cité meurtrie, une longue heure sans qu’aucun son ne vienne effacer celui du vent hurlant dans leurs oreilles. Pour atténuer la tension qu’accumulait le nain à l’idée de ne plus toucher la terre ferme d’au moins une centaine de pieds, sinon plus, le Dragonnier décida de converser avec Ordarik d’un peu de tout et de rien. Malgré la légèreté de leur discussion, allant des exploits du nain dans la chasse aux Fanghurs dans les montagnes proches de Tarnag, aux moments d’ivresse dans la taverne de Tronjheim, dans laquelle Saphira s’était brillamment faite remarquer en vidant d’un seul trait trois barriques d’hydromel – anecdote qui valut à Eragon quelques réprimandes « amicales » de la dragonne – Ordarik paraissait toujours troublé, inquiet des récents événements, et aussi, Eragon s’en doutait, de son abandon de la cité. Le jeune homme essayait toujours de le divertir, mais le nain le coupa, prononçant à haute voix, de sorte que tous le comprennent bien :
- Bon, maintenant que nous sommes loin de la cité, et donc d’ennemis potentiels comme ces moins que rien du Durgrimst d’Anhuin…
- même si le geste de Torgrak est inqualifiable, ne soyez pas si prompt au jugement, probablement aveuglé par la colère et le ressentiment, envers les autres membres de ce clan, l’interrompit la princesse elfe.
Une fois la douche froide passée, il continua :
- Je vais donc pouvoir vous révéler certaines…précisions sur ce qui nous attend au « Puits ».
- Comment ça ? Le questionna Eragon, l’air hébété.
- Comme je te l’ai dit, ce lieu, qui n’est pour la plupart des nains qu’un mythe, et sacré pour les autres, est caché au fin fond de la vallée de Kamidor, au cœur d’une montagne escarpée répondant au doux nom d’Orgaramir.
- Ce qui signifie… ?
- …La dévoreuse d’âme, murmura Arya, quelque peu troublée par les révélations de leur compagnon.
- Tout à fait gente dame. Il n’existe que deux accès pour atteindre le Jardin des Géants, menant au cœur, et donc au Puits. L’un est aussi dangereux que l’autre. Les rares téméraires ayant osé relever le défi, par soif de pouvoir probablement, n’en sont jamais revenus. On dit que la montagne a consumé leur âme…
- D’où son nom, constata Eragon. Vraiment charmant !
- Le premier passage est un passage sinueux, une sorte de grotte emplie de stalactites et stalagmites tranchantes comme des rasoirs, dont l’entrée est à l’extrémité de la ville de Galfni. Il va de soi que vous ne pourrez pas y voler Saphira, cela aurait été bien trop facile ! Cependant le véritable danger ne vient pas de la nature hostile de la caverne, mais de ses habitants. Quelques animaux, des Ormars, y rodent et attendent patiemment leurs prochaines victimes.
« Est-ce une race spécifique aux Beors ? » Interrogea Saphira avant qu’Eragon n’ait pu ouvrir la bouche.
- Oui, et certainement la plus cruelle. Les Ormars sont à mi-chemin entre les tigres pour leurs dents de sabre, leurs griffes redoutables et leur agilité, et les ours pour leur imposante force. Mieux vaut vous prévenir de suite : si nous empruntons ce passage, il nous faudra user de toutes les ruses possibles, même face à un seul de leur congénère.
Saphira émit alors un petit grondement de provocation, mêlant ses pensées aux leurs en proférant, très courtoisement bien sûr, un « qu’ils viennent ! » très amical !
Ordarik allait continuer lorsqu’elle continua :
« Et le deuxième chemin maître nain ? »
- Celui-là est tout aussi réjouissant ! Ironisa le nain. Il paraîtrait qu’il existe un passage aérien, caché dans la montagne menant au Jardin des Géants. Cependant d’après les légendes des tunnels interminables, escarpés et écorchés parsèment cette voie, de telle sorte que l’entrée ne sera absolument pas facile à dénicher. De plus des colonies de Fanghurs se seraient nichées dans cette montagne maudite.
« Hummmmm, des Fanghurs à la broche ! » gloussa la dragonne.
La réflexion fit rire aux éclats le nain, tandis que l’elfe avait un regard interdit.
« Saphira, as-tu oublié notre conversation lors de ta dernière rencontre avec ces oiseaux ».
« Avant-dernière », pensa-t-elle, petite moquerie qui fit bien sourire le Dragonnier.
Arya resserra brusquement alors ses bras autour de la taille du jeune homme, lui comprimant la cage thoracique assez douloureusement.
« Et toi, ça te fais sourire aussi ? Je te rappelle que les Fanghurs sont une espèce importante pour l’écosystème des Beors, et que… »
« Et que s’ils veulent mettre nos vies en danger, je n’hésiterai pas une seule seconde à assumer ce sacrifice » répondirent en cœur Saphira et Eragon.
Sur cette avalanche de coups verbaux, Arya s’emmura dans une prison de silence.
Ordarik, après s’être calmé de la plaisanterie, reprit alors :
- Bien sûr, la seconde parait plus attrayante, mais encore faudra-t-il la trouver !
- Nous la trouverons, ne vous inquiétez pas, répondit le Dragonnier.
- Alors soit. Je dois maintenant vous faire prendre connaissance d’une dernière chose, assurément la plus importante : mon père m’a transmis une sorte de prophétie révélant la marche à suivre pour atteindre le Puits. La voici donc :
Toi, qui par la nécessité
La puissance tu viendras mander
Ton épée illusoire deviendra
Quand l’épreuve de force tu passeras
De ta logique tu requérras
Au serment des Quatre, le cœur pur et l’esprit droit
Et une fois tes qualités révélées
Le don de Korgan te sera accordé.
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeVen 11 Mai - 11:10

- Je n’en sais malheureusement pas plus que vous maintenant, vous allez devoir y réfléchir sans autre élément avant d’y arriver.
Ces simples vers, lourds de sens, enveloppèrent les quatre personnages d’un manteau de circonspection tendue, aucun n’osait troubler le silence intérieur et l’intense réflexion qui semblaient régner en maître sur l’âme de leurs amis. Pendant des heures le froid mordillait leur peau, le vent, plus cruel que jamais. Malgré le fait qu’ils volaient plein sud, face au soleil, le gel s’invitait parfois dans leur chevelure, et dans la barbe dans le cas du nain. Vers midi, l’astre à son zénith, le groupe décida d’un commun accord de faire une pause pour restaurer leurs forces et se dégourdir les jambes pour certains, les ailes pour une autre. Le terrain où ils se posèrent était vierge, sauvage, de toute beauté. L’atmosphère se faisait plus douce que dans les hautes sphères des montagnes. La brise caressait leur visage tels de doux baisers. Eragon détacha le sac de provision de la selle de Saphira, et distribua quelques vivres à ses camarades, de la viande séchée pour Ordarik, un assortiment d’herbes, de fruits et de légumes pour Arya et lui. Malgré l’ambiance plus chaleureuse du pied de la montagne, l’amertume semblait prendre possession du nain. Eragon décida alors d’intervenir :
- Ordarik, je sais que la situation est difficile, et si vous vous en sentez le besoin, je peux, comme Saphira ou Arya je présume, vous écouter et vous répondre aux questions que vous vous posez.
Laissant son orgueil de côté, le nain s’exprima avec toute sincérité, le cœur meurtri par ces noires pensées :
- Très bien mais commençons pas nous tutoyer.
Eragon hocha la tête en signe d’approbation.
- Comment cela s’est-il passé là-bas, à Farthen Dûr ? J’ai besoin de comprendre pourquoi vois-tu…
- Oui bien sûr. Après la mort de Hrothgar, l’entente entre les différents clans se situait en équilibre sur un mince fil, que le moindre souffle pouvait briser. L’annonce de l’attaque de ta ville a été ce petit souffle qui a déclenché l’un des moments de folie le plus intense de toute l’Histoire des nains.
- Et ensuite Torgrak et ses « amis », déglutit-il avec dégoût, se sont ligués contre vous, Saphira et toi, et tous ceux qui vous défendiez. Je comprends maintenant pourquoi mon père a dû expier son dernier râle. Cependant comment à vous trois avez-vous pu anéantir toute idée de vengeance de la part des autres nains ?
- Mais nous n’y sommes pas parvenus ! Comme la situation s’envenimait, Arya est intervenue, et a commencé à défendre Saphira du groupe de Torgrak qui s’attaquait à elle. Je m’occupais pour ma part de retenir les autres, en invoquant un mur d’air infranchissable entre eux et moi. Et à ce moment une chose que moi-même je ne m’explique pas s’est produite. J’y ai songé pendant de longs moments, mais je n’en tire aucune conclusion. Je ne voulais pas aborder cette épineuse question avec vous, mais comment se fait-il que… ?
« Oui nous aurions dû en discuter avant, et je te demande de m’en excuser, Eragon-Elda » Lui répondit par la pensée l’elfe, une petite pointe de honte dans la voix.
« Quand j’ai dû me résigner à attaquer les nains pour vous protéger, je savais que cette entreprise allait être délicate. Plus Saphira et moi tachions de repousser les assaillants, plus ils devenaient virulents, et, malgré ma maîtrise de l’art de la magie, mes pouvoirs ont des limites. De ton côté tu ne pouvais nous aider, il fallais que tu maintiennes les autres en place pour qu’ils évitent de s’entretuer ».
Saphira aurait voulu disparaître à cet instant, elle avait grandement peur de la réaction de son Dragonnier, ce qui tendit encore plus le jeune homme.
« C’est alors que, sentant la panique s’insinuer en moi à mesure que les autres gagnaient du terrain, j’ai ressenti une conscience toucher la mienne, et à travers ce lien un flot immense d’énergie s’est déversé en moi. Pendant quelques instants je pense que je me suis liée à Saphira comme tu peux l’être à chaque instant ».
L’elfe baissait la tête en répondant mentalement à Eragon, sa voix se confondant en un chuchotement au fur et à mesure de son récit.
Eragon était tout simplement stupéfait, mais il ajouta sans tarder :
« Je vois, et…je t’en suis reconnaissant ».
La réplique, calme, sereine du jeune homme, prit au dépourvu l’elfe, ainsi que la dragonne.
« Mais pourquoi cela ? Je me suis tout de même immiscée entre vous deux, et personne ne devrait…
Contre toute attente, Eragon posa son index sur ses minces lèvres, délivrant Arya de ses doutes, de sa culpabilité et de son désarroi en un seul geste.
« Ne t’inquiète pas, je suis heureux que tu aies ressenti ce lien très particulier qui m’unit avec Saphira. Et puis, si elle ne t’y avait pas poussée, on ne serait sûrement pas ici pour en discuter ! »
Un intense sentiment de gratitude, d’amour et de reconnaissance envahit le cœur du jeune homme, palpitant sous les regards étincelants, quasi larmoyants, d’Arya et de Saphira.
Cela fit bien rire Eragon, attitude accentuée par le regard ahuri du nain.
- Désolé de vous…euh de t’avoir laissé en plan Ordarik. Saphira et Arya ont par la suite uni leur force pour mettre à terre, en lançant un puissant sort, tous les nains belliqueux sans les blesser. Une partie du contingent elfe envoyé par Islanzadi aux Vardens est resté à Farthen Dûr pour maintenir la paix très précaire entre les différents clans.
- Ils ne vont sûrement pas apprécier leur intervention. Il va falloir trouver rapidement ce qu’on est venu chercher, et espérer que ça va nous permettre de calmer leurs ardeurs.
- Oui espérons-le, mais pour le moment, nous ne devons penser qu’à notre objectif, on avisera par la suite le moment venu.
C’est dans un calme serein que tous repartirent vers Galfni. Eragon venait de comprendre pourquoi sa dragonne était si réservée au sujet de son combat avec Arya : elle avait peur de sa réaction si elle lui avait avoué la vérité. Dans un murmure chatoyant, elle lui proclama :
« Je t’aime petit homme », qu’il lui renvoya aussitôt, le cœur léger.
La dragonne folle de joie effectuait quelques mouvements acrobatiques, au grand déplaisir du nain qui devenait blanc comme un linge, ce qui la fit stopper. L’elfe avait retrouvé sa joie de vie, certes réservée, mais elle conversait avec le Dragonnier, le nain ou Saphira avec spontanéité et fraîcheur. L’ambiance était assez bon enfant, se racontant les uns aux autres les péripéties respectives de leur vie. Le soir, tous se camouflèrent sous la fine membrane bleutée de l’aile droite de la dragonne, profitant ainsi du feu intérieur qui sommeillait en elle.
Le jour suivant, Arya avait repris ses distances, attitude compensée par la grande jovialité du nain, qui s’habituait peu à peu à monter la dragonne, mais surtout qui savait qu’ils étaient bientôt arrivés. A la lueur du crépuscule, Galfni la Recluse montrait les traits de sa silhouette.

Galfni était l’une de ces étranges choses de l’Alagaësia qui valaient la peine de se déplacer pour les admirer : la structure de la ville paraissait tout à fait singulière, à des milles de celles, somme toute assez classique mais néanmoins majestueuse, de Tronjheim ou de Tarnag. Depuis la voûte céleste, chaque maisonnée figurait comme un trait d’une immense figure : les remparts de la cité formaient les contours d’une sorte d’ours, debout, fier, se maintenant au pied de la montagne maudite. Des immenses places ovales assertissaient l’animal d’yeux verts bercés d’un blanc nacré. D’immenses obélisques luisant sous l’éclat de la lune, représentations des pointes vaillantes de ses crocs, faisaient office d’allée centrale menant au château intérieur, possédant de multiples ramures et ouvertures. Tout du long du corps de l’ours-tigre, les habitations et les ruelles s’entrecroisaient, s’épousaient pour mieux se rejeter. Toutes ces fines rainures conféraient à l’ensemble une profondeur, voire une âme. Les lanternes rougeâtres naines se mirent alors à briller de leur éclat chatoyant, et le jeu d’ombres et de lumières donna vie à ce redoutable ennemi qui mettait en garde quiconque viendrait troubler le territoire qu’il gardait. Heureusement pour eux, Ordarik avait eu la clairvoyance de prévenir de leur imminente arrivée Ormar, le chef du Durgrimst Ormar – c’était la tradition de ce clan que le chef porte le nom du clan comme dénomination directe. Seul ce groupe nain dirigeait la ville, aucun autre n’ayant droit d’y résider. C’est pourquoi les autres l’appelaient Galfni la Recluse.
Dans un vrombissement d’ailes, Saphira piqua du nez en direction du sol de cornaline, entouré par les obélisques qui reflétaient elles-mêmes la lumière que les lanternes délivraient, sans doute en ayant imprégné les glyphes inscrits sur la pierre du sort que les elfes leur avaient appris. La dragonne suivait la piste d’atterrissage avec dextérité et précision, s’engouffrant dans la gueule béante de l’Ormar. Elle gonfla ses ailes, manquant de faire tombe le nain si Eragon ne l’avait pas retenu, et fit crisser les griffes de ses puissantes pattes en touchant le sol.
Ordarik descendit avec joie, heureux de pouvoir toucher à nouveau la terre ferme, tandis que le Dragonnier et Arya sautèrent félinement, gracieusement de la selle de Saphira. Pour seul comité d’accueil, Argân, le chef en second de la ville, les rejoignit et leur indiqua sèchement :
- Suivez-moi s’il vous plaît.
Eragon s’attendait à ce genre de courtoisie, Ordarik ayant eu l’intelligence de lui indiquer les rapports, quand il y en avait, quelque peu conflictuels avec ce clan, assurément le plus excentrique et le plus borné de tous. C’est ainsi que pendant ces longues discussions, le nain décrivait le caractère de chacun des chefs de clan, leur susceptibilité, leurs fiertés, et il ne fut pas étonné de constater que, d’après ces peintures fort détaillées, Ormar fit parti du groupe de Torgrak lors de la révolte de Tronjheim. Il fallait dont converser avec Argân avec la plus extrême prudence, au risque de s’attirer les foudres de la population d’une ville entière. Ils s’engouffrèrent dans le hall principal du château, constitué de pierre sombre, froide, à l’allure dépouillée. Seules quelques armures et boucliers brisaient la solitude de ce lieu. Le chef les conduisit jusqu’à une salle somme toute assez modeste, assertie d’une table ronde, de la taille des nains cela va de soi. Il leur indiqua de s’asseoir et il commença à parler :
- Bien, comme vous me l’annonciez Ordarik, fils d’Ûndin, et dès à présent chef de votre clan, vos compagnons et vous êtes arrivés à bon port à la date prévue. J’aimerais connaître la raison de votre soudaine visite dans ma cité en ces temps si troubles, surtout en une si étrange compagnie.
Argân regardait alors mauvaisement la tête de la dragonne qui dépassait de la lourde porte d’entrée, dont les gonds semblaient atrocement souffrir.
- Je pense que vous le savez parfaitement Argân.
Les yeux du nain pétillaient tellement il savourait sa supériorité sur ses « invités ».
- Oui j’ai eu vent du tohu-bohu à Tronjheim à l’enterrement de Hrothgar, paix à son âme…*petit rictus*. J’imagine que vous venez pour le Puits de Korgan. Sachez que vous ne trouverez que mort sur ce chemin. Nul n’a pu en ressortir vivant.
- Et pourtant nous n’avons pas le choix. Dans sa grande sagesse, Korgan a confié à deux clans adverses la garde de son secret : le Durgrimst Ormar pour assurer la sérénité de ce lieu sacré, et ma Maison pour protéger les indices pour y accéder. Aujourd’hui la pérennité de notre peuple est en danger, et c’est en tant que nain que je vous demande de nous accorder le droit de passage vers la montagne maudite, ainsi que votre hospitalité pour cette nuit.
- Et vous les aurez tous les deux. Bien que je n’apprécie guère vos manières, force est de constater que vos propos sont emplis de bon sens. Les nains ne peuvent se permettre une guerre intestine après la destruction de Tarnag.
La remarque valut à Ordarik une grimace de dégoût et à Argân un faible sourire mesquin.
- Nous vous avons fait préparer un toit pour vous héberger, à l’orée de la ville, près de la queue de la cité. Suivez dès l’aube le chemin qui s’ouvrira à vous, et il vous mènera dans l’antre de la montagne.
Il se tourna alors vers la dragonne.
- Dragon, veillez à contourner la ville pour atteindre votre camp. Votre race n’est pas très populaire au sein de cette cité, il en va donc de votre sécurité, ainsi que de celle de vos amis.
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeVen 11 Mai - 11:11

Malgré la rage qui s’immisçait en elle au son de l’irrespect que lui témoignait le nain, elle se retira avec un quasi inaudible grondement jusqu’à se retrouver sur le terrasse qu’elle avait quelque peu écorchée il y avait quelques instants, en attendant qu’Eragon ne lui envoie les images de sa position future. Le nain, l’elfe et l’humain traversèrent les méandres de la cité, la contournant au maximum en empruntant sa colonne dorsale, voyage orchestré par un guide très peu communicatif. Il avait dû recevoir ses consignes directement auprès d’Argân, qui s’était retiré de ses invités avec nonchalance, à la limite de l’outrage. Le petit groupe, que la population aurait tôt fait de confondre pour des vagabonds encapuchonnés des pieds à la tête dans la nuit noire, parvint jusqu’à deux imposantes portes, noires, de plus de dix mètres de haut, épousant parfaitement les côtes de la montagne. L’une d’entre elles était légèrement ouverte, très certainement pour leur permettre de passer au travers, eux et le matériel dont ils avaient besoin, requête exprimée très courtoisement cela va sans dire, à Argân. En frôlant l’épaisse muraille, dont la largeur devait être d’au moins un mètre, Eragon sentit un frisson hérisser les poils à la base de sa nuque. Cet endroit n’était pas accueillant du tout, voire même malfaisant. Derrière se trouvait plantée une grande tente où ils pourraient sommeiller la nuit et se restaurer avant de marcher sur la montagne. Après avoir communiqué quelques informations au groupe, comme de ne pas s’introduire dans la ville en plein jour ou le conseil de partir aux aurores le lendemain, et bien d’autres réjouissances encore, le nain rebroussa chemin aussi brusquement qu’il avait considéré les voyageurs. Son allure pataude se mariait très bien avec sa personnalité d’ailleurs. Les lourdes portes d’onyx se refermèrent peu de temps après son passage, rendant à la cité son calme apparent, car Galfni était toujours vigilante, montant la garde. Trois couches distinctes avaient été installées en hâte dans leur habitat de fortune, séparées par des voiles opaques.
Dans un grondement sourd, faisant vibrer le sol, Saphira atterrit près de ses compagnons de route, ses sens mis en alerte. Même si l’entrée du passage souterrain n’était qu’à une demi lieue d’ici, elle se méfiait d’une attaque sournoise d’Ormars. Tout en ce lieu suintait la félonie. Très rapidement, chacun des trois s’engagea dans ses « appartements » et commença à déposer les fourrures et autres armures qui certes les protégeaient du froid et des assauts ennemis, mais surtout les étreignaient douloureusement en cette fin de journée. Après un signe amical bref, le nain se coucha aussitôt. Apparemment l’escapade sur le dos de Saphira avait dû être très éprouvante pour qu’il s’endorme comme une souche. Eragon et Arya, chacun de leur côté, se rafraîchirent avec de l’eau cristalline puisée dans la petite rivière à proximité avant de grignoter un repas assez frugal, puis ils se couchèrent, sans un mot. Ils semblaient tous deux immergés dans leurs pensées. La dragonne quant à elle avait arraché un arbre entier d’un flanc de l’étroite ouverture de la montagne que composait ce passage moribond. Elle l’avait coupé en petits morceaux à l’aide de ses griffes acérées et les avait enflammés de son souffle de braise, apportant la douce chaleur à l’ensemble de l’équipée. Elle se roula en boule à l’entrée de la tente, la tête pointée vers le sillon écorchant le mont, à l’affût du moindre danger.
Eragon ne pouvait s’endormir : les péripéties récentes l’avaient trop émoustillé pour cela. L’attitude d’Arya pendant le trajet était passée d’une froideur palpable à une inquiétude sourde, en s’arrêtant sur un état de gaieté amicale. Même s’il n’avait pas une grande expérience des femmes, ou des elfes, il se doutait que quelque chose d’assez grave perturbait l’élue de son cœur. Ses révélations sur l’épisode de Tronjheim, où elle s’était unie avec Saphira, l’avaient bousculé émotionnellement. D’un côté il était un peu offensé de cette intrusion entre sa dragonne et lui, mais de l’autre cela la rapprochait encore un peu plus de lui, elle pouvait le comprendre avec un peu plus d’acuité. Alors pourquoi ce revirement ? Pourquoi était-elle redevenue si distante aujourd’hui ? Il repensa alors aux bribes de pensées qu’il avait malencontreusement arrachées à l’esprit de son aimée. Il connaissait le caractère prophétique des vers de ce corbeau blanc, lui-même ayant subi cette épreuve lors de son séjour à Ellesméra. Et comme avant, il n’en comprenait absolument pas la signification. Arya, elle, semblait l’avoir assimilée, vu la peur panique qui la dominait à son réveil. Cet épisode devait la torturer à longueur de temps, il se devait de l’aider à panser cette plaie. Alors, déterminé, il se leva avec ses mouvements de chat, souleva le voile pourpre de ses doigts délicats et pénétra dans l’espace réservé à l’elfe. Il lui murmura alors, pour ne réveiller ni Ordarik et surtout ni Saphira, connaissant son caractère prompt à réprimander :
- Dors-tu Arya ?
- Comment le pourrais-je ? Lui répondit l’elfe. N’entends-tu pas les ronflements de notre ami ?
Eragon était tellement obnubilé par les réponses qu’il attendait qu’il en avait oublié son environnement. Pourtant le bruit qu’émettait le nain était tout sauf discret !
- Dis-moi, ce n’est pas pour cela que ton esprit ne se laisse pas bercer par le doux flot des songes, n’est-ce pas ?
La réplique, emplie d’une pure vérité, frappa de plein fouet le cœur de l’elfe. Elle aurait juré qu’il lisait dans ses pensées sans les effleurer, ce qui la troublait d’autant plus. Elle baissa légèrement la tête, et fit un signe affirmatif, tout en joignant ses mains pour dégager un temps soit peu le stress qui l’envahissait.
- Je sais que je n’ai pas le droit de te le demander, mais je m’inquiète pour toi. Hier tu riais volontiers, et aujourd’hui tu t’emmures dans un silence de plomb. D’ailleurs le fait que tu te sois énervée contre nous pour l’attaque hypothétique des Fanghurs le prouve et…
- Mais non je n’étais pas énervée c’est seulement…
- Laisse-moi finir s’il te plait, coupa le Dragonnier, d’une voix forte mais calme, imposant le silence. Arya en fut décontenancée, ce qui lui permit de continuer.
- Je sais fort bien que tu comprends notre point de vue à ce sujet. Je pense donc que quelque chose d’autre se cache derrière ce pseudo problème. Au début j’ai pensé que c’était à cause de votre union avec Saphira. Mais encore une fois, je te répète que je n’en ai éprouvé qu’une profonde gratitude à ton égard.
Il avait aussitôt répliqué, voyant l’expression alarmée du visage d’Arya en évoquant ce point.
Il continua alors :
- J’y ai longuement réfléchi, et une autre chose me perturbe : il s’agit des morceaux de vers que Blagden t’a récités quand tu étais plus jeune et que j’ai par hasard entendus. Je…
- Oui en effet, Eragon, il s’agit de cela.
Elle releva la tête, les yeux vert émeraude brillant de milles reflets, une intense émotion dans la voix. D’un ton solennel, son regard planté dans celui du jeune homme, elle lui dit :
- Je suis désolée que tu en aies pris connaissance. Cette…prophétie, comme tu l’appelles, est le plus lourd fardeau que je dois porter, et en même ma plus grande fierté, car en moi repose le devoir de tout mon peuple. Chaque âme elfe a connaissance de ces vers, et personne ne peut le dévoiler à autrui sinon moi.
Après une pause, pendant laquelle on sentait le lourd poids qu’elle devait supporter en voyant se contracter un à un ses muscles, elle reprit :
- Vingt printemps s’étaient écoulés depuis ma naissance lorsque je reçus cette prédiction. A ce moment précis, je ne comprenais pas sa signification. Ce n’est qu’une soixantaine d’années plus tard que j’ai su, et par la même mon peuple aussi. Rappelle-toi que Blagden m’avait précisé que j’hériterai de mon devoir quand je saurai qui je suis. J’ai donc appris mon véritable nom, celui en ancien langage, que nul, à part ma mère, ne connaît, excepté une autre personne, même si elle n’en a sûrement pas conscience…
Eragon buvait la moindre parole de l’elfe, totalement subjugué par ces révélations.
- Pardonne-moi pour m’être comportée ainsi, je te promets de te soutenir comme tu le mérites. Je ne peux cependant pas pour le moment te révéler l’essence même de cette prédiction, car cela nous mettrait tous en danger. Peut-être un jour, quand tout aura changé…
- Mais pourquoi les autres elfes ont le droit de savoir et moi pas ? Ne suis-je pas digne de ta confiance ?
Eragon était excédé, et ne contrôlait désormais plus l’intensité de sa voix, sa colère balayant tout sur son passage. Ses pupilles se dilataient et ses mains vibraient sous la tension qui le dominait.
- Ce n’est pas cela Eragon…
Elle posa alors délicatement sa main sur sa joue droite, comme on peut appliquer un baume sur une plaie cicatrisante. A ce contact, aussi doux que la soie, ses préoccupations s’envolèrent comme un doux parfum peut enivrer les sens sous la brise d’un matin d’été. Elle le regarda quelques secondes, puis elle lui indiqua :
- Je ne peux te le dire car elle te concerne en partie, et que cela influencerait très probablement les choix que tu seras amené à faire. Cependant pour te prouver toute l’estime que je te porte, je puis te dire quelle est cette autre personne qui devrait connaître mon nom.
Elle eut une petite hésitation, mais devant le regard interrogateur du jeune homme, elle reprit, sa voix tremblotante, chuchotant à son oreille. Pour l’une des rares fois dans sa vie, elle était sur le point de révéler quelque chose de sa vie que tout autre ignorait. Cela la soulageait de savoir qu’elle pouvait le lui avouer, mais cela la rendait aussi terriblement vulnérable, peut-être trop…
- Je t’ai dit que j’ai appris quel était mon nom il y a à peu près vingt ans, la même année pendant laquelle j’ai décidé de porter fièrement mon yawë.
Eragon commençait à comprendre, complètement stupéfait, sinon horrifié.
- Il s’agissait de Saphira. J’ai su lorsque j’ai touché pour la première fois son œuf.

Le jeune homme mit une bonne minute pour assimiler l’information. Comment sa meilleure amie, voire même sa conscience, avait-elle pu lui cacher un tel renseignement ? Cela dépassait son entendement, et il comptait bien interroger sa dragonne, même s’il fallait pour cela la réveiller.
- Attends Eragon ! Lui ordonna l’elfe en lui agrippant son bras droit. J’imagine que tu vas voir Saphira, mais comme je te l’ai dit, elle ne doit sûrement pas en avoir conscience. Je ne veux pas que cela t’embrume l’esprit, ou pire, que cela détériore notre ou votre relation. Je te l’ai révélé car j’ai tout simplement foi en toi et en ton pouvoir, et qu’en quelque sorte nos destins sont je pense quelque peu liés. Et de toute façon tu ne te débarrasseras pas de moi comme cela !
C’était l’une des rares fois où elle parlait de façon si légère, à la limite surjouée, pour détendre un peu l’atmosphère. La surprise qui figurait sur le visage d’Eragon fit alors place à un calme apparent surplombé d’un sourire rassurant. Sur ce il prit congé de l’elfe, des idées plein la tête et décida de se coucher pour se remettre de ces fracassantes révélations. Que diable pouvait encore lui réserver Saphira comme surprise ? Il emporta ces dernières pensées jusque dans les limbes oniriques, laissant son imagination fleurir dans des rêves totalement farfelus.
Des cliquetis de fer…Une agitation assez étrange…Des murmures dans le silence froid de la montagne…
Les paupières d’Eragon semblaient peser des tonnes, comme si son sommeil n’avait duré en tout et pour tout que quelques minutes. Il se redressa péniblement, se leva et croisa ses amis. Après ce qui ressemblait à un « bonjour », il prit quelques fruits en guise de petit déjeuner – le goût amer d’un pamplemousse le sortant d’ailleurs de sa torpeur matinale – il se lava, s’habilla, et évidemment vérifia que tout allait bien pour son cousin et sa fiancée. Après ce soulagement il étira tous ses muscles fatigués de la veille, et sortit en hâte, plus déterminé que jamais. D’ailleurs ses deux compagnons ne s’étaient quasiment pas adressés à lui, ils ne savaient que trop bien ce qu’il devrait accomplir aujourd’hui. C’est alors qu’il se décida enfin à répondre aux douces suppliques de sa dragonne :
« Bonjour à toi aussi Saphira. Excuse-moi de ne pas t’avoir répondu plus tôt, mais mon esprit s’était égaré ailleurs. J’imagine que tu as parlé avec Arya de notre discussion d’hier soir ».
« Oui en effet. J’espère que tu ne m’en veux pas trop, mais je ne savais pas moi-même ce qui s’était passé lorsque j’étais dans mon œuf ». Sa voix s’amenuisait au fil de ses pensées.
« Non ne t’inquiète pas ma belle, tu n’y es pour rien et je l’ai compris. C’est juste que ça m’a un peu surpris voilà tout ».
« Un peu tu dis ? »
On sentait le courant entre les deux êtres reprendre de sa superbe d’avant. Saphira avait d’ailleurs donné un petit coup de langue affectueux sur la joie droite bien froide d’Eragon. Après un léger sourire, où leurs regards intenses ne faisaient plus qu’un, il lui souffla doucement :
« Bon on a du travail aujourd’hui. Allons-y ! »
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeVen 11 Mai - 11:11

Eragon contempla le paysage, et observa un roc assez plat à environ dix mètres sur le flanc droit du passage assombri par l’ombre de la montagne, sous le soleil timide de l’aube. Il grimpa alors en un seul bond sur le col de Saphira, sans la selle d’Oromis qui lui apportait tant d’aisance et de confort lors de leurs escapades. Il s’agrippa fermement autour de son cou, celle-ci ayant pris son envol, dans un fracas de vent faisant souffler poussières et feuilles en un tourbillon éphémère, son long corps écailleux en position quasi verticale, la tête pointée vers le rocher surplombant la queue de Galfni. En deux temps et trois mouvements le Dragonnier était assis en tailleur, calme, serein, sur l’à-pic, et ouvrait son esprit sur son environnement proche comme il aimait tant le faire avec les fourmis près de la cabane de son ebrithil. Saphira quant à elle sillonnait le ciel à la recherche de surfaces irrégulières du mont Orgaramir, où une quelconque brèche pourrait être empruntée pour atteindre rapidement le Jardin des Géants. Car il fallait se hâter. Son esprit vagabondait au gré du vent, caressant les contours carnassiers de la forteresse de glace. A chaque imperfection, Eragon tentait d’appuyer sur les points faibles de la structure pour dégager le passage aérien qu’Ordarik lui avait communiqué. Il fallait le trouver, à tout prix ! La dragonne sentait l’exaspération qui s’insinuait dans son Dragonnier et donc diminuait ses chances de succès. Elle prit alors les devant, et une autre conscience galopa sur les alizés avec Eragon. Arya s’était concentrée, et elle inspectait avec une minutie et une vitesse hallucinantes les parois montagneuses, ce qui atteint quelque peu l’orgueil du jeune homme. S’en suivit alors une course poursuite psychique durant laquelle l’un et l’autre désiraient analyser de prime abord les moindres recoins de la montagne. Ce petit jeu les amusa grandement, laissant pleinement leur audace, leur ruse et leur imagination travailler pour dérober les prises de l’autre. Soudain, Arya canalisa ses pensées envers un point rugueux, assez poli, de la face du mont, à peine éclairée par le soleil levant. Elle tenta d’y faufiler un sursaut d’énergie pour faire vibrer le roc et ainsi révéler le passage si ardemment désiré, mais elle ne parvint, après maints efforts, qu’à faire vibrer la paroi en un résonnement sonore grave. Elle semblait tenir tête à l’elfe, l’observant avec hautain s’attaquer à elle. Eragon, lui, filait sur le flanc nord, et n’avait pas remarqué qu’Arya s’était arrêtée quelque part. Sans doute avait-elle dû abandonner devant son grand talent ! Après une longue minute durant laquelle sa remarque amusante se transformait en une inquiétude grandissante, il arrêta sa course folle et lutta contre sa force d’inertie pour faire machine arrière, et porta cette fois-ci Arya comme cible de recherche. Une autre minute plus tard, il la repéra, coincée dans un repli malin de la montagne, luttant pour sortir de son combat de titan avec la force de la nature.
« Un coup de main peut-être ? » lui lança-t-il d’un ton provoquant.
« Non…C’est bon…Je vais…Y…Arriver… ! »
Des perles de sueur suintaient sur le visage inerte de l’elfe, non loin de la position du corps du Dragonnier au pied d’Orgaramir, perchée sur un petit à-pic. Quelques légères brumes vert émeraude palpitaient de ci de là autour de la princesse, tandis que son esprit proférait à tour de bras des formules d’ancien langage toutes plus complexes les unes que les autres. Eragon l’observait, là, à un ou deux mètres d’elle, sa conscience dans les airs gelés de la cime noire, et s’amusait de la situation à laquelle il assistait, bien trop rare à son goût. Arya se retrouvait impuissante, et donc entêtée comme une mule contre un ennemi qui lui paraissait cependant assez faible.
« Allez, laisse-moi essayer au moins ! Ton charme naturel ne sied pas à la montagne, voilà tout ! Regarde, et apprends ! »
Il sentait la fureur environnant l’espace qu’occupait la conscience d’Arya, ce qui le rendit encore plus fier et arrogant de sa réplique.
« Et bien vas-y, ô puissant monsieur je-sais-tout, expert chasseur de Carvahall et fermier à ses temps perdu ! Tu dois être certainement plus qualifié à faire bouger ce maudit tas de pierre que moi ! »
Elle voulait lui rendre la monnaie de sa pièce en le blessant un peu, mais sa tentative échoua lamentablement au regard de l’air joyeux du jeune homme.
Il prit place au contact de l’irrégularité qui tenait tête à l’elfe, et en déversant légèrement l’énergie qu’il avait accumulée, il brisa les défenses du roc et dégagea un trou perçant les entrailles de la montage maudite, avec une facilité déconcertante. L’air hilare et triomphant du jeune homme faisait contraste avec celui, dépité, de l’elfe, qui unifia derechef son esprit à son enveloppe charnelle. Eragon, lui, cartographiait le passage dégagé par cette explosion, et demeurait bouche bée devant l’architecture qu’il avait devant ses « yeux ». Il rencontrait des niveaux peu hauts, de quoi faire passer deux fois Saphira tout au plus, avec des roches qui entraveraient leur avancée, à la manière d’une ruche et ses alvéoles. Une demie lieue plus loin, après de multiples virages, parfois en épingle, un gigantesque dôme s’ouvrirait à eux, avec de multiples niches cachées dans la paroi. Et enfin, là, à l’autre extrémité de ce gigantesque colisée, se cachait une petite ouverture, d’une texture assez étrange, mais qui ne retint pas l’attention du jeune homme. Il pénétrait dans un espace éclairé par un petit filin de lumière, provenant d’une faible ouverture au sommet du mont. Le pic s’était littéralement coupé en deux, laissant une fine dorsale d’un à deux mètres, comme si on l’avait forcé à ouvrir son cœur. En recevant quelques coups dans les côtes, le Dragonnier dut reprendre connaissance sur l’à-pic. Arya n’avait pas trop ménagé ses gestes pour sortir le jeune homme de son état de transe.
« Et mais ça fait mal ! Il ne fallait pas te sentir obligée de me frapper surtout, un petit geste amical aurait largement suffi ! »
Arya releva la tête gracieusement et tourna les talons en attendant l’arrivée de la dragonne. Eragon, qui savourait chaque seconde comme les délicieuses friandises qu’apportaient les marchands à Carvahall, se releva, et délicatement il murmura à l’oreille gauche de l’elfe, qui ne voulait lui prêter une quelconque attention :
« Je ne te savais pas si mauvaise joueuse… »
Alors elle explosa :
« QUOI !!! MOI, Mauvaise joueuse ! On aura tout entendu ! Tu as réussi à défaire la pierre parce que JE me suis démenée pour l’affaiblir ! Si j’avais continué un peu j’aurais réussi mon entreprise. »
« Peut-être que seul un Dragonnier pouvait y réussir, ou même seulement moi… »
« Pfff »
« J’ai détecté au fin fond du passage une paroi assez étrange, un peu comme celle que je…euh qu’on vient d’exploser, mais j’ai quand même pu la traverser mentalement. Donc peut-être que ça m’était destiné. »
Et Saphira arriva dans un grondement de la roche qui crissait sous ses puissants membres. Elle nota la tension entre les deux amis, et s’en moqua un peu, surtout quand Eragon accepta enfin, après cinq bonnes minutes de bras de fer, de tout lui raconter dans les moindres détails. Cependant elle adhérait aux idées de son compagnon, ce qui le conforta dans son attitude.
- Ah, enfin vous voilà, je croyais que vous vous étiez transformés en statues là-haut ! Bougonna le nain. Avez-vous trouvé le passage aérien ?
- Evidemment Ordarik ! Lui répondit un Eragon enjoué, tout fier de lui. Êtes-vous prêt pour partir ?
Le Dragonnier vit passer un petit voile blême sur le visage du nain à l’idée de remonter sur sa monture, mais ce dernier reprit son assurance, porta sa nouvelle hache – la sienne s’étant brisée sous l’assaut démentiel de Folkvnir, l’épée du roi – à son ceinturon et grimpa ( grâce aux courbettes de la dragonne et à l’aide des bras qui proposaient leur aide…) devant Arya , déjà essoufflé avant leur périlleuse mission. Saphira s’éleva avec puissance et élégance dans les airs vers le passage sinueux qu’avait ouvert Eragon il y avait peu de temps de cela. Tous restaient muets comme des carpes, trop concentrés sur ce qu’ils allaient devoir affronter une fois à l’intérieur de la montagne maudite. A quelques mètres de la bouche de la falaise, Saphira les prévint de bien s’accrocher et surtout d’être toujours aux aguets, car elle ne pourra pas assurer leur protection. Le Dragonnier avait procuré le plan plus ou moins précis des cavernes noires, elle devrait donc utiliser tous ses talents acrobatiques pour leur permettre d’arriver à bon port en un seul morceau. Petit à petit, dans un silence à faire pâlir la mort elle-même, ils s’engouffrèrent dans la brèche. Il y régnait un noir à couper au couteau. Seul le nain semblait aveugle dans cette obscurité, ce qui le rendit d’autant plus angoissé, même s’il ne voulait pas le montrer. Les autres, épaulés par leur sens visuel aiguisé, percevaient les contours sournois des roches avec exactitude, même s’ils auraient apprécié un peu plus qu’un petit filin de lumière comme fil directeur, mais ils devaient s’en contenter, car ils ne pouvaient se permettre de créer une lumière artificielle, à l’aide de magie, et attirer ainsi l’attention des êtres dormant dans les ténèbres d’Orgaramir. Arya avait jeté un sort pour étouffer le son des battements d’ailes de la dragonne pour ne prendre aucun risque. Saphira enchaînait les pirouettes avec souplesse et précision, veillant à ne pas érafler les multitudes de lances qui s’évertuaient avec acharnement à dévier sa trajectoire, la forçant s’il y avait contact à s’écraser sur l’une des parois tellement sa marge de manœuvre était réduite. Eragon guidait sa partenaire en lui précisant quelle était la marche à suivre et les angles de virage ainsi que l’inclinaison de la voie choisie. Il savait très bien que sa dragonne connaissait tous ces détails, mais cela le rassurait autant qu’elle de le lui rappeler. En une fraction de seconde, Saphira s’engouffra dans le creux de la voie qui faisait un angle de quatre-vingt dix degrés vers le bas, puis un autre leur redonnant une position horizontale. Ce revirement fut si soudain qu’Ordarik, toujours aveugle, poussa un cri rauque lorsqu’il échappa aux prises de la selle d’Oromis, rattrapé heureusement par la vigilance d’Arya. Seulement tous furent surpris par cette vibrante déclaration, dont Saphira : elle s’était déconcentrée, et elle toucha de l’une de ses pattes le fond rugueux de la grotte aérienne. Les pics dentés, tranchants comme des rasoirs, rutilaient de joie au contact de la pluie de sang qui s’écoulait depuis le membre meurtri de la dragonne, qui, malgré la conscience de la haute importance de sa mission, ne put empêcher l’émission d’un grondement rauque résonnant entre ses dents fermées en rangs serrés. Tous retinrent leur souffle, à l’affût du moindre bruit suspect.
Dix secondes s’écoulèrent… Rien ne venait troubler le silence mortel de ces ténèbres.
Puis dix autres… Toujours rien, et chacun se voyait moins tendu, un peu rassuré que ce petit incident n’ait eu aucune répercussion.
Encore dix…Ils avaient repris leur chemin, et enfin l’entrée du dôme géant précédant la sortie vers le Jardin pointait le bout de son nez.
BZZZZ. Un bourdonnement commençait à vibrer de toute part dans la caverne.
BZZZZ. Cette fois-ci il semblait bien plus intense et plus continu.
« Vole Saphira, vole, dépêche-toi ! » Lui crièrent ensemble Eragon et Arya.
Elle augmenta la cadence, filant à toute vitesse à travers les parois hostiles qui se dressaient devant elle. Plusieurs filins de sang s’échappaient à présent de ses deux pattes mais aussi à l’extrémité de ses ailes. La menace semblait se rapprocher de leur position, les inquiétant d’autant plus. Arya rompit le sort pour camoufler les déplacements de la dragonne, et emplit la place d’une lumière vert émeraude vive, intense, tandis qu’ils pénétraient enfin dans le gigantesque colisée. Un immense lac reposait à son socle, figé et calme, comme si le temps n’avait pas d’emprise sur lui. Et ils apparurent.
Des dizaines et des dizaines de Fanghurs sortirent du trou qu’ils avaient franchi peu de temps avant, tous piaillant de fureur. Chacun voulait sa part du « gâteau » que constituaient la dragonne et ses passagers. Il n’était d’ailleurs pas étonnant d’en voir certain se battre en eux. Leur cri hypnotique tentait de paralyser leurs futures victimes, en vain : Eragon et Saphira s’en étaient immunisés, ainsi qu’Ordarik lors de ses multiples chasses. Arya en était évidemment insensible de part sa nature d’elfe.
Un gigantesque résonnement frappa alors le colisée dans son éternel silence.
L’arrivée incongrue des nouveaux venus avait réveillé les niches profondes de ces oiseaux de malheur, qui reposaient en masse dans les petits interstices qui parsemaient toute la surface du dôme.
- Comment se fait-il qu’il y en ait tant ?! Et d’ailleurs pourquoi n’avais-tu pas perçu toutes ces petites niches ?
Arya lançait des boules de feu et tuait à tour de bras les Fanghurs émergeant derrière eux, tandis qu’elle accusait avec un affolement toujours croissant Eragon de son erreur.
- Si tu ne m’avais pas réveillé je l’aurais aperçu ! Lui répondit-il sèchement, lui aussi s’affairant à contrer l’offensive des oiseaux.
- Taisez-vous maintenant, on n’a pas le temps à ce genre de bavardage.
Le nain leur avait cloué le bec, leur ordonnant de se consacrer à leur tâche, et accessoirement de lui sauver la vie en même temps que la leur.
Des milliers de Fanghurs s’échappèrent des petits orifices de la sphère naturelle, pressant l’allure de la dragonne. Celle-ci brûlait quiconque se mettait sur sa trajectoire, tandis que le Dragonnier et l’elfe envoyaient des flammes bleues et vertes dans tous les sens. Eragon puisait sans vergogne dans les réserves de la ceinture de Beloth le Sage, tuant parfois une bonne centaine de leurs congénères en un seul coup. Alors Saphira l’alerta, comme soumise à une soudaine panique :
« Il n’y a pas de sortie Eragon ! Nulle part ! »
« Mais pourtant que je ne l’ai pas inventée ! »
« Ouvre ton esprit Eragon, et cherche, c’est notre seul espoir de survie ».
« QUOI !!! Mais si je me concentre, Arya sera seule à pouvoir nous défendre et… »
« Fais-le tout de suite, sinon nous ne pourrons plus tenir très longtemps »
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeVen 11 Mai - 11:14

Il se concentra alors en hâte malgré la tension qui sommeillait en lui, et aperçut, comme la dernière fois très clairement la sortie, droit devant eux. Il coupa nette sa vision pour aider ses amis.
Des dizaines de milliers de Fanghurs s’attaquaient maintenant tel un essaim aux profanateurs de leur lieu de repos séculaire, et aucune sortie visible n’apparaissait devant eux.
« Fonce sur la paroi Saphira, c’est notre unique chance ».
« Mais, on va s’écraser, tu es complètement fou ! »
« Fais-moi confiance ma belle, on va y arriver. Je t’avais signalé que cette issue était étrange : ce doit être une illusion pour repousser ceux qui ne doivent pas avoir accès au Jardin…Enfin, espérons-le ! »
Sur ce, malgré sa réticence, elle se lança à corps perdu vers la surface paraissant pourtant bel et bien dure du fond du dôme, tandis que les autres s’évertuaient à tenir à distance les ennemis. Ils demeuraient cependant trop nombreux pour les repousser tous, et certains goûtaient soit de la hache d’Ordarik quand ils étaient assez proches soit de la chair de Saphira, lui extirpant des cris de douleur sans nom.
Trois mètres… La tension était palpable entre la dragonne et son complice.
Deux… Le nain se demandait ce qu’il se passait en se rapprochant aussi dangereusement de la surface polie à l’extrémité du dôme.
Un… Arya s’ébranla, complètement exténuée par la quantité folle d’énergie qu’elle avait consumée pour tuer les assaillants.
Le nain ferma les yeux, mais rien ne se passa.
Ils avaient traversé, mais les Fanghurs le pouvaient aussi. Dans une rage folle, la dragonne se redressa en une pirouette fulgurante, fit alors face à la paroi illusoire et y déversa un flot de flammes digne de l’enfer lui-même. Les quelques oiseaux qui avaient réussi à passer avant le brasier furent instantanément exterminés par la magie destructrice du Dragonnier, fusionnant sa douleur et sa rage à celle de Saphira. Ils entendaient piailler les assaillants coincés de l’autre côté de la brèche. Après deux minutes où l’Etincelante crachait un flot continu de flammes, comme le lui avait appris Glaedr, on n’entendit quasiment plus aucun son provenant de l’autre côté. La dragonne s’assura que la pierre rougeoyait de milles feux de telle sorte que la chaleur qui s’en dégageait repousserait toute envie de leur part de venir les rejoindre, puis se posa à terre lourdement, fatiguée mais heureuse de s’en être sortie vivante. Ordarik sauta à terre et se dirigea vers l’entrée souterraine qui devait sûrement mener au repaire des Ormars pour vérifier qu’aucun danger ne se présenterait par cette voie. Arya, quant à elle, s’allongea, avec le soutien d’Eragon, sur le doux lit d’herbes gelées proches de Saphira. Elle était éreintée, mais heureuse d’être toujours de ce monde ! Elle voulut s’excuser de son comportement dans le dôme, mais il l’arrêta en lui posant la paume de sa main sur sa joue, lui disant que ce n’était que la peur et l’angoisse de l’échec qui parlaient pour elle. Il se dirigea alors vers les plaies qui recouvraient le corps meurtri de sa dragonne, qui ne pouvait laisser échapper quelques gémissements de douleur lorsqu’Eragon touchait ces zones. Après de multiples « Waíse Heil », et une myriade de remerciements de la part de la dragonne, Eragon se redressa, et contempla avec émerveillement l’étrange paysage qui miroitait devant ses yeux ébahis : d’immenses statues dominaient l’espace, représentant sûrement les dieux nains. Il reconnut parmi eux Helzvog, celui dont chaque frère nain se devait de vénérer pour les avoir créés à partir de la pierre. La tête du Dragonnier n’arrivait qu’au niveau de la cheville de ces statues, mais grâce à sa vue si fine, il pouvait distinguer le moindre détail de ces œuvres d’art. Des plantes, notamment des edelweiss, poussaient ça et là entre et sur les statues, conférant, s’il en fallait encore, de la superbe à ce lieu. Eragon était tout simplement stupéfait et très humble devant cette maîtrise de la nature. Comment les fondateurs de ce lieu avaient-ils pu modeler la montagne à leur guise ? Cela le dépassait.
Bientôt derrière lui ses trois compagnons observaient ce même spectacle, montrant un respect profond et un émerveillement immense à ce chef d’œuvre. Une autre statue, de taille humaine cette fois-ci, se tenait face au Dragonnier. Elle semblait tenir un parchemin. Eragon s’empressa alors d’aller y lire les inscriptions qu’elle devait sûrement contenir.
Toi Elu qui est parvenu jusqu’à notre Jardin
Qui a fait preuve de force courage et d’un esprit malin
L’heure est venue d’affronter ton destin.

Les autres le rejoignirent et lurent attentivement le message adressé de toute évidence à Eragon. Ordarik s’émerveillait devant le visage quasi réel de la statue : c’était celui de Korgan, le fondateur de leur capitale, Tronjheim.
- En effet tu avais raison, tu devais sûrement être le seul à pouvoir ouvrir le passage aérien, glissa subrepticement Arya à l’oreille du Dragonnier pour que lui seul ne l’entende.
Il lui répondit en un simple sourire, mais cela suffisait pour exprimer tout ce qu’il ressentait à cet instant précis.
Il contourna alors légèrement la statue, et un bruit fracassant se fit entendre. Les Géants postés de part et d’autre de l’image de Korgan firent tomber leur hache jusqu’à environ un mètre du sol, leurs bras épousant parfaitement leur nouvelle position. Un léger voile translucide fit alors son apparition, délimité par les deux haches fraîchement ébranlées. Arya tenta de toucher ce fin film, mais, à son contact, elle fut projetée en arrière.
- ARYAAAAA ! S’époumona le jeune homme, qui s’arrêta net devant l’écran qui le séparait de ses compagnons.
La dragonne, telle une furie, crachait son souffle de braise, mais il semblait que l’écran n’en paraissait que plus fort, aspirant l’énergie thermique qu’il recevait abondamment. Voyant que cela n’avait aucun effet elle s’arrêta, mais son angoisse grandissait à mesure que son Dragonnier ne répondait pas à ses multiples suppliques.
- Ecoutez-moi, tout va bien. Je crois que je dois affronter seul cette épreuve. Ne tentez rien mes amis, cela ne servirait à rien.
Il communiqua alors à sa dragonne de vive voix, désirant se donner du courage :
- Ne t’inquiète pas ma belle, je serai de retour en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
Une légère angoisse dans la voix, il tenta de leur dire avec une note de fausse assurance :
- Souhaitez-moi bonne chance !
Puis il se retourna, prit son courage à deux mains et marcha alors sur les dalles de pierre qui avaient remplacé l’herbe blanche d’avant la figure de Korgan. Loin, à au moins trois cent mètres, deux Géants se tenaient assez proches, tenant, chacun le bras droit tendu, un manche de hache, elle-même pointée vers le bas. En bougeant légèrement sa vue Eragon apercevait le même type d’écran qui protégeait l’accès aux zones plus avancées derrière cette hache.
C’est alors que les deux Géants se mirent à bouger, et lentement, la hache gigantesque se mit à pivoter autour d’un axe invisible. Et de la brèche créée au sol en sortit ce qui semblait un homme, en armure, muni d’un fourreau étincelant à sa hanche. Il avait un casque doré, avec un étrange emblème qu’Eragon ne put reconnaître. A environ cinquante mètres l’un de l’autre, il stoppa sa marche, et tous deux se concentraient sur son adversaire. Eragon porta sa main au fourreau qu’il ceignait, et en sortit la petite flamberge qu’il avait choisie à l’armurerie de Tronjheim. L’inconnu fit de même, et une longue épée miroitant d’un bleu profond étincelait dans ce lieu devenu soudain assez sinistre. Son pommeau était tout argenté, supportant en son centre ce qui ressemblait à un saphir aussi pur que l’air glacial qu’il inspirait. En inclinant légèrement l’épée, Eragon aperçut soudain les glyphes qui couraient le long de la lame, mais à cette distance il ne pouvait en comprendre le sens. C’est alors qu’il comprit la nature de son adversaire. Il en était décontenancé…
Comment se pouvait-il ?...
Devant lui se tenait un ennemi redoutable, portant fièrement une épée de Dragonnier.

Fin du chapitre.

Bon ça y est il est fini, ce chapitre est pour le moment le plus long de tous, d'où le temps pour le corriger assez important... Néanmoins les deux chapitres qu'il me reste sont à mon avis les deux meilleurs... Donc à bientôt, et surtout merci de me laisser des coms pour avoir vos impressions!
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MessageSujet: Re: Tome 3 : Elinya   Tome 3 : Elinya Icon_minitimeSam 12 Mai - 13:06

bon le chapitre 10 est corrigé. Me reste plus que 16 pages et j'aurai fini cette pénible correction...

Chapitre 10 : le Puits sacré


Eragon n’arrivait pas à croire qu’un nouveau Dragonnier, jusqu’alors inconnu de tous, se tenait face à lui. Mais le plus incroyable, et terrifiant en fait, était que lui aussi désirait le combattre. Comme s’il n’avait pas déjà assez à faire avec Galbatorix et Murtagh ! Le jeune homme ne devait pas plier : il lui fallait réussir ce duel, un nombre considérable de vies dépendant de lui dorénavant, sa dragonne figurant en tête de liste. Les deux hommes se mirent à tourner l’un autour de l’autre, observant avec minutie le moindre geste, la moindre tentative de l’adversaire. Aucun son ne venait perturber leur concentration. Ils effectuaient des pas de côtés, croisant adroitement leurs jambes, tel un chat, pour parfaire leurs mouvements dans un art martial que seuls les maîtres pouvaient accomplir. La lame bleue du Dragonnier adverse reluisait sous les faibles rayons de soleil qui pénétraient dans cet enceinte, conférant à son porteur un certain avantage : elle mettait en garde quiconque croiserait son chemin. L’autre porta son arme en hauteur, pointe en avant. Ses mains se joignaient sur le pommeau d’argent et de saphir de l’épée, bombant son épaule gauche, prête à déverser toute la puissance qu’elle acquérait durant cet intermède. Eragon quant à lui attendait patiemment que la partie adverse engageât le combat, tout en exerçant une pression considérable de sa main droite sur le bout de sa petite flamberge, alors siège de la concentration, mais aussi de l’appréhension qui croissaient en puissance dans l’esprit du jeune homme. Cela dura trente minutes, trente longues minutes durant lesquelles aucune tentative ne semblait émerger de cette masse de pouvoir. Ordarik s’en impatienta, et dans un mouvement assez brusque, il rompit le mince équilibre qui le retenait : il s’appuyait sur le haut de sa hache pour contempler le spectacle, et son soutien fut soudainement rompu par le décalage éphémère de sa double lame. Il s’affala donc la tête la première dans l’herbe gelée. Cela sortit quelque peu Eragon de sa concentration, ce qui était bien suffisant pour son redoutable ennemi. Il s’engouffra dans la brèche, et le combat débuta. Le jeune homme n’eut tout juste le temps de parer le coup diablement puissant de son adversaire que ce dernier enchaîna avec des attaques prodigieuses, défiant parfois l’attrait de la gravité. Chacun parait l’épée sanguinaire de l’autre, multipliant les bottes et autres coups spéciaux pour prendre le dessus sur son adversaire. Derrière le voile violacé les maintenant hors de l’épreuve que subissait seul Eragon, Saphira, Arya et Ordarik assistaient à ce spectacle phénoménal, hors du commun. Leur appréhension grandissait au fur et à mesure que le temps s’écoulait, car il savait qu’Eragon avait consommé une grande partie de son énergie contre les Fanghurs, et qu’il aurait du mal à tenir contre cet ennemi si redoutable durant des heures encore. De l’autre côté du voile les combattants s’évertuaient à abattre leur adversaire en employant tous les coups, même les plus perfides, pour atteindre leur but. Eragon avait la curiosité de lire l’inscription sur la lame bleue ennemie, mais cela semblait impossible dans ce ballet d’entrechocs et de petites étincelles. Les deux personnages se faisant face paraissaient de force identique : l’un balança son arme dans le flanc droit de l’autre, celui-ci évitant in extremis la blessure meurtrière pour mieux frapper à son tour au niveau du cou, manœuvre disgracieuse et futile, car l’autre s’accroupit alors à temps. La lame bleue alla donc s’enfoncer dans la cuisse gauche d’Eragon lorsque celui-ci effectua une pirouette magistrale vers sa droite tout en redressant et attaquant de nouveau. On aurait cru que l’un lisait dans les pensées de l’autre, anticipant de ce fait ses mouvements, annihilant toute chance de victoire. Le duel ne se jouait apparemment qu’au niveau de l’endurance. Eragon savait donc qu’il fallait surprendre l’ennemi.
Chacun semblait porter un coup à la tête de l’adversaire d’un mouvement brusque du bras gauche, pour au dernier moment s’époumoner « Thrista vindr » en faisant reluire d’un éclat argenté leur Gedweÿ Ignasia de leur paume droite, créant de ce fait un gigantesque mur d’air entre leurs corps, liés par un simulacre d’étreinte. Ils s’en retrouvèrent propulsés aux extrémités de l’aire de combat.
Saphira était de plus en plus inquiète, piétinant le sol maintenant lacéré par ses griffes, émettant un grognement meurtrier envers celui qui tentait de tuer son compagnon. Sa fureur était d’autant plus grande que son désarroi fleurissait avec son impuissance, des fumées noires et denses s’échappant de ses narines.
Eragon se releva lourdement, son énergie disparaissant à vue d’œil. Comment son rival avait exactement eu la même idée que lui ? Mais surtout comment le défaire ? L’autre fonça à une vitesse hallucinante – en ayant sûrement utilisé un sort de projection – sur lui, l’assénant de coups, le forçant à parer à chaque fois de justesse. Son rival semblait plus énergique que jamais. Il faisait tourner sa lame avec célérité de telle sorte que les trois spectateurs ne voyaient qu’une spirale bleue argentée aspirer l’espace entre les deux combattants. La flamberge paraissait de plus en plus lourde dans la paume d’Eragon, qui accusait le coup, maudissant ces satanés Fanghurs qui étaient responsables de son état. Dans une dernière danse endiablée, les deux lames s’entrechoquèrent et l’ennemi pivota sur sa jambe droite et donna un coup d’épaule puissant dans le torse du jeune homme, lui coupant momentanément la respiration. Sous la violence du choc, il en fut projeté à l’arrière, lâchant son arme, s’étalant lourdement sur la pierre dure du Jardin des Géants. Son ennemi ne lui octroya aucune manœuvre de défense : à peine Eragon avait relevé la tête qu’il sentit sous sa gorge la froideur de la lame bleue qui le mettait en joug. Son rival le dominait de toute sa hauteur, prêt à porter le coup de grâce à Eragon. Il pouvait maintenant lire les fines rainures sur la lame formant des caractères d’une calligraphie remarquable. L’épée se nommait Wyrdfelh, ce qui signifiait « renouveau » en ancien langage, ce qui piqua d’autant plus sa curiosité au sujet de son adversaire. Saphira s’agitait en tout sens devant cette situation plus que critique. Il fallait qu’elle aide son Dragonnier à sortir de cette posture plus que fatale. Avec l’énergie du désespoir, elle fonça de tout son poids vers son compagnon. Et donc vers l’écran qui la retenait de déverser toute sa fureur sur celui qu’elle considérait comme son ennemi juré. Elle avait pris un élan important et s’encastra sur le voile translucide de tout son flanc, provoquant un retentissement sonore aussi puissant que le tremblement du sol qui s’en suivit.
- SAPHIRA !!!
Eragon, mais aussi l’autre Dragonnier crièrent à pleins poumons, une déchirante angoisse dans la voix, le nom de la dragonne qui venait de retomber lourdement au sol, projetée à plus de dix mètres de l’écran magique tellement elle l’avait généreusement chargé en énergie lors de son précédent brasier. Elle avait émis un dernier gémissement avant de sombrer dans l’inconscience, totalement mise à bas par cette dernière épreuve. Le petit stratagème de Saphira fonctionna à merveille, et même plus encore : l’autre Dragonnier s’était ébranlé sous la surprise de cette intervention, et Eragon, une rage folle s’immisçant en lui en observant sa dragonne se déchirer contre la paroi immuable d’énergie le séparant d’elle, en avait profité pour reprendre le dessus sur la situation. Il avait repris son épée et avait surpris son adversaire par sa soudaine fougue, et l’acculait de coups, le forçant à battre en retraite. Malgré leur lien rompu momentanément, on aurait cru que la conscience de Saphira s’était déplacée vers celle de son Dragonnier, assouvissant enfin toutes les pulsions de vengeance qu’elle avait accumulées pendant la dernière heure. Cependant l’adversaire avait repris son assurance et le duel s’équilibra de nouveau, laissant place encore une fois à une danse d’épées s’entrechoquant pour mieux se repousser encore et encore.
Pourquoi lui aussi avait-il été pris de panique lors de l’éphémère moment de folie de la dragonne ? Est-il lié d’une quelconque manière à elle pour s’être ainsi laisser déstabilisé ? Les questions se bousculaient dans sa tête, cherchant à comprendre la manière d’agir de son rival, ce qui l’aiderait probablement à déceler ses points faibles. Comme le lui avait appris son maître Oromis, il lui fallait être logique. Tout en parant la pluie d’épées qui s’abattait sur lui, et en déclanchant en réponse des contre-attaques non moins fulgurantes, une cascade de raisonnement se déversait dans son esprit, effleurant du bout des doigts la vérité sur la nature de l’adversaire. Il avait une épée qui s’appelait « renouveau ». Il se répéta inlassablement les maigres vers qu’il avait obtenus au sujet de l’épreuve qu’il tentait de réussir avec brio pour leur extirper leur sens profond, si caché. Tandis qu’il manipulait avec force et célérité son épée, son regard se porta sur l’emblème sur le heaume du Dragonnier, et il lui semblait flou, comme masqué pour ne pas révéler la nature de celui qu’il protégeait. Il concentra alors toute son attention à souffler sur ce voile pour enfin percer à jour ce mystère. Après avoir récité une énième formule en ancien langage pour rompre ce sortilège – effet qui était néanmoins dangereux vu sa réserve d’énergie qui fondait comme une glace au soleil – il parvint à ses fins, hors d’haleine, et un éclair de lucidité traversa son esprit. La solution était si évidente finalement !
L’autre Dragonnier se mua alors dans une position statique, observant la lucidité nouvelle d’Eragon. On voyait dorénavant bien la marque sur son heaume : un marteau serti de douze petites étoiles, emblème du Durgrimst Ingeitum. Arya, encore assez fragile, esquissa un sourire en voyant ce spectacle : elle semblait avoir compris bien avant Eragon ce qui se tramait, et paraissait satisfaite que ce dernier rayonnât enfin toute la sagesse et la logique qui sommeillaient en lui.
Les deux Dragonniers se tenaient face à face, aucun ne cillait, ils respectaient avec majesté ce moment solennel. L’homme en armure porta Wyrdfelh à sa main gauche, et de la droite commença à défaire le heaume qui entravait son visage. Eragon semblait maintenant serein, prêt à apporter un point final à cette épreuve que, il le savait maintenant, il avait réussi. Il affrontait devant lui, comme Kargan le lui indiquait, son destin, c’est-à-dire une image future de lui-même. La pièce de fer tomba à terre dans un petit bruit sourd, et les traits fins d’Eragon apparurent sur le visage de son adversaire, l’air altier, à la limite princier, un petit sourire pincé sur les lèvres.
- Tu as dorénavant embrassé totalement ta destinée Elu, dit-il avec exactement le même timbre de voix que le jeune homme.
Il porta alors son épée à la lame bleue en l’air, en position verticale, et coura vers Eragon avec une détermination sans faille. Le jeune homme s’était agenouillé face à son autre lui-même, et avait baissé la tête face à l’homme qui pourtant le menaçait d’une mort imminente. Quelques secondes s’écoulèrent, poussières d’éternité, et la rayonnante Wyrdfelh effleura le sommet de son crâne.
« Ton épée illusoire deviendra quand l’épreuve de force tu passeras ».
A ce contact, la lame, tout comme l’être la soutenant avec dignité et fierté, se transforma aussitôt en des volutes de fumées bleues argentées, qui enveloppèrent le Dragonnier comme pour le bercer dans une tendre étreinte. Ce dernier se releva et, vu de l’extérieur, le voile de brume semblait s’amoindrir en pénétrant l’espace au centre – autrement dit en s’absorbant dans le corps et l’esprit d’Eragon. De légères poussières subsistèrent avant d’être aspirées par le Dragonnier, à demi conscient de ce qu’il se passait réellement. Et il s’écroula.
Dans un craquement sourd, le voile violacé s’effondra sur lui-même, laissant la voie libre pour ses compagnons de le rejoindre. Ordarik s’avança délicatement de la position de la barrière, et toucha avec précaution de sa hache l’espace qu’elle occupait. Dans un souffle de soulagement, il lâcha son arme et avala de ses petites jambes la distance qui le séparait d’Eragon, inquiet sur son état de santé, mais surtout curieux de connaître le fin mot de l’histoire. Depuis la mise à bas du casque de son ennemi, un air ahuri s’était installé sur son visage, croyant que ses yeux ne lui avaient joué un mauvais tour en voyant double. Arya quant à elle marchait délicatement derrière le nain, un franc sourire aux lèvres.
- Eragon, ça va mon petit ?
Ordarik le secouait comme un pommier pour qu’il reprenne connaissance. Même si la technique était assez rudimentaire, pour ne pas dire rustre, le nain tentait de le réveiller car il s’inquiétait véritablement pour lui, ainsi que pour sa dragonne.
- Attendez Ordarik, laissez-moi essayer s’il vous plait.
Arya s’était assise près du visage du jeune homme, et avait gratifié le nain d’un sourire amical avant de le remettre en arrière plan. Elle prit le visage d’Eragon dans ses mains, libéra son esprit de son enveloppe charnelle et tenta de pénétrer délicatement l’esprit du Dragonnier. Celui-ci était embrumé dans un voile épais de confusion et de fatigue, qu’il fallait percer pour atteindre le cœur. L’elfe s’efforça à ne pas user de sa magie pour parvenir à ses fins, elle chantonna de douces suppliques pour apaiser l’esprit brouillé d’Eragon, l’invitant à entrer dans la danse qu’elle lui proposât. Après quelques instants où tous les sentiments se mélangeaient, Arya parvint à attirer Eragon à elle, et ensemble ils sortirent de leur rêverie et ainsi revinrent au monde réel. Le jeune homme ouvrit douloureusement les paupières, et elle lui murmura alors :
- Et bien nous sommes quittes maintenant mon cher Eragon !
Le regard radieux qui illuminait les yeux du jeune homme fit place très rapidement à une angoisse fulgurante.
- SAPHIRA !!
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